subotai -
posté le 13/12/2021 à 20:24:40 (556 messages postés)
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Il est Conan, un Cimmérien. Il ne pleurera pas, alors je pleure pour lui.
Les accusations de mépris et les procès d'intentions c'est juste bon pour accuser Némau, ou j'ai raté un épisode ?
C'est pas parce que Canal+ est pas ouvertement de droite dure que Bolloré arrête d'être un Ultra-catho réactionnaire.
EDIT: L'hopital qui se moque de la charité maintenant, c'est du ressenti, bien sur. T'as oublié la partie où il est écrit des trucs, c'est vers la fin, je te comprends, l'article est assez long. Et pas de réponse sur le fond évidemment.
NovaProxima -
posté le 13/12/2021 à 20:33:23 (3718 messages postés)
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Neo_Sephiroth
Oui c'est vrai.
C'est pas cool de faire un procès d'intention à Bolloré alors qu'au fond ses motivations à faire se qu'il fait, t'en sais rien.
A moins qu'il se soit confié à toi ?
C'est pas que ça ne fait pas de lui un catho reac, c'est que comme chaque individu, il est surement pas aussi simple qu'une étiquette "catho reac" et donc que tout ses actes ne sont pas réductibles et à voir à travers ce prisme unique.
Mélenchon quand il accumule plus de thune que la plupart des politiques Fr, tu penses pas que ça à du mal à faire rentrer dans la case du bon gauchiste philanthrope ?
Les gens et leurs actes, même ceux que tu peux pas blairer, ne se résument pas à une étiquette "alakon".
Citation:
EDIT: L'hopital qui se moque de la charité maintenant, c'est du ressenti, bien sur. T'as oublié la partie où il est écrit des trucs, c'est vers la fin, je te comprends, l'article est assez long. Et pas de réponse sur le fond évidemment.
... il est surtout payant ton article ... c'est aussi simple que ça... donc évites les conclusions hâtive et les sous entendus....
Qu'est ce que tu veux parlons du fond sur un extrait d'articles qui parles des potins de TrucMuche en diner grognon chez Machine et Machin...
subotai -
posté le 13/12/2021 à 20:35:28 (556 messages postés)
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Il est Conan, un Cimmérien. Il ne pleurera pas, alors je pleure pour lui.
On s'en bat les neaux de ses motivations, ses actes parlent pour lui. Ces actes font de lui un catho-réac, ses déclarations font de lui un catho-réac !
Comment Vincent Bolloré mobilise son empire médiatique pour peser sur l’élection présidentielle
Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin
En quelques mois, le milliardaire breton a bâti un pôle réactionnaire qui s’étend jusqu’à l’édition. Avec comme fer de lance Eric Zemmour, avec qui il parle au téléphone tous les jours, et dont les obsessions identitaires et anti-islam colonisent le débat.
Bolloré a demandé à passer par la grille du Coq, l’entrée des visiteurs secrets, et il est furieux. Nous sommes en juin 2021 et l’actionnaire principal de Vivendi a rendez-vous avec Emmanuel Macron. « J’entends beaucoup dire que vous me prêtez des intentions qui ne sont pas les miennes », lance le PDG du groupe Bolloré au locataire de l’Elysée.
Près d’un an auparavant, un dîner avait déjà réuni le grand patron, le président, son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, et leurs épouses. L’atmosphère avait été conviviale et Carla Bruni avait filmé quelques bribes de la soirée. Cette fois, le déjeuner est expédié plus rapidement que prévu dans une atmosphère glaciale et c’est peut-être là, juste avant l’été, que s’est joué le premier acte de la prochaine présidentielle.
La colère de Vincent Bolloré couve depuis plusieurs mois. C’est un homme que les gouvernants n’impressionnent pas. Adolescent, il jouait au gin rami avec Georges Pompidou, que ses parents, industriels bretons, recevaient, comme François Mitterrand, dans leur maison du Finistère. D’ailleurs, il a croisé presque tous les présidents de la Ve République. Dans certains pays africains ou en Asie, il est reçu avec les égards d’un chef d’Etat.
C’est peut-être la raison pour laquelle il n’a pas goûté la petite phrase de Brigitte Macron, qui se voulait aimable : « Comment peut-on vous aider ? » La réponse a fusé, bien sèche sous la formule de politesse : « Je vous remercie, Madame. En rien. » Comment peut-on vous aider ? Il ignore que l’épouse du président pose rituellement cette question à ses visiteurs, comme si son mari pouvait tout régler, et ces mots anodins ont résonné pour lui comme un affront, raconte-t-il à un ami. D’autant qu’il a justement le sentiment que l’Elysée cherche à « l’agresser » plus qu’à l’aider.
« Mais, enfin, arrêtez, vous achetez tout ! »
Quatre mois plus tôt, le 26 février, le tribunal de Paris a décidé, à la surprise générale, de renvoyer l’homme d’affaires devant un tribunal correctionnel, alors même qu’il avait accepté de plaider coupable et négocié le paiement des 12 millions d’euros d’amendes dues dans une affaire de corruption au Togo. Vincent Bolloré s’est convaincu que le président est derrière cette décision judiciaire. C’est encore Emmanuel Macron, s’exaspère-t-il, qui a poussé le leader mondial du luxe, le puissant patron de LVMH, Bernard Arnault, à entrer dans la bataille pour le contrôle du groupe Lagardère que Bolloré s’apprête à dévorer.
Pour couronner le tout, Nicolas Sarkozy assure que le chef de l’Etat a demandé à Angela Merkel d’empêcher le géant allemand Bertelsmann de céder sa filiale M6 à Bolloré, finalement tombée en mai dans l’escarcelle du groupe TF1. Le milliardaire voudrait être certain qu’au sommet de l’Etat on ne lui met pas de bâtons dans les roues. « Mais, enfin, arrêtez, vous achetez tout ! », rétorque le président au-dessus de la table du déjeuner.
Ce qui se noue ce jour-là à l’Elysée est bien plus qu’une simple brouille : une déclaration de guerre d’un capitaine d’industrie de 69 ans, le déclenchement d’un blitzkrieg contre ce jeune chef de l’Etat qu’il ne supporte plus et aimerait voir battu en avril 2022. Au palais, on a longtemps joué avec le feu, au nom de la fameuse « triangulation » qui veut que l’on puise dans le discours de l’adversaire pour mieux le neutraliser.
L’animateur vedette de CNews, Pascal Praud, a été convié à dîner à l’Elysée, Emmanuel Macron lui a souhaité ses vœux par texto pour le Nouvel An 2021. Dix fois, les collaborateurs de Brigitte Macron ont raconté à la presse comme elle téléphonait fréquemment à Cyril Hanouna, une des stars de Bolloré sur une autre chaîne, C8. C’était avant l’offensive du milliardaire pour étendre son empire médiatique. Avant la tournée électorale du quasi-candidat Eric Zemmour.
Retour au réel depuis la rentrée, alors que le polémiste a fait une percée dans les sondages. Désormais, dans les couloirs de la présidence de la République, on parle d’« EZB », comprendre « Eric-Zemmour-Bolloré ». On n’est pas plus aimable du côté des proches du capitaine d’industrie. « Tous ces gens à l’Elysée, ce n’est pas possible. Il y en a marre de cette technocratie, de ce système autour du président », peste en privé le président du directoire de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine. Le « boss », lui, place le défi bien au-delà : « Macron a perdu le combat civilisationnel », répète-t-il autour de lui.
Une machine de guerre médiatique
Rarement un groupe de médias ne se sera construit aussi vite. Jamais il n’aura été mis aussi rapidement au service d’un dessein politique. En quelques mois, la quatorzième fortune professionnelle de France (selon Challenges) a bâti un pôle réactionnaire qui s’étend jusqu’à l’édition. Pour la première fois, début novembre, Yannick, deuxième des fils Bolloré, PDG d’Havas et président du conseil de surveillance de Vivendi, trône à la Foire du livre de Brive, en Corrèze, où il explique que la prochaine prise de contrôle de Hachette par Vivendi, « c’est dans l’intérêt de la France ».
Vincent Bolloré a déjà fait de Lise Boëll, éditrice historique d’Eric Zemmour chez Albin Michel, la patronne de Plon (propriété de Vivendi), mais le fer de lance dans la campagne électorale qui s’annonce s’appelle CNews, cette petite chaîne d’info en continu à laquelle Vincent Bolloré a voulu donner, dès 2017, un nom « à l’américaine ». Comme Fox News, son modèle outre-Atlantique, mise à disposition de Donald Trump et des plus ultras du Parti républicain par le puissant milliardaire Rupert Murdoch.
Il l’a mariée avec Europe 1, quasi absorbée en une rentrée après l’arrivée fracassante de l’actionnaire breton au sein du groupe Lagardère en septembre. Vivendi avait alors annoncé une OPA sur ce groupe de médias – propriétaire notamment de Hachette, d’Europe 1, de Paris Match et du Journal du dimanche (JDD) –, qui devrait aboutir d’ici à la mi-décembre 2022. En un éclair, il a évincé Hervé Gattegno de la tête de Paris Match et du JDD et l’a remplacé – jusqu’à la présidentielle du moins – par deux hommes sûrs, deux journalistes septuagénaires qu’il aimerait voir grossir les rangs des « yesmen », comme on appelle dans le groupe Bolloré ces cadres à très gros salaires qui ne décident rien sans en référer au patron et exécutent les licenciements à coups de « Je te comprends, mais Vincent veut… ».
Un pionnier du buzz
Vincent Bolloré n’ignore rien de leur parcours. A 20 ans, Patrick Mahé militait au sein d’Occident, mouvement d’extrême droite dissous en 1968 – comme Michel Calzaroni, le conseiller com’ de Bolloré, qui s’amuse aujourd’hui d’avoir commencé « à l’extrême droite de Vincent et de se retrouver à sa gauche ». Longtemps proche de Jean-Marie Le Pen, Mahé est aussi un ancien de Jeune Europe, groupuscule ultra-nationaliste et antiaméricain de « fafs », disait-on à l’époque, dont l’emblème était la croix celtique.
A Jeune Europe, « Patrig » côtoyait l’éditeur Jean Picollec, un autre Breton qui habitait à vingt kilomètres du fief familial des Bolloré et auquel Vincent et son oncle Gwenn-Aël Bolloré avaient confié en 1987 leur chère maison des Editions de La Table ronde – avant que Picollec ne publie lui-même dans sa propre maison des auteurs sulfureux, comme l’ancien combattant SS belge Léon Degrelle.
Sympathique et bon conteur, ami des photographes et toujours à l’affût d’un coup médiatique, Patrick Mahé a déjà travaillé à Paris Match, dès 1981. Il y a laissé un drôle de souvenir. N’avait-il pas poussé le magazine, en 1983, à acheter pour 400 000 dollars un faux scoop sur les « carnets » d’Adolf Hitler ? Trente-cinq pages pour des cahiers bidons et une gigantesque campagne d’affichage dans le métro parisien avec ce slogan : « L’authenticité de notre document est controversée. Achetez-le, lisez-le, faites vous-même votre opinion ! »
Le buzz, comme on dit désormais, plutôt que la vérité : c’est, à peu de chose près, et avec près de trente-cinq ans d’avance, le slogan imaginé pour la chaîne CNews par BETC, l’agence de pub du groupe Havas dirigé par Yannick Bolloré : « C’est en confrontant les opinions qu’on s’en fait une. »
« Zemmour est une entreprise, avec des résultats financiers, soutenue par un groupe de médias. Trump est passé de la télé-réalité à la Maison Blanche, mais il était le candidat du Parti républicain, tandis que Zemmour est le candidat d’un groupe audiovisuel. » François Hollande au « Corriere della Sera »
A 74 ans, Patrick Mahé présente le double avantage de bien connaître Paris Match et son nouveau patron. Né à Vannes, dont il est d’ailleurs l’un des élus à la mairie, il est de longue date juré du prix Breizh, doté depuis plus de cinquante ans par la famille Bolloré et qui récompense chaque année « un auteur breton ou ami de la Bretagne ». Mahé est aussi très lié à Arnaud de Puyfontaine, passé par Le Figaro, le groupe Emap (TéléPoche, L’Auto-journal) et Mondadori (Grazia, Closer) avant de devenir l’homme de Bolloré chez Lagardère. Si Arnaud Lagardère a officiellement organisé le rendez-vous et proposé la direction de Match à Patrick Mahé, cette décision a reçu auparavant l’agrément du vrai patron : Vincent Bolloré lui-même.
La seconde recrue, Jérôme Bellay, désormais à la tête du JDD, appelle Bolloré « le cousin ». Sa quatrième épouse, Isabelle Morizet, alias Karen Cheryl, serait, aime rire Bellay devant ses collaborateurs, une parente éloignée du premier actionnaire de Vivendi. Le couple partage d’ailleurs quelques cocktails sur le pont du Paloma, lorsque le yacht du milliardaire mouille l’été dans la baie de Cannes.
C’est un tout autre style que Mahé. A 79 ans, engoncé dans un éternel blouson de cuir noir, il est respecté dans les médias depuis qu’il a lancé la première radio en continu, Franceinfo, participé à la création de LCI et produit en 2000 « C dans l’air », l’une des émissions quotidiennes les plus regardées du service public. Son retour sonne comme une revanche. Lui aussi retrouve, à la tête du JDD, un poste qu’il avait dû quitter en 2016. Il avait été évincé après une couverture affichant le portrait pleine page de Marine Le Pen sous le titre « Un Français sur trois prêt à voter pour elle » (« une » du 11 octobre 2015). A l’époque, elle avait choqué la rédaction et le propriétaire du titre, Arnaud Lagardère…
Une complicité inédite entre Zemmour et Bolloré
La véritable arme de Vincent Bolloré dans sa bataille politique était elle aussi journaliste. Eric Zemmour, condamné pour « provocation à la discrimination raciale » et pour « provocation à la haine » envers les musulmans, défenseur de la peine de mort et du Pétain de la collaboration, adversaire des contre-pouvoirs, de l’Europe et de la Constitution de la Ve République est le phénomène de la campagne présidentielle qui s’annonce.
Avant même d’être candidat, il en insuffle le rythme, les mots, les polémiques. « Zemmour est une entreprise, avec des résultats financiers, soutenue par un groupe de médias, a analysé l’ancien président François Hollande dans le quotidien italien Corriere della Sera le 31 octobre. Trump est passé de la télé-réalité à la Maison Blanche, mais il était le candidat du Parti républicain, tandis que Zemmour est le candidat d’un groupe audiovisuel. »
Quand il aime, Vincent Bolloré a le coup de fil et le texto faciles. Bolloré et Zemmour déjeunent ensemble près d’une fois par mois et se téléphonent tous les jours, et c’est comme si CNews s’était mise à la disposition du presque candidat. Il faut dire que depuis l’arrivée du journaliste d’extrême droite, en octobre 2019, la chaîne d’opinion a triplé ses audiences, talonnant BFM-TV et distançant LCI et Franceinfo. Entre le Breton catholique et le juif pied-noir d’Algérie s’est tissée une complicité inédite, dont la droite classique a fini par s’émouvoir.
En septembre, la candidate à la primaire du parti Les Républicains (LR) Valérie Pécresse s’en inquiète d’ailleurs directement devant Vincent Bolloré. Elle connaît l’industriel depuis longtemps. En 2007, le père de l’ancienne ministre, professeur reconnu de l’université Paris Dauphine, Dominique Roux, avait été nommé président de Bolloré Telecom. Soutenir la candidature Zemmour serait une impasse, insiste-t-elle. « Justement, je l’ai retiré de l’antenne », répond avec un culot désarmant le propriétaire de CNews. En vérité, dans la perspective de la présidentielle, il a juste dû se soumettre à la décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de décompter le temps de parole du chroniqueur de « Face à l’info » contraignant Zemmour au départ.
Marine Le Pen s’indigne
Qu’importe que le polémiste soit présent ou pas : son nom est partout, dans la bouche des invités, sous les questions posées ou les titres des débats. « Les autres candidats n’intéressent personne », justifie Pascal Praud sur son propre plateau, « L’heure des pros ». Ses thèses nourrissent chaque jour davantage l’antenne. Le 19 octobre, Jean-Marc Morandini questionne le père d’une des victimes du Bataclan. « Patrick Jardin, vous n’appelez pas à des actes violents contre les musulmans ? », lui demande-t-il tout à trac.
Le 10 novembre, dans « L’Heure des pros 2 », le journaliste polémiste du Figaro Ivan Rioufol s’interroge tout haut : « Est-ce qu’on doit tirer ou non sur les migrants à la frontière biélorusse ? C’est une vraie question ! » Et que dire de ces bandeaux qui parient sur « un second tour Marine Le Pen/Eric Zemmour ? » en brandissant des enquêtes biaisées, au point que CNews a été rappelée à l’ordre par la commission des sondages. Le ministre de l’économie Bruno Le Maire en reste stupéfait : le 18 octobre, alors qu’il réfute le « déclinisme » de Zemmour devant l’intervieweuse star d’Europe 1, Sonia Mabrouk, celle-ci le coupe : « Vous n’êtes pas d’accord avec le diagnostic qui est posé par Eric Zemmour ? (…) Vous ne voulez pas voir la réalité alors ! »
Zemmour par-ci, Zemmour par là… Poussé à la porte, le polémiste revient par la fenêtre. C’est tellement voyant que, le 29 octobre, invitée de Laurence Ferrari sur CNews, Marine Le Pen décide de protester. Qui aurait imaginé pareille scène il y a quelques années ? En marge de l’émission, la patronne du Rassemblement national réclame de « voir le patron de CNews » pour s’indigner. Elle n’a jamais rencontré Bolloré et veut faire savoir son indignation à la direction de la chaîne : les chiffres du CSA sont formels, elle ne dispose pas du même temps d’antenne ni du même traitement que le journaliste du Figaro (en retrait du quotidien depuis septembre, officiellement pour la promotion de son livre).
« La seule ligne éditoriale que je respecte, c’est celle du patron. » Serge Nedjar, directeur général de CNews
La direction ne veut rien entendre et lui tourne les talons. Dire qu’en septembre 2020, lors d’un déjeuner avec le directeur général de BFM-TV, Marc-Olivier Fogiel, et la directrice de la rédaction, Céline Pigalle, Marine Le Pen les avait menacés de « se passer de BFM », où elle se trouvait mal traitée : « On ira sur CNews et ce sera très bien. »
Deux jours plus tard, le 31 octobre, un nouveau pas symbolique est franchi. Le directeur général de CNews, Serge Nedjar, valide la présence de Renaud Camus sur sa chaîne malgré de « vifs débats internes », reconnaît l’éditorialiste Ivan Rioufol, à l’origine de l’invitation dans son rendez-vous hebdomadaire sur CNews, « Les points sur les i ». « La seule ligne éditoriale que je respecte, c’est celle du patron », dit souvent Nedjar – surnommé sous cape « le général Tapioca » (le cruel dictateur de Tintin) au sein de la rédaction. Le promoteur du « grand remplacement » déroule donc, vingt minutes durant et avec l’approbation de Rioufol, cette théorie raciste et complotiste qui a notamment inspiré en 2019 le terroriste responsable de l’attentat qui a fait 51 morts et 49 blessés à Christchurch, en Nouvelle-Zélande.
Le flou politique de Bolloré
Ils sont nombreux à observer la mue de Vincent Bolloré, mais rares sont ceux à avoir compris le raid politique et idéologique qu’il a lancé. Il faut dire que le capitaine d’industrie a toujours entretenu le flou sur ses convictions politiques. Personne n’ignore qu’il est un homme de droite. Ou que sa figure tutélaire reste son oncle, Gwenn-Aël Bolloré, débarqué à 19 ans, le 6 juin 1944, sur les plages de Normandie avec le commando Kieffer.
Plus que son propre père, Michel, le héros Gwenn-Aël est sa référence. Patron des éditions de La Table ronde, lecteur passionné et éditeur des « hussards » Antoine Blondin, Roger Nimier et cette petite bande d’écrivains désenchantés de l’après-seconde guerre mondiale, l’oncle était aussi partisan de l’Algérie française et de l’OAS, dont il a publié bon nombre de soutiens (de Jean Bastien-Thiry, l’organisateur de l’attentat contre de Gaulle au Petit-Clamart en 1962, à Jean-Louis Tixier-Vignancour, l’ancien compagnon de route de Jean-Marie Le Pen.)
Dans les dîners, Vincent Bolloré déroule avec force anecdotes et un brin d’autodérision calculée la glorieuse légende familiale née au sein de la manufacture à papier créée en 1822 sur les bords de l’Odet. Il a confié le soin d’en écrire l’histoire officielle à l’ami Jean Bothorel, un ancien autonomiste du Front de libération de la Bretagne. La famille Bolloré, raconte Jean Picollec, « avait payé l’avocat quand Jean est allé en prison » après avoir tenté, en 1969, de voler armes et explosifs dans une caserne.
Mais de politique, il ne parle pas. Il a toujours imposé à ses collaborateurs, sa famille, on n’ose dire ses amis – personne ne se risquerait à revendiquer ce titre –, cette même atmosphère superficielle, où chacun doit multiplier les anecdotes, les blagues, voire lancer un tube de variété française repris en chœur par la tablée, évitant ainsi à « Vincent » de livrer la moindre confidence.
Depuis deux ou trois ans, les proches de Vincent Bolloré ont noté un changement. « Une forme d’insatisfaction, comme si l’argent et la réussite ne suffisaient plus », confie son ex-beau-frère, Gérard Longuet.
Longtemps, la droite l’a cru classiquement libéral, comme la plupart des patrons du CAC 40. Au milieu des années 1980, il passait pour proche de la « bande à Léo », ces ministres du sillage de François Léotard – Alain Madelin, Hervé Novelli, Philippe de Villiers, Gérard Longuet – censés régénérer le logiciel idéologique de la droite. Dans les années 1990, il apportait son obole – 200 000 francs tout de même – au Cercle de l’industrie du socialiste Dominique Strauss-Kahn. Membre du Club des trente, un cercle de patrons bretons, il pouvait s’embarquer sur « la croisière des libertés » avec Michel-Edouard Leclerc, l’autre figure dirigeante du Finistère, pour protester contre le poids de l’Etat dans l’économie.
Il était européen et restait assez pragmatique pour s’entendre avec la gauche au pouvoir, Mitterrand, Rocard et même la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, lorsqu’il avait cru pouvoir équiper la capitale avec ses Autolib’. Sa reprise en main brutale de Canal+, en 2015, dans le silence assourdissant du milieu du cinéma et du spectacle, l’a convaincu qu’avec de l’argent on fait taire tous les opposants. Qui a haussé la voix lorsque, en février 2019, il est intervenu pour annuler un projet pourtant déjà validé : l’achat de Grâce à Dieu, un film de François Ozon inspiré de l’affaire Preynat, ce prêtre reconnu coupable d’avoir agressé sexuellement des enfants pendant vingt ans ?
Plus fidèle à ses relations qu’à la politique, il avait renoncé à soutenir François Fillon en 2017, quoique le candidat prône l’union du libéralisme économique et du conservatisme sociétal (comme l’interdiction de la procréation médicale assistée) – l’idéal de Vincent Bolloré. C’est qu’il ne voulait pas déplaire à Nicolas Sarkozy, cet ami auquel il a prêté son yacht, au lendemain de son élection en 2007, et qui lui a remis la Légion d’honneur deux ans plus tard.
Le néoféminisme et le « wokisme » l’exaspèrent
Depuis deux ou trois ans, ses proches ont noté un changement. « Une forme d’insatisfaction, comme si l’argent et la réussite ne suffisaient plus », confie son ex-beau-frère, Gérard Longuet. Le patron continue de décider de tout dans son groupe. Même les projets de cinéma et de séries produits par StudioCanal lui sont soumis pour imprimatur.
Mais il a chaque jour besoin de nouvelles distractions. Divorcé, plusieurs fois séparé, Vincent Bolloré s’est plusieurs fois affiché avec la volubile Valérie Hortefeux, l’ex-épouse de Brice Hortefeux, ancien ministre de l’immigration et de l’identité nationale. Il s’inquiète de la maladie et de la mort et semble gagné par un sentiment d’urgence.
« Lorsque l’homme est plus près du couchant que du levant, il lui vient insidieusement l’envie dérisoire de marquer son passage », écrivait l’oncle « Gwenn » dans ses mémoires. A mesure qu’approche son 70e anniversaire et la date fixée pour son départ, il veut peser sur l’avenir politique du pays. Cette passation des pouvoirs à ses fils aura lieu lors du bicentenaire du groupe, le 17 février 2022, lors d’un grand fest-noz dans le fief familial d’Ergué-Gabéric, près de Quimper.
Cet été, il s’est mis en tête de financer un think-tank, comme Claude Bébéar, « modèle parfait de ma génération », assure Bolloré dans le Dictionnaire amoureux de l’entreprise et des entrepreneurs, tout juste paru chez Plon (désormais propriété de Vivendi). Après avoir passé la main à la tête du groupe Axa, Bébéar avait fondé l’Institut Montaigne, un club de réflexion libéral qui irrigue la droite républicaine. Bolloré voudrait consacrer les travaux du sien à « la défense de l’identité française », sa dernière obsession.
Le play-boy s’exaspère du néoféminisme et de la remise en question du « mâle traditionnel ». Comme beaucoup d’hommes de sa génération, le « wokisme », ce concept qui prône la défense de toutes les minorités, l’exaspère. Il juge l’homme blanc menacé par l’idéologie décoloniale. Sa jeunesse s’évapore, il s’est mis à croire à la fameuse « guerre de civilisations », dont parle Eric Zemmour, et les candidats de LR qui rêvaient d’un appui en ce début de campagne doivent aujourd’hui prendre leur mal en patience.
« Il faut mettre beaucoup plus de Zemmour »
Lorsque le banquier Philippe Villin, qui s’est chargé de récolter des fonds pour la campagne de Xavier Bertrand, sollicite Arnaud de Puyfontaine, une connaissance de vingt-cinq ans, le président du directoire de Vivendi ne lui offre pas un « oui » franc et massif. « Je vais demander à Vincent », élude-t-il prudemment. La réponse ne tarde pas. « Vincent » pose une condition à toute aide financière : « Il faut mettre beaucoup plus de Zemmour » dans la campagne du candidat Bertrand. Et ne verse rien.
Eric Ciotti, le très droitier patron de l’une des plus puissantes fédérations LR, celle des Alpes-Maritimes, rencontre Bolloré dans le Sud, où il passe l’été. « Nous sommes tous deux préoccupés par la préservation de l’identité française », avance le député. Quelques jours après le rendez-vous, il annonce publiquement qu’il votera Zemmour en cas de duel présidentiel avec Macron puis, sur CNews, appelle « les soutiens et potentiels électeurs d’Eric Zemmour » à adhérer à LR afin de voter pour lui à la primaire de la droite.
A Valérie Pécresse, qui refuse l’union de la droite et de l’extrême droite dont rêve tout haut Eric Zemmour, Vincent Bolloré rétorque : « Zemmour ouvre à la droite la porte du deuxième tour » à condition qu’elle reprenne ses thèses. Le grand patron en est certain, LR ne l’emportera qu’en adoptant le discours de son polémiste vedette. Même l’ancien négociateur du Brexit, Michel Barnier, invité personnel de « Vincent » aux mariages de ses enfants, se met à rêver d’« un bouclier constitutionnel » afin de mettre en œuvre un « moratoire sur l’immigration » sans se soumettre au droit européen.
Ardent catholique
La croisade pour l’Occident chrétien de Vincent Bolloré prospère sur un terreau favorable : une foi de charbonnier qui se décline en images pieuses dans son portefeuille, un syncrétisme « bretonnisant » qui balance entre tradition celte et piété mariale. La devise de la famille est la même depuis 1789 : « A genoux devant Dieu, debout devant les hommes ». Superstitieux, Vincent Bolloré garde à portée de main une statuette de la Vierge Marie et rapporte des bouteilles d’eau bénite de son pèlerinage annuel à Lourdes.
Il se vante de se rendre à la messe tous les dimanches « quel que soit l’endroit où [il se] trouve ». « Heureusement que j’ai ça, avec toutes les conneries que je fais », s’amuse-t-il un jour devant l’ancien producteur artistique des « Guignols de l’info », Yves Le Rolland, finalement licencié en 2016. Selon La Croix, il prend au pied de la lettre le verset de l’Evangile selon Matthieu, Marc et Luc : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. »
« Bolloré est un homme conscient de son héritage chrétien, inquiet du déclin de l’Eglise et que j’ai toujours vu s’interroger sur son salut. » Guillaume Seguin, homme d’Eglise
C’est de famille. Cette « foi ardente », comme dit son ami breton Yves Sabouret, un ancien du groupe Lagardère, il la partage avec ce frère aîné avec lequel il s’est un temps brouillé : Michel-Yves Bolloré. Cet autre héritier, plus discret, qui vit entre Londres et Sainte-Maxime, dans le Var, vient d’ailleurs de publier, vingt ans après le best-seller de ses amis les jumeaux Bogdanov, Dieu, la science, les preuves (écrit avec Olivier Bonnassies), un livre qui affirme « révéler les preuves modernes de l’existence de Dieu ».
Deux agences de communication, une grosse campagne d’affichage financée par Havas (propriété de Vivendi), un dîner à la Maison de l’Amérique latine avec projections de graphiques devant le Tout-Paris, une couverture du Figaro magazine, des interviews sur CNews et Europe 1… Le livre de Michel-Yves Bolloré publié aux éditions Guy Trédaniel, maison versée dans l’ésotérisme, a déjà été tiré à plus de 100 000 exemplaires.
Plus Benoît XVI que François
Bien plus qu’une éthique personnelle, la religion est un cadre moral nécessaire aux yeux de Bolloré. Pour lui, la seule limite à la « liberté d’expression » – cet étendard brandi par CNews pour justifier tous les propos, même passibles de condamnations – est le blasphème. « Est-ce qu’on a vraiment besoin aujourd’hui de messages comme celui de Mila, qui est insupportable, de dessins comme ceux de Charlie Hebdo, qui mettent mine de rien de l’huile sur le feu ? », interroge Cyril Hanouna dans « Touche pas à mon poste ». « Je n’ai pas envie qu’on se moque des croyances, c’est quelque chose d’intime », avait déjà expliqué Bolloré à Yves Le Rolland en 2016, quelques mois après les attentats islamistes. Avant cette mise en garde, le nouveau patron de Canal+ avait tenté de faire disparaître la marionnette du pape.
François, à Rome, n’est pourtant pas sa tasse de thé. A la défense des migrants et de l’accueil des homosexuels dans l’Eglise, il préférait la théologie classique de son prédécesseur, Benoît XVI, dont la démission précipitée ne lui a pas permis d’offrir au Vatican une voiture électrique, comme il en rêvait. « C’est sûr que je préférerais que Vincent soit pape plutôt que François », lâche Philippe de Villiers, qui manifeste à l’égard de l’industriel une « sympathie active » et a rejoint « avec entrain Plon et l’orbite de Vivendi ». Vivendi qui, par l’intermédiaire du diffuseur Interforum-Editis, distribue aussi le livre d’Eric Zemmour, « notre ami commun », dit Villiers.
Sa petite paroisse « tradi » et très politique
Vincent Bolloré choisit ses références ecclésiastiques loin de tout diocèse, tricotant depuis trente-cinq ans une paroisse miniature, une petite équipe « tradi » à sa main qui joue, par le biais des médias, un rôle très politique.
Dimanche 25 juillet, Beg Meil, près de Fouesnant, dans le Finistère. Une barge en aluminium relie la cale de la station balnéaire, au pied de la maison de vacances familiale, à l’île du Loch’, juste en face. Les invités n’ont pas à ôter leurs chaussures ni même à relever leur soutane : le bateau dispose d’une plate-forme qui permet de glisser jusqu’au sable. Vincent Bolloré a embarqué plusieurs hommes d’Eglise pour dire la messe de 11 heures sur la plus grande île de l’archipel des Glénan, propriété de la famille depuis 1924. Eaux turquoise, sable blanc, « odeurs de varech et de fleurs mouillées », résumait la sœur de Vincent Bolloré, Laurence Leroux-Bolloré, dans son roman Cap-coz blues, publié à La Table ronde.
Parmi eux, Guillaume Seguin, un prêtre du diocèse de Paris, ancien aumônier des écoles privées parisiennes Stanislas et Saint-Jean-de-Passy, aujourd’hui simple aumônier de l’hôpital Cochin, mais qui dîne régulièrement avec le capitaine d’industrie et est l’un de ses référents catholiques. « Bolloré est un homme conscient de son héritage chrétien, explique Guillaume Seguin, inquiet du déclin de l’Eglise et que j’ai toujours vu s’interroger sur son salut. » Ils se sont rencontrés il y a une quinzaine d’années, à la sortie de la messe de Notre-Dame-de-Grâce de Passy, au cœur du 16e arrondissement.
L’abbé Seguin est l’un des trois ecclésiastiques à l’origine du Padreblog, tout à la fois site, chaîne YouTube, producteur de podcasts. Une petite équipe de cathos née à Versailles, numériquement branchés mais aux idées « tradis », que Vincent Bolloré connaît depuis longtemps. « Il y a une dizaine d’années déjà, il nous avait aidés avec un chèque pour le championnat de France de karting des prêtres », raconte l’abbé Pierre Amar.
Plus récemment, Vincent Bolloré a accepté d’animer pour le père Seguin une conférence destinée aux anciens élèves des prépas de Saint-Jean-de-Passy. Thème : « Etre un patron, avoir la foi ». Sacré défi pour ce milliardaire si redouté en affaires que son ancien mentor, le parrain du capitalisme français, Antoine Bernheim, qualifiait à la fin de sa vie d’« amoral ».
« France Catholique », sa madeleine de Proust
Autre missionnaire et agent d’influence de Vincent Bolloré, Aymeric Pourbaix, 49 ans. Les téléspectateurs de C8 et de CNews connaissent bien son visage sérieux, ses petites lunettes rectangulaires, ses idées aussi. Sur le plateau de l’émission religieuse dominicale de la chaîne, le jeune journaliste accueille peu de laïcs, beaucoup de chasubles et de soutanes, même lorsque l’intervenant est jésuite, d’ordinaire en civil.
Il commente parfois aussi les messes diffusées en direct, comme celle de la Toussaint 2021, après celle du 15 août 2021 chez le très conservateur évêque de Fréjus (Var), Mgr Dominique Rey. L’homme avait porté sur les fonts baptismaux politiques la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, Marion Maréchal, en 2015, en l’invitant à son université d’été catholique de la Sainte-Baume. L’évêque dîne avec Vincent Bolloré « chaque été », confie-t-il.
Preuve de la confiance que Bolloré accorde à Aymeric Pourbaix, il lui a donné la direction de France Catholique, un titre racheté en 2018 par le groupe, alors que la diffusion de ce petit hebdomadaire ne dépassait pas quelques milliers d’abonnés, pour des pertes de 850 000 euros. D’autres le convoitaient, mais Bolloré s’est battu comme un beau diable pour reprendre ce journal créé en 1924 en réaction au Cartel des gauches, et qui, avait-il confié à l’époque à ses interlocuteurs, « traînait sur la table chez ses grands-parents et ses parents », en Bretagne.
Synergies et réduction des coûts obligent, la rédaction de France catholique participe désormais à plusieurs émissions de CNews, comme ce 31 octobre où, à côté d’Ivan Rioufol, une de ses journalistes est restée muette tandis que Renaud Camus déclinait sa théorie xénophobe du « grand remplacement ».
Le « confesseur » de Bolloré
Télé ou magazine, la ligne éditoriale est semblable et consterne jusqu’aux plus conservateurs des catholiques. Le 20 octobre, dans un édito intitulé « Se taire ou parler », Aymeric Pourbaix justifie le silence de son journal sur le rapport de la Ciase, la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise, qui a ébranlé jusqu’au Vatican, par des mots qui flirtent avec le complotisme : « Quand toutes les ondes tiennent le même discours, qui leur a appris cet hymne à l’unisson ? Ne peut-il y avoir un chef d’orchestre caché et à quelles fins ? »
Deux mois plus tôt, le 15 août, C8, autre chaîne du groupe, avait créé la polémique en diffusant après la messe en direct de Lourdes, une fiction américaine contre l’avortement produite par des chrétiens évangéliques.
Comme Vincent Bolloré, Aymeric Pourbaix est de ceux qui pensent que l’Eglise est trop fragile pour qu’on l’ébranle à nouveau. Zemmour le dit crûment dans ses meetings : « Vous détruisez le christianisme, vous aurez l’islam. » Le jeune journaliste et le capitaine d’industrie se sont liés par le biais d’un homme discret, qui signe ses billets dans le magazine sous le pseudonyme de Defendente Genolini et s’appelle Gabriel Grimaud. Le « Padre », comme ses fidèles surnomment cet abbé sec et dégarni qui ne rate jamais une occasion, dans ses sermons, de condamner l’avortement.
Le milliardaire lui a confié le foyer Jean-Bosco, vaste centre d’hébergement et de prière du quartier d’Auteuil, à Paris, qu’il a racheté en 2013 pour 70 millions d’euros aux petites sœurs des pauvres. Le lieu abrite les bonnes œuvres de l’industriel, comme la Fondation de la deuxième chance, qui aide à la réinsertion.
On présente souvent l’abbé Grimaud comme le « confesseur » de Vincent Bolloré. Il ressemble surtout à un directeur de conscience politique. C’est Gabriel Grimaud qui a présenté au patron le journaliste Guillaume Zeller, ce petit-fils d’un des quatre généraux du putsch d’Alger (aujourd’hui « directeur de projet » au sein du groupe). L’industriel l’avait propulsé malgré son inexpérience à la tête d’i-Télé, avant de licencier 70 journalistes et de transformer la chaîne en CNews. Cette fois, Vincent Bolloré tient à présenter à Gabriel Grimaud un journaliste juif qui se dit aussi « chrétien » et veut comme lui contrer l’islam : Eric Zemmour.
« Vous allez m’abandonner dès mon premier dérapage »
La rencontre a lieu le 26 juin 2019 à l’institut Jean-Bosco. L’abbé fait visiter les jardins, la chapelle et la petite maison qui abrite la rédaction de France catholique. « Comment était la vie dans l’Algérie de papa ? », demande l’abbé Grimaud, qui est aussi pied-noir. Tous deux, Grimaud et Zemmour, s’inscrivent dans la même filière néomaurrassienne qui fait de la religion le bras armé de la politique. « Une complicité [est née] spontanément d’un combat commun, raconte le presque candidat dans son dernier ouvrage. Nous sommes engagés dans une lutte pour la survie de la France telle que nous la connaissons, loin d’être gagnée vu la férocité de l’ennemi. »
C’est devant Grimaud, autour du déjeuner servi sur des tables de récup’, dans le réfectoire, que Bolloré propose au journaliste d’intervenir tous les soirs sur CNews, à la rentrée suivante. Zemmour cite son cher Philippe Muray : seuls « les bien-pensants ne dérapent jamais. (…) Vous allez m’abandonner dès mon premier dérapage ! », résiste-t-il, rappelant au capitaine d’industrie qu’il a été « viré » de tous les médias (RTL, « On n’est pas couché » sur France 2) où il a travaillé, « sauf Le Figaro ».
Eclat de rire de Bolloré. Pense-t-il alors à ses parts d’audience et à ce « créneau réac » qui fait le succès de CNews ou croit-il sauver la France ? Joue-t-il sa dernière partie, celle où ses intérêts financiers croisent ses idées profondes ? Ce jour de 2019, le milliardaire rassure Eric Zemmour. « Je suis un Breton. » Puis, avec cette fausse modestie dont il adore jouer : « Je ne suis pas très intelligent, mais je suis très déterminé. »
Cet article est paru dans Le Monde
NovaProxima -
posté le 13/12/2021 à 20:42:10 (3718 messages postés)
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Neo_Sephiroth
Citation:
C'est pas parce que Canal+ est pas ouvertement de droite dure
Quel euphémisme
Citation:
On s'en bat les neaux de ses motivations, ses actes parlent pour lui. Ces actes font de lui un catho-réac, ses déclarations font de lui un catho-réac !
Ses actes font de lui un capitaliste qui utilise la politique pour se faire du blé et il a l'air plutôt bon pour ça.
Le reste c'est du procès d'intention.
Ca se trouve il est juste fan du Z de Zorro et surkiff donc le Z de Zemmour, qui sait ?
Citation:
EDIT: suffisait de le dire
C'est à moi de te renseigner sur les articles que tu m'envoi ? Tu plaisantes ?
PS : Je lirais peut être plus tard, si l'envie m'en viens, je ne t'assures rien.
subotai -
posté le 13/12/2021 à 20:47:00 (556 messages postés)
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Il est Conan, un Cimmérien. Il ne pleurera pas, alors je pleure pour lui.
Je note que sans avoir lu l'article tu sais déja qu'il parle de potins et de platitudes sentimentales, mais que tu me reproche de faire des conclusions hatives, poutre, paille...
EDIT:
C'est a moi de savoir que tu n'es pas abonné au monde et que quand tu commente sur un article que tu n'as pas lu je dois comprendre que tu ne l'a pas lu ? tu plaisante aussi j'imagine ?
NovaProxima -
posté le 13/12/2021 à 20:49:47 (3718 messages postés)
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Neo_Sephiroth
J'ai lu la partie libre à la lecture sans abonnement. J'ai supposé que la suite était de la même teneur, je l'admets.
Disons que c'est rare les articles qui commencent sur un ton et qui POF, passé la partie gratuite, changent d'angle en cours de route. Mais je te donne le bénéfice du doute.
Sur ce, je vais jouer à cette perle du JV qu'est Binding of Isaac, j'espere que ça fait pas de moi un reac de droite cathos.
subotai -
posté le 13/12/2021 à 20:58:17 (556 messages postés)
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Il est Conan, un Cimmérien. Il ne pleurera pas, alors je pleure pour lui.
Le bénéfice du doute, comme tu es généreux. J'attends avec impatience ta réponse.
Sylvanor -
posté le 13/12/2021 à 21:21:38 (24804 messages postés)
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Le gars chiant qui rigole jamais (il paraît)
Citation:
Pourquoi forcement "l'extreme droite" ? Tu penses que c'est une exclusivité et que les autres bords ne sont pas concerné ?
Quand la gauche organise/soutient des marches pour Adama Traoré, ne penses tu pas que ce n'est là aussi qu'une manière de vouloir gratter des voix ?
J'ai en effet le sentiment que l'extrême droite est très coutumière du fait, plus que les autres camps politiques.
Concernant Adama Traoré, pour moi ça ne marche pas très bien, dans la mesure où on n'a pas eu juste un cas de violence policière en France. Il est un symbole mais lorsqu'on parle de lui, on peut désigner des faits, obtenir des témoignages, des situations filmées, etc.
L'argument reste-t-il fallacieux si le cas d'Adama Traoré illustre celui vécu par une masse d'autres individus, autrement dit une réalité sociale? Pour moi ce n'est plus pareil.
Je veux dire, si des Samuel Paty on en avait des dizaines, ça me poserait aucun problème qu'il devienne un symbole pour illustrer le fait que le métier d'enseignant est dangereux, que la laïcité pose problème, etc. Mais ce n'est pas le cas.
Même si intellectuellement cet appel aux émotions me pose problème (on devrait parler de chiffres et pas attirer notre attention sur une histoire, un cas particulier), au moins dans cette situation je ne le qualifierais pas de procédé fallacieux.
Gratter des voix j'en sais rien, en fait je te parle davantage de discours militants que de discours de campagne. J'ai pas l'impression qu'aujourd'hui les élus de gauche parlent beaucoup d'Adama Traoré, mais j'ai peut-être manqué les bons moments.
Citation:
Avec des oeillères, rien est évident c'est sur.
[...]
Il faut aussi éviter la naïveté et l'angélisme aveugle à outrance.
Bof, tu ne gagneras rien à essayer de tourner ma position au ridicule ou à présenter la tienne comme une évidence.
Les croissants croâssent en croix, s'ancrent ou à cent croîssent sans crocs à sang. Crois! Sens! ౡ
Nemau -
posté le 13/12/2021 à 21:41:54 (53207 messages postés)
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Narrer l'autocatégorème
Citation:
J'ai pas regardé TPMP depuis des années, mais des extraits sur lesquels je tombe, ça me semble fort de dire qu'ils font de la propagande d'Xtreme droite.
C'est une chercheuse au CNRS, spécialisée sur le sujet, qui le dit (et la vidéo date du 28 octobre, c'est récent). Et au cas où tu jouerais sur les mots : dans le cas de l'extrême droite, la banaliser c'est en faire (volontairement ou non) la promotion.
Citation:
il a créer une offre pour répondre à la demande, et le fait que ça marche plutôt bien lui donne raison sur cette analyse.
Ça ne fonctionne pas aussi simplement. Les médias disent en partie aux gens ce que ces derniers veulent entendre, mais les médias disent aussi aux gens quoi penser. J'ajoute qu'il n'y a pas plus influençable qu'une personne qui pense qu'elle ne peut pas être influencée (par les médias, ici).
Citation:
Y a un contexte, un environnement propice à cela, une complaisance, un recul de valeur pour en laisser place à d'autres, moins Charlie.
Ça c'est ce que beaucoup de médias te font croire.
Une des principales raisons pour lesquelles une infime minorité de musulmans en viennent à mal agir, c'est cette place étroite et inconfortable dans laquelle la société les fait grandir et vivre. Les gens comme Éric Zemmour critiquent les musulmans, en pointant du doigt certaines statistiques pour justifier leur critique, mais ce sont précisément ces critiques qui génèrent ces statistiques (des critiques bourrées d'amalgames et de violences symboliques telles que "un vrai français a un prénom français"). Zemmour est un pompier pyromane, tant qu'il y aura des gens comme lui il y aura une réaction extrême de la part d'une partie des gens ciblés par ces critiques.
Citation:
un recul de valeur pour en laisser place à d'autres, moins Charlie
Ça tombe bien, en ce qui me concerne je ne suis pas Charlie, ou que très partiellemment.
Citation:
T'façon, je suppose que chacun de nous à l'impression de ne voir que le camp d'en face à la TV
Tu vois beaucoup l'extrême gauche à la télé ? (je parle de la vraie, pas de Mélenchon).
Citation:
Citation:
Pour en déduire qu'elle est le symptôme d'une situation particulière, explosive, dangereuse, problématique, ce n'est pas si évident, il faut réussir à le prouver.
Avec des oeillères, rien est évident c'est sur.
Nonor a raison de demander des preuves. Et "c'est évident" n'en est pas une. D'ailleurs, les évidences ça n'existe pas. Les pires choses dans l'histoire de l'humanité sont survenues entre autres parce que les gens ne remettaient pas assez en question de prétendues évidences.
Citation:
Canal + vous trouvez ça de droite ?
Oui.
Citation:
Citation:
Le fait qu'il y ait des extrémistes religieux dans le pays je ne le conteste pas, mais combien sont-ils, à quel point sont-ils actifs, quelle est leur influence, quels sont les effets de leur activisme? C'est un sujet compliqué et il faut éviter d'agiter ses peurs.
Il faut aussi éviter la naïveté et l'angélisme aveugle à outrance.
Sur quelles sources te bases-tu pour affirmer que ce qui se dit dans les mosquées est préoccupant ?
Citation:
C'est pas cool de faire un procès d'intention à Bolloré alors qu'au fond ses motivations à faire se qu'il fait, t'en sais rien.
A moins qu'il se soit confié à toi ?
Je te retourne la question, remplace juste "Bolloré" par "les musulmans de France".
Citation:
C'est pas que ça ne fait pas de lui un catho reac, c'est que comme chaque individu, il est surement pas aussi simple qu'une étiquette "catho reac" et donc que tout ses actes ne sont pas réductibles et à voir à travers ce prisme unique. [...] Les gens et leurs actes, même ceux que tu peux pas blairer, ne se résument pas à une étiquette "alakon".
Je suis d'accord, mais je crois constater que tu n'appliques ce raisonnement que quand ça t'arrange.
Kahryz -
posté le 07/01/2022 à 10:28:17 (49 messages postés)
❤ 1Roi of the Suisse
Ouah, il est cool ce débat.
Subotai je veux pas te cramer mais vu tes avancées théoriques et tes analyses, j'ai l'impression que t'es un militant NPA haha. C'est plutôt un compliment si c'est le cas.
Sinon pour le reste du débat, sachez que je m'excuse d'avance pour le Pavé que je m'apprête à vous offrir :
Concernant TPMP, je dois reconnaitre que c'est la seule émission de grande écoute qui (à ma connaissance) traite de politique et qui invite sur ses plateaux des personnes qu'on voit pas trop ailleurs. Genre Hanouna a été le premier à faire venir des GJ, des ouvriers sur le devants de certaines grèves, etc.
CEPENDAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAANT
TPMP reste une émission très peu subversive, dans le sens où elle conserve sur ses plateaux des chroniqueurs réguliers, plus ou moins de droite comme de gauche mais en dernière instance ce sont tous des bourgeois.
Donc quand RoTS partage la répartition en terme d'électeur de l'audimat de TPMP, ça ne m'étonnent pas qu'ils brassent à la fois chez LREM et l'ED.
"Mais Kahryz, on reconnait tous volontiers que les marcheurs sont des petits cadres dynamique startuper libéraux et islamophobe sous leurs airs de parangon de la république et de la laïcité, mais quel est donc le rapport avec l'extrême droite qui est aussi présente chez des classes bcp plus populaire... ?"
Et bien Jammy oniromancien.e.s, c'est très simple ! Le système productif dans lequel nous vivons (le capitalisme) a produit tout un panel d'institutions visant à maintenir ce même système. L'école, le système politique (dans notre cas la République), les lois, etc. Ces institutions produisent une certaine idéologie, un paradigme dominant même (avec ces nuances évidemment) et dans la foulée un socle culturel que Gramsci nomme "Hégémonie culturelle bourgeoise". Si par le passé, cette hégémonie prenait plutôt des airs ulta conservatrice (genre primauté de la religion, etc.), aujourd'hui (bon depuis les années 70 jpense) on a assisté à un formidable déplacement vers un néo-libéralisme autoritaire. Quoi qu'il en soit et peu importe la forme que prend cette hégémonie, elle n'en reste pas moins bourgeoise et donc vise à défendre ces mêmes institutions.
"Mais Kahryz, t'as toujours pas répondu..."
Mais si j'y viens ! L'extrême droite (même fasciste) n'est pas à délier de la bourgeoisie. En réalité, le fascisme a toujours été une porte de sortie pour la bourgeoisie, dès lors qu'elle n'arrivait plus à maintenir son duo consentement/coercition pour maintenir les travailleurs (genre pratiquement toute la populace en fait). En gros, la montée de l'extrême droite, c'est une un symptôme assez classique d'un effritement du capitalisme sur ses propres contradictions. Petite précision avant de continuer : je pense qu'il faut faire attention avec le terme "fasciste", car en réalité, même si Zemmour est complétement d'extrême droite, voire fascisant, le fascisme c'est bien un mouvement de masse. Zemmour, même si il est hardcore, est complétement républicain. Il ne souhaite pas organiser un putsch pour prendre le pouvoir et au dernière nouvelle il compte gouverner avec toute la puissance politique déjà ÉNORME permise par le système politique français.
Bon vu comme ça, ça peut paraitre chelou que des travailleurs très populaire vote extrême droite. Alors oui c'est une contradiction de classe, mais elle est explicable et pas par un simple "lé jen son tro con mdr". Déjà Zemmour brasse surtout dans des secteurs très bourgeois ou petit bourgeois. Pour le coup c'est plus MLP qui a su séduire une partie des classes populaire (et encore, c'est moins que ce qu'on pense). C'est simple, les stratégies de l'extrême droite pour séduire l'audimat repose sur quelques techniques simples :
- L'appel à l'émotion
- La réinformation (soit la récupération d'information brute et une réinterprétation souvent fallacieuse et simple à comprendre car vidée d'une analyse systémique)
- L'appel à l'identité nationale (voire culturelle/religieuse dans certains cas)
- Le populisme, qui est un dérivé de l'appel à l'identité nationale et c'est d'ailleurs pour ça que des mouvement comme la France insoumise me pose beaucoup problème à gauche, car qu'on le veuille ou non le populisme c'est une stratégie créé par la droite.
Concernant l'appel à l'émotion et la réinformation, c'est triste à dire mais si ces stratégies marchent, c'est précisément à cause des immenses inégalités sociales et économiques (pas à délier d'ailleurs) qui complexifie la compréhension de sujet complexe, qui mobilisent souvent une pluralité de savoir et donc en finalité : est assez élitiste.
Concernant l'appel à l'identité nationale, voire le populisme, cela repose sur le concept de nation. Pour faire gros, c'est dire que le travailleur français est dans le même camps que le patron français, puisqu'ils sont tous les deux français. En gros, le sentiment national évince la notion de classe, puisque le travailleurs français ne voit pas qu'il a plus d'intérêt à s'allier au travailleur allemand, sénégalais ou suédois qu'avec son patron bien français. La nation, c'est le prolongement de la concurrence capitaliste, qui en dernière instance ne profite qu'à la bourgeoisie.
C'est la nation qui permets le colonialisme, l'impérialisme, les guerres, etc.
Pour exemple, lors de la première guerre mondiale, la SFIO (ex parti socialiste unifié (avec des révolutionnaire + réformistes) qui se scindera plus tard entrainant la création de la SFIC (ex-PCF)) avait voté les crédit de guerre, ce qui aujourd'hui est encore perçu comme une immense trahison au Marxisme et son principe d'internationalisme entre les travailleurs.
Donc après ce PAVE (sans mauvais jeu de mot...), vous comprenez bien que parmi la populace qui depuis gamin, a bouffé à l'école, à la TV, PARTOUT toutes les valeurs bourgeoise existante pour maintenir un statu-quo, mais tout de même déçue par une élite politicienne, finisse par voter MLP en pensant voter anti-système (car l'ED se présente toujours comme ça), alors même qu'ils défendent toujours les intérêts de la bourgeoisie en faisant ça.
Donc, quand une émission télévisé politique qui, même si elle est plus ouverte, reste dans le carcan de l'idéologie tout en rendant son contenu très accessible, elle attire irrémédiablement les personnes qui votent à l'extrême droite.
Je rajouterai (après j’arrête promis ) qu'effectivement la fenêtre d'overton a été enfoncée à la fois par des médias sous domination bourgeoise, et par les gouvernements successifs bourgeois (j'inclue Hollande les gars) qui ne cessent de reprendre les thématiques de l'extrême droite à des fins électoraliste.
Sylvanor -
posté le 07/01/2022 à 17:25:48 (24804 messages postés)
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Le gars chiant qui rigole jamais (il paraît)
Citation:
Le populisme, qui est un dérivé de l'appel à l'identité nationale et c'est d'ailleurs pour ça que des mouvement comme la France insoumise me pose beaucoup problème à gauche, car qu'on le veuille ou non le populisme c'est une stratégie créé par la droite.
D'où vient ce diagnostic que tu fais du populisme?
Si je consulte Wikipédia, j'ai cette définition qui colle à l'image que je m'en fais:
Citation:
Le mot populisme désigne une approche politique qui a tendance à opposer le peuple aux élites politiques, économiques ou médiatiques.
La description historique qu'en donne Wikipédia ne rattache pas cette approche à la droite, et même au contraire plutôt à la gauche, ce qui est logique finalement vu la construction du mot.
Généralement le terme est péjoratif aujourd'hui mais, rarement, il est employé de manière positive, et l'a été plus couramment par le passé.
Aujourd'hui on sous-entend en réalité, quand on parle de populisme au sens péjoratif, une forme de démagogie, mais ce n'est pas très vieux on dirait (Wikipédia détaille ça dans une rubrique mais sans donner de date).
Les croissants croâssent en croix, s'ancrent ou à cent croîssent sans crocs à sang. Crois! Sens! ౡ
Nemau -
posté le 07/01/2022 à 18:30:14 (53207 messages postés)
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Narrer l'autocatégorème
Citation:
Concernant TPMP, je dois reconnaitre que c'est la seule émission de grande écoute qui (à ma connaissance) traite de politique et qui invite sur ses plateaux des personnes qu'on voit pas trop ailleurs. Genre Hanouna a été le premier à faire venir des GJ, des ouvriers sur le devants de certaines grèves, etc.
CEPENDAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAANT
TPMP reste une émission très peu subversive, dans le sens où elle conserve sur ses plateaux des chroniqueurs réguliers, plus ou moins de droite comme de gauche mais en dernière instance ce sont tous des bourgeois.
Donc quand RoTS partage la répartition en terme d'électeur de l'audimat de TPMP, ça ne m'étonnent pas qu'ils brassent à la fois chez LREM et l'ED.
Et puis surtout, ils parlent de politique (ou d'autres sujets sérieux) comme ils parlent du dernier fait divers à la con. Quand je vois TPMP ou BTP, je me dis qu'il vaut peut-être mieux ne pas parler de politique que d'aborder ce sujet n'importe comment.
subotai -
posté le 07/01/2022 à 19:38:37 (556 messages postés)
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Il est Conan, un Cimmérien. Il ne pleurera pas, alors je pleure pour lui.
Kahryz a dit:
Subotai je veux pas te cramer mais vu tes avancées théoriques et tes analyses, j'ai l'impression que t'es un militant NPA haha. C'est plutôt un compliment si c'est le cas.
Non c'est perdu , je ne suis encarté nulle part; les quelques trotskystes qui se battent pour les pourcentages ont ma sympathie et je les considère comme camarades, mais ça ne va pas beaucoup plus loin
Résumé : il parle sans contradicteur, l'animateur le traite avec bienveillance, ses apparitions font monter l'audimat.
Sinon concernant l'école la majorité de mes profs avaient des discours de gauche et antisysteme donc pas sûr que ça serve si bien le système. Ou alors les profs servent d'exemple de soumission au système que l'on présente aux élèves, j'en connais un qui a décidé de se laver et se raser un peu depuis qu'il est prof.
ౡ
Kahryz -
posté le 09/01/2022 à 19:22:01 (49 messages postés)
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Sylvanor a dit:
D'où vient ce diagnostic que tu fais du populisme?
D'une analyse politique
Non plus sérieusement. En fait, le "populisme", c'est l'idée de s'adresser à un "peuple". Et cette notion est, quoi qu'on a dise assez fourretout. Le "peuple" est nécessairement rattaché au concept de nation, si on analyse une situation politique en fonction du peuple, on évince la question de la position matérielle : de la classe sociale.
C'est vrai que dans le populisme, on oppose souvent le "peuple" aux "élites". Mais une "élite" n'est pas forcément bourgeoise et le peuple n'est pas forcément composé de "prolétaire" (au sens large qu'on peut désormais lui accoler avec l'apparition de la société de service, etc.). En outre, on évince la question matérielle pour s'attarder sur des catégorisation subjective et relativement floue.
Enfin, le populisme est une stratégie classiquement utilisée par la droite (voire l'extrême droite) car elle est un dérivée du bonapartisme. Le bonapartisme (pour ceux qui ne savent pas), c'est une stratégie qui consiste à flouter volontairement sa couleur politique, en s'adressant au "peuple". Bonaparte 1e a su réunir de nombreux soutien tant à gauche qu'à droite en récupérant des symboles de la révolution française, tout en incarnant une figure autoritaire forte et en renouant avec la chrétienté. C'est le fameux "ni de droite ni de gauche"(comme si objectivement le bonapartiste était bénéfique pour tous, au delà des clivages). En bonapartiste connu, on a évidemment De Gaulle (pourtant plutôt d'extrême droite) et aujourd'hui Asselineau ou Philippot (qui à l'époque où il était au FN, avait réussi à imposer cette marque au parti. Aujourd'hui, le RN s'assume pleinement comme libéral). Et oui, Macron a incarné une forme de bonapartisme (un bonapartisme faible, pour être précis).
Le populisme de gauche, c'est une tentative vaine de doubler l'extrême droite sur le concept de nation. Pour reprendre l'exemple de la FI : oui, elle est marquée à gauche (la FI ne frise pas avec le bonapartisme, elle se revendique comme étant à gauche). Mais la stratégie populiste implique beaucoup de confusionnisme, notamment sur la question des travailleurs détachés, ou sur le fait qu'un patron français (si il produit français par exemple) est par défaut meilleur que le patron étranger. C'est un recul sur la question de la lutte des classes et une acceptation passive de la république bourgeoise.
D'ailleurs si tu regardes qui parle des "élites", tu verras que ce sont souvent des gens d'extrême droite. Ça donne des arguments pour des théorisations réactionnaire, genre les profs d'université sont des élites à combattre car ils parlent d'intersectionnalité et dénonce l'islamophobie (el famoso islamo-gauchiste).
Cet article est sympa si tu veux creuser la question.
subotai a dit:
Non c'est perdu , je ne suis encarté nulle part; les quelques trotskystes qui se battent pour les pourcentages ont ma sympathie et je les considère comme camarades, mais ça ne va pas beaucoup plus loin
Oups !
Qui se battent pour quelques pourcentages... Ma foi... C'est plus complexe...
En tout cas je suis ni au NPA ni à LO
Nemau -
posté le 09/01/2022 à 21:20:37 (53207 messages postés)
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Narrer l'autocatégorème
T'es communiste et tu votes Mélenchon ? Non mais à LO quoi.
subotai -
posté le 09/01/2022 à 21:36:20 (556 messages postés)
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Il est Conan, un Cimmérien. Il ne pleurera pas, alors je pleure pour lui.
Citation:
Qui se battent pour quelques pourcentages... Ma foi... C'est plus complexe...
Je sais bien, c'est pour rigoler.
Citation:
(...) et le peuple n'est pas forcément composé de "prolétaire" (au sens large qu'on peut désormais lui accoler avec l'apparition de la société de service, etc.).
Par contre, euh, ou alors je pinaille, ou alors tu pinaille, mais est-ce que tu confonds pas prolétaire et ouvrier ? Prolétaire c'est celui qui vends son travail, et ouvrier c'est lié au travail manuel. Je vois pas en quoi c'est incompatible avec la société de service. Les ouvriers sont une sous-catégorie du prolétariat, comme les paysans, et les employés dans ce cas-ci. Ou alors je me trompe et tu considère que les employés sont des petits-bourgeois directement ?
Kahryz -
posté le 10/01/2022 à 09:18:42 (49 messages postés)
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subotai a dit:
Par contre, euh, ou alors je pinaille, ou alors tu pinaille, mais est-ce que tu confonds pas prolétaire et ouvrier ? Prolétaire c'est celui qui vends son travail, et ouvrier c'est lié au travail manuel. Je vois pas en quoi c'est incompatible avec la société de service. Les ouvriers sont une sous-catégorie du prolétariat, comme les paysans, et les employés dans ce cas-ci. Ou alors je me trompe et tu considère que les employés sont des petits-bourgeois directement ?
Non, tu as absolument raison ! Mais je me dis que comme le terme "prolétaire" est souvent connoté et amalgamé avec "ouvrier", je me suis permis de préciser un peu.
Mais pour être absolument franc, le terme "ouvrier" = "prolétaire", mais ça a été changé avec l'apparition des CSP et la volonté politique de brouiller les pistes sur la classes sociales (genre l'apparition d'une "classe moyenne" qui ne veut rien dire et n'a aucune valeur objective).
Nemau a dit:
T'es communiste et tu votes Mélenchon ? Non mais à LO quoi.
Je connaissais pas ça
subotai -
posté le 10/01/2022 à 12:26:39 (556 messages postés)
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Il est Conan, un Cimmérien. Il ne pleurera pas, alors je pleure pour lui.
Citation:
"ouvrier" = "prolétaire"
Bof, non, la classe ouvrière est la plus importante pour les Marxistes, pas nécessairement pour les autres ; et encore dans les expériences de révolutions réelles ça c'est pas trop vérifié, la classe paysanne a finalement toujours été une classe aussi, voir plus importante que la classe ouvrière, ne serait-ce qu'à cause des niveaux d'industrialisation des pays où les révolutions sont arrivées (Russie, Ukraine et Chine par exemple). Assez franchement le bilan des révolutions marxistes dans les pays déjà industrialisés (donc avec un prolétariat ouvrier), il est pas ouf et valide moyen la théorie, hein...
C'est très réducteur et presque trompeur de mélanger les deux comme ça. La personne qui bosse en centre d'appel est tout autant prolétaire que l'ouvrier d'usine, mais c'est pas pour autant qu'elle est ouvrière (malgré le fonctionnement des centre d'appels). Les mots sont synonymes, mais les concepts sont différents et ça crée de la confusion.
Après, la classe moyenne moi je dit petit bourgeois, ça va très bien (Tirent profit du capitalisme, mais finalement seront écrasés par celui-ci lorsqu'il va trop vite; on paye trop d'impôts, on laisse pas les gens devenir riche dans ce pays, meritocratie, accès limité a la propriété, potentiel réactionnaire, individualisme, mentalité d'épicier, etc.)
Kahryz -
posté le 10/01/2022 à 17:24:19 (49 messages postés)
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Concernant la définition de l'ouvrier et bien je pense que le débat est uniquement sémantique, mais historiquement l'ouvrier c'est bien le prolétaire. C'est juste qu'avec l'évolution du travail, on a simplement gardé le terme "ouvrier" pour désigner quelqu'un qui travaille dans la production directe.
subotai a dit:
Bof, non, la classe ouvrière est la plus importante pour les Marxistes, pas nécessairement pour les autres ; et encore dans les expériences de révolutions réelles ça c'est pas trop vérifié, la classe paysanne a finalement toujours été une classe aussi, voir plus importante que la classe ouvrière, ne serait-ce qu'à cause des niveaux d'industrialisation des pays où les révolutions sont arrivées (Russie, Ukraine et Chine par exemple). Assez franchement le bilan des révolutions marxistes dans les pays déjà industrialisés (donc avec un prolétariat ouvrier), il est pas ouf et valide moyen la théorie, hein...
J'ai pas archi compris le rapport mais c'est vrai que les prolétaires organisés en parti communiste dans les pays industrialisés ont pas franchement brillé. Après faut aussi voir l'état de la stalinisation de ces partis, qui a notamment grandement joué sur le sentiment nationaliste et mis en retrait la question de l'internationalisme. C'est une aberration que le parti communiste allemand sous direction direct du Komintern Stalinien n'ait pas endigué la montée du nazisme. Enfin là ça devient complexe comme débat
Pour le reste en revanche je ne te suis pas.
Par exemple ce que tu appelles "Classe paysanne" , c'est précisément la petite bourgeoisie. C'est à dire quelqu'un qui détient des moyens de productions (ici la terre) mais qui reste exploité par la classe bourgeoise. Les petits commerçant aussi sont des petits bourgeois, et certains cadre. Bien qu'on puisse parfois parler d'aristocratie ouvrière.
C'est d'ailleurs sur la base de toutes ces conceptions que je rejette l'idée d'une "classe moyenne". Déjà parce que c'est faux de penser que le marxisme n'a jamais pensé des classes intermédiaire, mais en plus l'idée de "classe moyenne" c'est surtout un moyen politicien de parler au plus grand nombre. En gros c'est omettre la question de la place de la personne dans la sphère productive... T'as autant de gens qui s'estiment de la classe moyenne qui sont en fait des prolétaires, que de petits bourgeois ou des bourgeois.
Enfin la définition de "classe moyenne" change selon les signifiants, les couleurs politiques, les stratégies marketing, etc. C'est un fourretout.
subotai -
posté le 12/01/2022 à 20:50:23 (556 messages postés)
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Il est Conan, un Cimmérien. Il ne pleurera pas, alors je pleure pour lui.
Je sais pas, j'ai envie de parler de ça, je pense , c'est juste que c'est typiquement des choses que j'entends régulièrement, soi par des gens qui simplifient, soit qui se trompent (c'est pas forcément le cas ici, mais ça arrive trop souvent) et ça me hérisse le poil, cette confusion entre prolétaire et ouvrier. Le vocabulaire n'est plus accessible ou compréhensible, les gens ne s'y interessent plus et ça crée de la confusion quand tu essaie d'expliquer des choses.
Après on se retrouve avec des questions du type "le livreur Deliveroo qui possède son vélo est-il propriétaire de ses moyens de production, et est donc bourgeois et non ouvrier ?" ou "Mon ordinateur est mon moyen de production, suis-je bourgeois ?" et ça, ça fait mal au matérialisme, ça ne veut plus rien dire pour personne "propriété privée", ou "production". Il y a un problème d'accessibilité a la théorie matérialiste effarant.
Quand je parles de classes paysannes, je parles pas des propriétaires terriens, je parles des travailleurs agricoles, que je refuse d'appeler ouvrier.
Kahryz -
posté le 13/01/2022 à 10:16:08 (49 messages postés)
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subotai a dit:
Après on se retrouve avec des questions du type "le livreur Deliveroo qui possède son vélo est-il propriétaire de ses moyens de production, et est donc bourgeois et non ouvrier ?" ou "Mon ordinateur est mon moyen de production, suis-je bourgeois ?" et ça, ça fait mal au matérialisme, ça ne veut plus rien dire pour personne "propriété privée", ou "production". Il y a un problème d'accessibilité a la théorie matérialiste effarant.
Ah bah les livreurs clairement pour moi c'est des ouvriers pur et dur. C'est juste que les entreprises type Uber eat/deliveroo/Just eat ont réussi à flouter les statuts (c'est abusé çà). J'irai même plus loin, les livreurs c'est l'exemple visible que le capitalisme s'appuie sur la race (la race sociale les amis, pas biologique, vous inquiétez pas je suis pas partisans des thèses essentialiste) pour exploiter les prolétaires. Après y'a aussi les femmes de ménages qui elles sont carrément à l'intersection genre/race et qui en plus assurent un travail reproductif essentiel pour le système capitaliste.
subotai a dit:
Quand je parles de classes paysannes, je parles pas des propriétaires terriens, je parles des travailleurs agricoles, que je refuse d'appeler ouvrier.
Beh pourquoi pas ?
La classe sociale est toujours lié aux rapports de production (même si ça dépend en vrai). Et les travailleurs agricoles se situent chez les prolétaires.
subotai -
posté le 13/01/2022 à 12:19:21 (556 messages postés)
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Il est Conan, un Cimmérien. Il ne pleurera pas, alors je pleure pour lui.
Le fait que ce soit pour toi des ouvriers, pur et dur, au plus bas de l'échelle de l'exploitation (avec même l'intersection de la race, oui, comme pour les femmes de ménage par exemple), et que ce soit clair, c'est parce que tu connais la théorie matérialiste, mais pour les gens qui ne s'y sont jamais intéressé, ça ne l'est pas du tout. Qui plus est parce que les entreprises font tout pour flouter le jeu avec les statuts, les outils, etc.
Et c'est a ces gens que je pense. J'ai bien conscience a ce stade que je me suis bien emballé et que la conversation n'a plus rien a voir avec son démarrage Je veux pas que tu pense que je t'ai pris a parti; c'est absolument pas le cas, je suis juste énervé par cet aspect de notre quotidien.
Les travailleurs agricoles sont des prolétaires mais pas des ouvriers, tout comme les employés sont des prolétaires mais pas des ouvriers. L'ouvrier ça a clairement rapport a l'après-exode rural, l'industrialisation, la ville et l'usine. D'où, pour moi la différence importante dans le contexte des révolutions d'inspirations marxistes dans des pays encore peu industrialisés (et juste l'importance tout court en fait).
Je suis pas marxiste orthodoxe, donc je prends peut-être des libertés avec le système de classe de Karl, mais ça me parait important de faire la différence entre les "ouvriers" des champs et les ouvriers des villes.