Alkanédon - posté le 22/12/2020 à 20:22:51. (8355 messages postés)
Évidemment qu'il a été dressé pour peindre. De la même manière qu'on a été éduqué à l'art, qu'on a appris à dessiner ou jouer du piano. On ne nait pas en sachant les choses.
Les petits enfants prodiges à la Mozart, tu crois qu'ils ont fait d'eux-mêmes du piano ? Ils ont été poussés par leurs parents. Est-ce que ça veut dire qu'ils ont été maltraités ? Est-ce qu'ils comprennent toutes les subtilités et la sensibilité de l’œuvre qu'ils interprètent ?
Citation:
L’art ça présuppose une spontanéité.
Donc le théâtre, l'opéra, le cinéma, un concert... n'ont rien d'artistiques alors puisque tout a répété auparavant.
J'ai pris l'exemple de l'éléphant car on voit qu'il s'amuse (il s'amuse à secouer sa trompe, ce que les bébés éléphants font pour s'amuser), donc il prend plaisir à ce qu'il fait. Il est conscience que c'est un divertissement, c'est même l'un des animaux les plus intelligents au monde : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cognition_des_%C3%A9l%C3%A9phants
Donc il n'est pas impossible que l'éléphant en question se rende compte qu'il dessine l'un des siens. Et là la notion d'art prends du sens. (même si à la base je voulais juste parler du jeu chez les animaux)
EDIT :
Sylvanor > Tu connais peut-être Kandisky, il a fait un schéma très célèbre pour présenter la notion d'art dans notre société :
En gros, les artistes sont là pour élever spirituellement le peuple
Alkanédon - posté le 22/12/2020 à 18:09:47. (8355 messages postés)
Pourquoi tout de suite penser à de la maltraitance ?
Il a pas l'air malheureux, la preuve il danse quand il ne peint pas. En plus il est dans son milieu naturel, dans ce genre d'endroit les dresseurs prennent soin des bêtes !
Alkanédon - posté le 22/12/2020 à 17:23:03. (8355 messages postés)
D'ailleurs il n'y a pas que les humains qui font de l'art :
L'éléphant se diverti, tout comme d'autres animaux se divertissent en chantant, en jouant avec leurs crottes ou tapant sur des cailloux.
Est-ce que taper sur des cailloux c'est de l'art ? Si le but est de jouer avec les sons que ça produit, alors c'est de la musique donc oui
Est-ce que jouer avec son caca c'est de l'art ? Si le but est de faire du modelage en le lançant contre un arbre alors oui
Mais si on lance notre caca sur quelqu'un pour s'amuser ? C'est de l'art ? je pense que là c'est de l'humour, le but étant de rire du malheur de l'autre (je pense aux singes qui se jettent leur caca entre eux).
Donc a priori l'art c'est juste un divertissement dont l'être humain s'est amusé à développer. C'est sans le doute le rapport à la mort, l'existence, la conscience de soi et l'autre qui fait qu'on en soit arrivé là.
Alkanédon - posté le 22/12/2020 à 11:34:28. (8355 messages postés)
Citation:
Du point de vue de la durée pure, les oeuvres d'art sont clairement supérieures à toutes les autres choses; comme elles durent plus longtemps au monde que n'importe quoi d'autre, elles sont les plus mondaines des choses. Davantage, elles sont les seules choses à n'avoir aucune fonction dans le processus vital de la société; à proprement parler, elles ne sont pas fabriquées pour les hommes, mais pour le monde, qui est destiné à survivre à la vie limitée des mortels, au va-et-vient des générations. Non seulement elles ne sont pas consommées comme des biens de consommation, ni usées comme des objets d'usage: mais elles sont délibérément écartées des procès de consommation et d'utilisation, et isolées loin de la sphère des nécessités de la vie humaine.
Ouais enfin elle fait que réciter ce que dit Kant à propos du beau : agréable mais inutile, contrairement au bon qui est agréable et utile. En gros on avance pas beaucoup
Alkanédon - posté le 20/12/2020 à 10:57:52. (8355 messages postés)
La question reste la même : est-ce que ça veut dire qu'il faut tuer quelqu'un qui te veut du mal ? Est-ce que les jeux d'Heroic Fantasy prônent la guerre ?
Je comprends que tu te poses la question, quelqu'un m'a fait une réflexion similaire il y a quelques temps. Je lui ai fait écouter un groupe de metal, et il m'a dit qu'il n'aimait pas ce genre de musique car ça rend certaines personnes violentes.
Alors il faut interdire le metal ?
C'est comme ceux qui disent que les JV rendent violent, GTA par exemple. Interdire GTA ?
Un jeu que j'ai adoré est Dungeon Keeper : c'est un jeu de stratégie à la Age Of Empire, sauf que tu es un maitre de donjon qui contrôle une armée de monstre dans le but de tuer les héros (on peut les torturer pour qu'ils donnent des infos, les mettre en prison pour qu'ils deviennent de squelettes, donner des claques à nos larbins pour les faire travailler plus vite...).
Et pourtant ce jeu est bourré d'humour noir (les monstres pètent, rigolent quand ils tuent les héros, les lieux ont des noms à jeux de mots rappelant certains lieux réels etc.).
C'est un jeu qui a eu un énorme succès dans les années 90. Est-ce qu'il aurait fallut bannir ce jeu ?
Si on part dans les extrêmes où il faut carrément violer une petite fille, oui la on touche encore plus à la morale de notre société. C'est quelque chose qui peut traumatiser le spectateur donc je comprends ton point de vue.
Mais je pense que dans l'absolu, l'art brut (l'art pour l'art, pas de message qui incite à agir dans la vraie vie) ne devrait pas être responsable des actes des spectateurs.
L'art c'est une forme d'expression. Donc tant que t'as le droit de dire ce que tu veux, il ne devrait pas y avoir de problème. Après si les gens te regardent bizarrement parce que tu dis que le viol, tu trouves ça beau, et bien c'est un autre problème. Soit ils ne comprennent pas ton délire artistique, soit tu ne vises pas le bon public (des gens qui n'auraient pas réfléchis à la question ou n'y seraient pas prêts).
Lars Von Trier parle de la pédophilie dans Nymphomaniac. Un pédophile qui s'est isolé dans la forêt toute sa vie pour éviter les enfants car c'est illégal. Le but étant de comprendre la douleur du pédophile car rejeté par la société, et d'en tirer de l'empathie.
De l'empathie pour un pédophile ? Qui oserait ? Et pourtant Lars Von Trier a tenu le pari, et pour le coup c'est réussi (selon moi).
Mais bon voilà, théoriser avant d'agir c'est augmenter ses chances de se planter
Alkanédon - posté le 19/12/2020 à 23:27:55. (8355 messages postés)
Citation:
Une création artistique où on est encouragé à torturer, violer, tuer virtuellement ?
Ou bien une création artistique qui fait la promotion du négationisme ?
Ben dans ces cas-là il ne faut faire aucun JV où on est amené à tuer des ennemis
Alkanédon - posté le 19/12/2020 à 22:06:03. (8355 messages postés)
C'est un piège de laisser le choix au joueur le nom du héros. La preuve, quand j'étais petit j'avais donné comme nom à mon héros sur pokémon "Bitty" parce que je trouvais ça drôle.
Ben au final j'ai eu tous les pokémon légendaires avec plein au LVL100, une aventure de +de 300 heures... avec un nom de héros pas crédible du tout
Alkanédon - posté le 12/12/2020 à 13:56:39. (8355 messages postés)
Normalement il y a un lecteur puisqu'à l'époque on postait nos compos dans le topic de composition. Et dans le dernier article Rots a partagé son travail musical en fichiers sons OGG...
Alkanédon - posté le 10/12/2020 à 20:41:27. (8355 messages postés)
Je reste pas en contact avec mes ex en ce qui me concerne, quand c'est fini je ne leur parle plus. Je vois pas à quoi ça sert à part me torturer l'esprit et faire du mal à ma nouvelle copine (dans le cas où j'en ai une).
Je trouve ça tordu quand t'es en couple, voir même carrément immature. Faut assumer à un moment donné, quand c'est fini c'est fini, et mettre les projecteurs sur ton nouveau partenaire. Si tu sais pas ce que tu veux tu vas te trouver avec des histoires merdiques d'embrouilles de coeur et de cul qui n'auraient pas lieux d'être.
Si c'est un plan cul, elle fait ce qu'elle veut. Y a aucun engagement puisque vous voyez uniquement pour baiser.
Toujours est-il que parler de ses autres partenaires à son plan cul c'est pas non plus très futé. Ca risquerait de casser la tension sexuelle, d'être dégouté ou PIRE d'être jaloux.
Sauf si vous êtes libertins ou échangistes ou fada de plan à 3 etc. Là les choses sont claires et c'est une discussion qui sert l'évolution de la relation.
Alkanédon - posté le 09/12/2020 à 10:51:51. (8355 messages postés)
Ah ben j'ai seulement dit qu'il n'aimait pas le faire, pas qu'il le faisait pas
C'est sûr qu'il est bien obligé de le faire, sinon il irait pas loin.
Ce qui m'interroge c'est au sujet de l'art. L'art n'est (a priori) pas une nécessité pour survivre (comme manger, demander une augmentation ou se reproduire (qui imbrique la séduction par exemple)), on ne peut pas obliger quelqu'un à aimer une musique ou un tableau. Et pourtant il finit par apprécier des oeuvres qu'il n'aurait pas apprécié quelques temps auparavant.
Citation:
Peut être qu'un clip vidéo un peu sexy ou les formes sensuelle de Giger nous apparaîtra une plus belle œuvre d'art si notre libido est élevée par exemple.
Ca me fait penser à cette hormone "ocytocine", que les femmes produisent quand elles accouchent et qui les rendent amoureuses de leur bébé. Selon la psychologie évolutionniste, ça serait dans le but de nourrir le bébé et de le protéger le temps qu'il devienne autonome.
Même hormone qui est produite pendant un (bon) rapport sexuel entre deux personnes, qui les fait s'attacher l'un à l'autre.
Donc si un clip sexy peut t'émouvoir et te toucher de la même façon que tu tombes amoureux après du (bon) sexe, oui peut-être que tu percevras ça comme une belle oeuvre d'art.
Mais si ça excite juste tes hormones et t'incite à cliquer parce que ton cerveau prends ça comme un besoin vital et urgent de se reproduire (un peu comme le porno), j'ai plutôt l'impression que c'est marketing. Dans ce cas-là je ne crois pas que ça rentre dans le dossier "art".
Cette histoire d'hormones est intéressante, effectivement si ça joue sur nos perceptions c'est important de le noter.
Citation:
Cette oscillation des gens entre le "comme" et le "pas comme", entre le confort et l'inconfort, entre l'ennui et la curiosité, a longtemps été ma théorie sur la question.
Un bon artiste (ou game-designer) est alors un manipulateur qui sait exploiter cette oscillation, qui sait la provoquer chez les gens, avec une succession orchestrée d'évènements.
Je partage ce point de vue. Et d'ailleurs c'est quelque chose qui existe depuis longtemps. A l'époque Baroque les compositeurs savaient ce qui plaisait au public et jouaient là-dessus. Je me souviens d'un prof qui m'avait dit qu'ils faisaient 80% de choses attendues, et 20% de nouveautés dans chaque pièces pour surprendre l'auditeur (chiffres à la louche).
Alkanédon - posté le 09/12/2020 à 04:00:04. (8355 messages postés)
mamie a dit:
→ Souvent, lorsqu'on n'a ni les codes, ni l'habituation, on a le sentiment que l’œuvre est une sorte de purée sans queue ni tête, en plus de n'avoir aucun attachement à celle-ci. Une fois qu'on a les codes, on perçoit l’œuvre avec sa structure, ce qui peut suffire à l'aimer (ou pas).
(on peut aussi finir par détester la structure si on la connaît trop bien)
Effectivement, en ce qui concerne les "arts majeurs" comme dirait Gainsbourg, il faut une initiation : musique classique, poésie, peinture etc. Il faut connaître les règles pour comprendre le génie et aiguiser sa sensibilité.
trotter a dit:
-Tu dis que les goûts viennent de souvenirs, mais alors comment est venu le premier goût ?
C'est une question que j'ai pointée du doigt en appelant ça "expérience de beauté n°1". Je ne parle pas du goût qui nous permet de savoir si quelque chose est bon pour nous, mais de beauté ("agréable mais inutile").
Citation:
-Les goûts changent avec le temps, par exemple dans l'enfance on a très envie de sucré et on ne supporte par l'amer.
Là aussi, dans l'article ils disent que les enfants rejettent l'amer pour éviter le poison : il y a donc un mécanisme de défense, il sélectionne ce qui le maintien en vie.
Citation:
Pour le visuel, l'auditif ya pas de raison que ça évolue pas non plus (ya des trucs que je trouve très visuellement intéressant maintenant que je ne regardais pas quand j'avais 6 ans). Là c'est pas lié à l'enfance mais à l'évolution du corps.
Citation:
-Les goûts peuvent se créer par association. Par exemple fréquenter une jeune fille qui sent le tabac froid peut faire aimer l'odeur. Pas lié à l'enfance non plus (mais à un souvenir oui).
Oui c'est ce que je disais, j'aurais du faire un schéma :
J'ai pris l'exemple de l'enfance et de l'adolescence car ceux sont deux périodes marquantes, mais je n'exclus pas d'autres périodes de la vie.
Citation:
Alors, est-ce qu'on peut être confronté à quelque chose de totalement nouveau et le trouver beau, eh, c'est quoi quelque chose de totalement nouveau ? Par exemple si on téléportait Platon à notre époque, qu'est-ce qui serait nouveau pour lui ?
Peut être que la lueur d'un écran d'ordinateur lui rappellerait le feu d'une cheminée et qu'il trouverait ça beau.
Peut être qu'une décapotable lui rappellerait un bateau.
Et là il comprendrait qu'il y a quelque chose avec les bateaux et les feux de cheminée qui pourrait l'aider à mieux se connaître ! Le sujet que je proposais était :
Citation:
L’objectif de cette recherche est de savoir si notre carte d’identité est déterminable pas nos goûts artistiques.
Citation:
Comment tu peux dire ça ? Pourquoi tu dis ça ? "L'homme" a quand même été visiter toute la planète et même au delà ! Il passe son temps à essayer des trucs nouveaux
Un homme qui a visité les fonds marins entourés de requins, serait-il aussi à l'aise s'il prenait un micro et devait chanter devant 10 000 personnes ?
Probablement non, et pourtant sa vie est bien plus en danger sous l'eau entouré de requins que sur une scène à chanter.
Je pense que là c'est du au fait qu'il a été initié à cette adrénaline et est devenu accroc à cette activité. Il est fasciné par les fonds marins et les requins, s'est mis en situation pendant longtemps et à eu le temps de s'habituer et y prendre goût.
Alkanédon - posté le 08/12/2020 à 14:42:59. (8355 messages postés)
Citation:
Le titre du topic est un peu trompeur (en plus d'être putaclic )
Oui c'est un peu putaclic
Citation:
finalement ça parle surtout de l'importance du passé dans la construction des goûts personnels. C'est presque tautologique, puisque la construction du soi ne peut être que par le vécu et la biologie (ce qui aurait été inchangé avec un autre vécu).
Oui ça c'est le phénomène observé, et j'ai tenté de soulever une interrogation : que fait un artiste ? -> il ne crée rien, il ne fait que se retrouver lui-même.
Intéressant cette bande-dessinée, merci du partage !
Citation:
toute sa personnalité est déterminée par des évènements anodins de son passé
C'est drôle ça, j'ai le sentiment inverse, que les évènements ne sont pas anodins mais plutôt traumatiques (pas forcément négativement, tomber amoureux ou être initié à un art est évènement traumatique selon mon interprétation).
Alkanédon - posté le 08/12/2020 à 10:54:00. (8355 messages postés)
(ce topic se nommait "La créativité n'existe pas" au début)
La créativité n’existe pas.
Tout est parti d’un simple recul sur mes goûts artistiques (tout type d’arts confondus), dans le but d’aiguiser ma personnalité musicale de compositeur. J’ai inopinément constaté qu’il y avait des thèmes récurrents qui me touchaient plus que d’autres, et ce quelque soit la disposition de l’entité (présentée ou représentée).
Exemples :
Thème
Présentée
Représentée
Forêt
Ballade
Photo
Candeur
Fille naïve réelle avec qui j’interagis
Rêve, JV, film
Grande œuvre architecturale
Face à moi
Miniatures, JV
Cela fait plusieurs années que j’ai entamée une introspection. Non pas une psychanalyse (=pratique qui requiert un analysant et un analysé) , mais une simple fouille archéologique de mes souvenirs. Je pense en effet que mes goûts artistiques sont ancrés à des souvenirs.
Simple logique : mes goûts proviennent du passé, et je pense qu’il existe un ou plusieurs piliers fondamentaux qui aiguilleront définitivement mes goûts futurs. Des traumatismes, chocs émotionnels.
Ceux-ci pourraient se situer à l’enfance et à l’adolescence (en ce qui me concerne), deux périodes de chamboulements psychologiques propres à chacun favorisant les chocs et les traumatismes. Différents interrupteurs viendraient se déclencher inconsciemment au cours de ma vie lorsque je trouve quelque chose de beau (des liens en arrière-plan se créés dans mon cerveau, donnant naissance à des soit disant nouveaux goûts).
Un exemple de pilier (=traumatisme) qui sert la direction artistique chez le peintre Magritte, « les amants ».
Magritte a peint plusieurs tableaux mettant en scène des visages couverts d’un drap blanc. Rien n’a été explicité par Magritte lui-même (il ne voulait pas qu’on connaisse son passé(!!!) afin de ne pas analyser ses œuvres), mais on a découvert plus tard que sa mère avait été découverte morte dans une rivière, un drap blanc sur le visage.
Me vint alors un éclair de lucidité :
Et si après tout, le futur n’existait pas, que mon artiste intérieur me montrait non pas la direction pour créer le futur, mais retrouver le passé (si tant est que je sois convaincu du contraire, là est la question) ?
Mais alors, être satisfait d’avoir inventé un nouvel objet artistique, c’est quoi ? En suivant ma logique, il s’agit d’un échec. Tout le monde sait que l’homme n’aime pas sortir de sa zone de confort, tout le monde sait que l'homme aime avoir des habitudes, et qu'il a peur de l’inconnu. Tout le monde peut en conclure que l’homme ne devrait ainsi pas aimer la nouveauté dans l’art.
Il paraît qu’une idée nouvelle est souvent critiquée et rejetée au début. Mais la question est double : il ne s’agit plus de savoir pourquoi nous la rejetons, mais pourquoi nous finissons par l’accepter. Peut-être qu’à force de côtoyer cette idée, nous atteignons un stade où l’idée, ni bonne ni mauvaise, est devenue un souvenir. Alors nous l’acceptons, puisque nous sommes à la recherche de nos souvenirs, et que nos souvenirs ont bons goûts.
J'ai constaté autour de moi que de nombreuses personnes aimaient toujours la musique qu'elles écoutaient pendant l'adolescence.
Chose que j'ai aussi lue dans un article sur internet il y a longtemps (je ne le retrouve plus il va falloir me croire sur parole !).
Certains chercheurs affirment qu'il faille une répétition d'un style de musique pour l'apprécier (créer le souvenir donc).
Et là je reviens à Magritte : à force de visualiser le cadavre de sa mère pendant 16 ans, a-t'il fini par trouver ça beau ? Et ainsi le peindre sous la forme de deux amants qui s'embrassent, l'exposer dans des galeries, le vendre..?!
Beaucoup d'artistes exorcisent leurs souffrances par l’œuvre, libèrent leur frustration. C'est un fait connu. Et pourtant, ça ne vous paraît pas contre-intuitif ? Remuer la douleur, et lui donner vie. Quelle idée !
Un artiste comme Magritte est obsédé par un souvenir affreux. Il en rêve régulièrement. Son souvenir se déforme, est amplifié et devient une entité nouvelle qui n'existe que chez lui.
Cette entité est ce que David Lynch appelle "un monde caché".
Dans cette interview, il parle de son enfance, qu'il a vécu dans une ville grise à côté d'usines. Plus tard Lynch était fasciné par les usines, ambiance qui l'a inspiré pour Eraserhead.
Il est aussi très fasciné par les rideaux et les radiateurs, mais il garde le mystère là-dessus.
Une interview de la compositrice Kaija Saariaho a conforté mon hypothèse : elle donne 3 conseils aux jeunes compositeurs, dont un stipule de bien connaître son passé. Elle a en effet constaté qu’elle était très attirée par la nature car il y avait vécu petite.
Des tas de compositeurs nourrissent leur œuvre de nostalgie (Chopin a nourrit ses pièces avec la nostalgie de son enfance polonaise par exemple).
(NB : on dit « l’œuvre d’un artiste » pour qualifier l’ensemble de ses œuvres)
Mais alors, pourquoi peut-on être amené à vivre des émotions intenses lors de la découverte d’une œuvre nouvelle ? Possiblement parce qu’elle touche du doigt un sentiment ancré dans nos souvenirs… Et si on revivait ce souvenir véritablement ? Non pas une image à l’aide d’une photo dans un album, une odeur à l’aide d’un parfum, une musique à l’aide d’une vieille cassette audio retrouvée au fond du tiroir, mais un sentiment à l’aide de l’art ? Celui qui nous fait dire : « c’est exactement ce que je rêvais d’écouter/voir, c’est l’évidence ». Art qui ne nous explique rien, qui se pose là et constate notre réaction.
Qu’en résulterait-il ? S’agit-il du célèbre syndrome de Stendhal ? Du syndrome de Brulard ? Quoi qu’il en soit, plus l’on s’intéresse à l’art, plus l’on y est sensible. Un peu comme une plante que l’on arrose et qui devient de plus en plus imposante dont certaines fleurs qui finissent pas germer, révèlent les secrets de la plante. Elles révèlent ce qu’est réellement la plante. Si la plante n’avait jamais été arrosée, nous n’y auront jamais vu les fleurs et ses couleurs qui attendaient d’être révélées.
Pour une question de pratique, je décide de donner un nom à ce terme : la quête du passé éternel. Cela peut vous rappeler « l’Eternel Retour » de Nietzsche.
Cette idée stipule de vivre sa vie comme si nous la revivions indéfiniment (au lieu de se réincarner ou de mourir définitivement). Ce qui est donc un retour en arrière permanent. Ce que je fais maintenant, c'est un souvenir pour préparer mon futur.
L’objectif de cette recherche est de savoir si notre carte d’identité est déterminable pas nos goûts artistiques.
Si nous trouvons quelque chose de beau, cela nous rappelle un souvenir (potentiellement enfoui) . Ce souvenir était peut être quelque chose que nous trouvions beau, qui nous apaisait. Mais alors on continue de rebondir sur des souvenirs d’avantages anciens pour trouver l’origine de cette beauté déclenchée auparavant. Qu’est-ce que cela veut dire ? Y a t’il un souvenir « numéro 1 » qui a déclenché en nous la première expérience de beauté et qui nous guidera à vie sur nos goûts artistiques ?
Les enfants ne peuvent pas apprécier le jazz, c’est trop complexe pour eux, c’est pour cela qu’on écrit pour eux des comptines ou des berceuses très simples en terme de mélodie et d’harmonie, cela les aide à intégrer la langue locale notamment.
Alors comment en viennent-ils à apprécier le jazz plus tard ? Cela leur rappelle peut être une mélodie ou un accord entendu dans une berceuse, les nouveautés dans cette musique jazz ayant été associées à quelque chose que l’auditeur connaît et qu’il trouve beau (la berceuse), donnant l’étiquette de «beau» à ce nouveau matériau.
Un souvenir de la petite enfance qui pourrait s’apparenter à la beauté, serait une berceuse chantée par la mère. Ce n’est pas « bon » dans le sens où ce n’est pas utile pour le corps, mais c’est agréable. Ce que Kant appelle de « beau » : agréable mais inutile.
Faire une séance d’hypnose sur la petite enfance ? Peut-être même dans le ventre de notre mère quand on l’écoutait nous chanter une berceuse ?
La beauté prends des dérives, on aime ce qui est beau. Évidemment, tout le monde sait que la beauté peut-être subjective, mais ça n’est pas la question. Que l’on trouve un ramassis d’ordure beau ou une fleur belle, nous sommes tous pareils : nous aimons ce qui est beau. C’est la définition même du beau : ce qui suscite l’admiration, une certaines satisfaction.
Le film « Minuit à Paris » de Woody Allen pointe du doigt le phénomène de fascination des époques passées (épargnons dans ce topic les polémiques sur ce réalisateur, c’est son idée artistique qui nous intéresse ici et on risquerait de partir en HS).
Speech du film : 2010, un scénariste est très attiré par les années 1920 : l’ambiance, les fringues, le vocabulaire, la légèreté de vivre.
Il se retrouve par enchantement propulsé dans le passé des années 1920 et y fait la rencontre d’une charmante dame avec qui il flirte. Mais… Cette dame rêve aussi du passé, plus particulièrement des années 1890 (que l’on appelle « la belle époque »). C’est ainsi qu’en discutant, elle lui explique qu’à chaque époque, il y a des gens qui fantasment sur les époques passées. Tout comme les gens du Moyen-âge qui auraient pu fantasmer sur la Renaissance, et les gens de la Renaissance qui ont probablement fantasmés sur l’époque Antique (la Renaissance doit son nom à la redécouverte d’archives antiques (philo, littérature etc.)).
Ce film m’a rassuré, je me suis senti moins seul dans mon délire.
Mon champs d’étude s’est alors élargi : fantasmer sur le passé, c’est un truc d’artiste ? Ou les non-artistes n’y font simplement pas attention ?
Par « artiste » j’entends les créateurs mais aussi les spectateurs (d’une manière générale : ceux qui s’intéressent à l’art)
Il y a quelques temps je suis tombé sur une vidéo de Stendhal Syndrome (chaîne YT qui présente l’œuvre de plusieurs artistes controversés, plus ou moins connus) : « Sur la ligne du temps ».
Ce type a clairement pointé du doigt mon sujet, il a constaté que le passé fascinait. Mais ce qu’il ajoute à cela, c’est la constatation du temps : ce n’est pas le passé qui nous fascine, mais le temps écoulé.
Les épaves, les cités englouties, les ruines… tout ça n’a rien d’artistique (or oeuvres cherchant principalement la beauté comme les statues ou certaines architectures), et pourtant nous sommes émerveillés. Émerveillés de la même façon qu’un adulte quand il retrouve un jouet de son enfance.
Le temps est un sujet qui attisent de nombreux curieux, beaucoup de personnes ont du mal à concevoir le temps (peut-on vraiment ?).
Dans un autre domaine encore : John Koenig, néologiste américain, propose un mot dans son dictionnaire : Anemoia.
L’anemoia, c’est le sentiment de nostalgie face à quelque chose qui nous est totalement étranger.
Exemples :
-Être nostalgique devant un vieux documentaire en N/B, alors que l’on a jamais vécu à cette époque
-Être nostalgique en se baladant dans une nouvelle ville alors que l’on n’y a jamais mis les pieds.
Il y a quelques années, je pensais que l’anemoia était due au fait que notre cerveau ne comprenait pas ce qu’il se passait : il arrive dans un environnement, mais comme il ne se souvient pas y avoir mis les jambes, c’est que ça doit être un souvenir vraiment très très vieux. Alors il appuie sur l’interrupteur « nostalgie ».
(non, pas la radio)
Je ne suis pas un scientifique, je n’ai ni la connaissance ni le matériel pour effectuer des recherches neurologiques, ou des psychanalyses crédibles.
C’est pour quoi je me contente à ce niveau d’observer et de commenter. J’aimerais avoir vos avis sur la question afin d’enrichir le sujet. Votre vision, vos hypothèses, vos théories, des articles, des livres, essais etc.
Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises réponses, ce n’est qu’une bribe de thèse. Si vous pensez différemment ou êtes en total désaccords balancez la sauce !
Alkanédon - posté le 07/12/2020 à 11:29:20. (8355 messages postés)
Euh non AzRa, je t'ai dit que j'allais perdre mon statut de roi (contre mon gré donc oui sur le moment ça casse le délire et mon quart d'heure de gloire) mais surtout que t'aurais pu régler ça en MP comme un grand, avec la modération par exemple.
Parce que là c'est impliquer tous les membres du parti dans ta non-compréhension de l'ironie et des blagues payantes d'oniro.