| @Doude
Il y a une série de Monsieur Phi sur la philosophie du langage; les faisceaux sémantiques, Jack l'éventreur etc. Je ne sais pas si tu l'as vue, en tout cas je te la recommande, ça pourrait nourrir ta réflexion sur le sujet.
https://www.youtube.com/watch?v=o_cJsatgwx0&list=PLuL1TsvlrSncCs_Yew_gj-4IwOXG6q1gi&index=19
Je dirais qu'il y a plusieurs paliers dans la réflexion autour des mots. Au début, on utilise le langage sans se poser de question, on croit que les concepts se superposent à la réalité. Puis parfois on passe au deuxième palier, où on se rend compte que les mots sont des cases et que rien de la réalité ne rentre parfaitement dedans. On est dégoûté par l'écart entre la complexité de la réalité et la simplicité du langage. Mais ça serait dommage de rester à ce deuxième palier, en pensant avoir atteint le sommet, sous prétexte qu'on a triomphé du premier palier.
Comme toujours, la simplification a un coût élevé, on sacrifie de la descriptivité de la réalité, mais elle permet de raisonner, tirer des conclusions. Les mots, même s'ils sont tous faux dans la mesure où ils ne sont pas vrais à 100%, restent extrêmement pratiques, il ne faut jamais oublier ça, il ne faut pas leur enlever ça. Ça serait très dommage de ne regarder que les inconvénients et pas les avantages pour juger le troc de la descriptivité de la réalité en échange de la capacité à se représenter le monde. Le cerveau n'est pas assez puissant pour se représenter le monde comme une soupe de particules élémentaires en mouvement. Tu dois passer par des concepts : des humains, des arbres, etc.
Je ferais le parallèle avec la science : des modèles simplifiés permettent de tirer des conclusions très intéressantes, théorèmes etc., mais un modèle très complexe, fidèle à la réalité, n'a que ce réalisme comme qualité, puisqu'on ne peut généralement rien en tirer, rien en déduire. Un physicien, lorsque tu lui demandes ce qui se passe quand on propulse une vache dans le ciel, il commence sa réponse par "soit une vache sphérique dans le vide". C'est ridicule, mais ça permet quand même d'avoir une bonne approximation de ce qui va se passer. J'ai l'impression que rejeter les mots sous prétexte qu'ils sont des cases imparfaites, c'est comme jeter à la poubelle la science théorique sous prétexte qu'elle fait des simplifications.
Il y a un juste milieu à viser : ni trop de réalisme, sinon on est incapable de penser le monde, ni trop de simplification, sinon on fait des erreurs de raisonnement en éloignant son modèle mental de la réalité. La quête est celle du juste milieu.
Idem concernant la communication : on fait passer 80% de l'idée avec une phrase simple et fausse, puis l'interlocuteur comprend tout seul le reste... ou bien il nous interroge sur les détails, les cas particuliers, et on refait une phrase plus lourde pour prendre en compte 80% des 20% restants. Et ainsi de suite. Je vais faire le coup des 20% restants à trotter juste après, tu vas voir, ça va être marrant.
De manière plus générale, les "grandes idées" sont à double tranchant, car elles nous donnent la sensation d'une révélation et puis nous enferment dans un prisme idéologique, on a soudain l'impression de comprendre le cosmos tout entier, sauf qu'on devient un marteau qui ne voit que des clous partout. Le piège mortel, c'est que ces grandes théories ont une cohérence interne, ce qui se confond aisément avec de la vérité. Les "grandes idées" (déterminisme, essentialisme, évolutionnisme, marxisme, utilitarisme...) il faut les rencontrer, les comprendre, les maîtriser, c'est important, mais il faut aussi les laisser reposer, les nuancer, les enrichir d'éclairages contradictoires. Le véritable achievement du philosophe, c'est d'atteindre le troisième palier pour chaque "grande idée".
@trotter
Plein de beaux messages de sagesse pour atteindre l'ataraxie cosmique , cela dit je nuancerais cette phrase :
Citation: -à rester dans le moment présent (et pas regretter le passé ou s'inquiéter du futur) |
C'est facile de ne pas s'inquiéter du futur et de vivre 100% dans l'instant présent quand on est le Dalaï Lama et qu'on a 50 serviteurs pour nous nourrir et nous torcher le culz, mais essayer de prédire le futur et de se préparer à toute éventualité c'est un peu la base de la survie. C'est pas non plus la jungle, mais la vie est mouvementée. Les gens qui vivent toujours dans l'instant présent, ils ouvrent leur frigo et il est vide ! "Tss tss j'aurais dû faire les courses hier plutôt que de jouer à Zeldo." Cheh !
@Doude
Agh je me rends compte que j'ai fait le 80% du 20% de ton 80%. Tu as maintenant deux options : répéter ton 80%, ou bien, plus perfide, faire le 80% du 20% de mon 80%, c'est-à-dire le 80% du 20% du 80% du 20% de ton 80%. Attention, tous les empilements de pourcentages sont réinitialisés aux changements de page de topic.
|