L’histoire de Daïlon prend place dans la vieille ville, au cours du septième millénaire du calendrier de la genèse. Ce nom n’est pas celui d’un quelconque architecte, mais bien celui qui fut donné à un bâtiment immense, fruit des espoirs de toute une population qu’il abritera durant des siècles. Officiellement, personne n’est à l’origine de ce projet communautaire, mais un esprit quelque peu curieux et adroit pourra probablement trouver certaines informations sur un « Maître Gardien » qui eut vraisemblablement une grande part dans cet évènement. La Citadelle était utopique et follement ambitieux qui connut un succès surprenant. Une société entière s’installa entre ses murs et connut une vie s’approchant toujours plus de la perfection, par le biais de la magie, de la technologie, et d’une morale sans faille. Ce fut un lieu propice aux inventions où bien des ingénieurs mirent au point des bijoux de savoir-faire, comme l’ascenseur, les conduits d’eau, ou certains golems mécaniques. L’art eut aussi son essor, et de la musique se jouait tous les soirs, tandis que les peintres et les sculpteurs ornaient les galeries de leurs plus beaux chef-d’œuvres, et que les écrivains couchaient des lignes au fil de la plume. Ce sont surtout les étrangers, venus pour quelques temps, pour goûter au repos, qui produirent ici le plus grand nombre de choses.
Mais il est une chose qui noircissait le bonheur des habitants de Daïlon et cette chose était un secret. Il n’était certainement pas des plus terribles, et aurait pu rester sans conséquence, mais prudents en avertis, les Gardiens de ce lieu choisirent de faire tout leur possible pour qu’il ne soit pas divulgué. Alors même que le chantier battait son plein, une faille s’était ouverte dans le par et l’on ne tarda pas à comprendre la nature de ce trou béant dans le sol. C’était un portail, mais rares étaient ceux qui devinèrent où il pouvait bien mener en ce temps-là. On murmurait pourtant qu’il menait « ailleurs » sur les terres ravagées d’un autre monde. L’arrivée soudaine, en ville, d’un groupe de voyageur affirmant être venus d’une autre terre, une terre qu’il déclaraient être « la seule et l’unique, la Véritable », confirma les craintes. Par prudence, le portail fut fermé au plus vite, afin d’éviter tout conflit, et l’on se jura de ne jamais l’ouvrir. Cette parole fut tenue, mais l’abîme fut oublié et les Gardiens chargés de le maintenir scellé détournèrent leur attention.
Cela n’aurait pas dû suffire mais, pourtant, la faille s’ouvrit à nouveau, plus large encore qu’auparavant. Bientôt des créatures en émergèrent, belliqueuses, ne tardant pas à lancer une réelle attaque contre Daïlon. Voyant qu’ils allaient perdre, les Gardiens en place choisirent de sceller leur avenir, et celui des monstres, dans la Citadelle : ce lieu serait leur tombeau. Un bouclier fut créé, un bouclier capable de tenir des siècles sans être alimenté, et de fermer le portail en même temps, et ceux qui l’avaient construit périrent peu après. Finalement, seuls les descendants des envahisseurs ont survécu, tentant de raffermir leur emprise, car ils ont de nouveaux concurrents. Ceux-ci peuplaient ce lieu bien avant qu’ils ne viennent, mais les talents des citoyens, qui sont morts aujourd’hui, détruisaient leur agressivité. Bêtes des jardins, du sous-sol… elles ne sont pas les moins dangereuses.
Et un jour, des aventuriers arriveront en ce lieu, conscients de ce qu’il contient. L’un désire reprendre une vie oubliée, l’autre désire retrouver sa terre perdue et le dernier cherche un futur dont il fut privé. Ici, tout commence, entre l’aube et le crépuscule.
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