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minusc -
posté le 27/02/2009 à 18:14:02 (239 messages postés)
| Citoyen de Rapture | Etant-ce ma problématique pour mon travail de fin d'étude, et étant-ce également une énorme question, sans réponse, vus sa subjectivité, je viens vous proposer de se lancer dans la discussion interminable mais presque pas douloureuse qu'est "Le jeu-vidéo est-il un art ?". Je ne doute pas que sur un forum de making, 90% de vous dirons "Oh que oui !", mais peu importe.
Ceci dit, par la même occasion, pour mon travail, j'analyse trois jeux (oui c'est peu, mais j'ai que 15 pages pour tout faire) qui sont "Killer 7", "Rez" et "Metal Gear Solid : the twin snake". Je voulais savoir ce que vous pensez de ce choix, et ce que vous me conseilleriez comme jeu officiel, un minimum reconnus (parce que je sais bien qu'il y a tout plein de jeux, tell Off, qui sont artistique, mais ça va pas trop le faire de présenter des jeux amateurs ou inconnus au bataillon) à analyser pour démontrer à ces incapable de directeur d'écoles que j'ai raison et que eux pas du tout.
J'en arrive à mon avis.
D'après moi, le jeu vidéo est simplement un autre support d'art, aux côtés de la peinture, de l'architecture, de la musique, et de leurs vieux frèros. Tout comme le cinéma a ouvert la porte à une plénitude de possibilité jamais imaginées auparavant, le jeu-vidéo en ouvre des milliers d'autres.
Bon, c'est rudement compliqué à expliquer, mais prenons un exemple. "Metal Gear Solid" (1er du nom). Si vous n'y avez pas joué et que vous comptez y jouer un jour, spoiler.
Spoiler (cliquez pour afficher) Le combat contre Psycho Mantis. Si vous n'y avez pas joué et que par curiosité, vous lisez quand même ceci, Psycho Mantis est un boss qui sait lire dans la pensée des gens et les contrôler via cette technique. Et bien avant de commencer le combat, il veut démontrer ses capacités au joueur, et lui demande donc de poser sa manette sur le sol. Il dit qu'il va la faire bouger par la pensée, le vibrato de la manette s'enclenche, elle bouge. Plus tard, il change la chaine de la tv pour te perturber, il te fait des commentaires selon les sauvegardes sur ta carte mémoire, et la seul méthode pour l'éliminer, c'est de changer le port de ta manette.
C'est très étrange quand le jeu-vidéo te demande de faire quelque chose, ça, c'est un truc qu'on saurait pas faire en film, en peinture, en dessin, en n'importe quel autre support. Il n'y a que en jeu vidéo qu'on verra ça. Ca fait un peu une baffe dans la gueule, qui te rappelle que t'es posé devant une tv, et que c'est juste un jeu-vidéo. J'ai eu la même sensation à la fin de "Off" de Mortis Ghost (que je ne révèlerai pas, mais qui est trop puissante), et à divers moment de "Killer 7". C'est une des principale raison pour laquelle je considère le jeux-vidéo comme un art. Bon, il y a aussi le sens (dans "Metal Gear", le nucléaire, le manipulation, bref, plein de choses qui critique le monde actuel), l'esthétique (qui se perfectionne encore jour après jour), la musique (la bo de" the shadow of the collosus" est monstrueusement belle), bref, on pourrait faire une liste.
Tel est mon avis. Et rien ne vous oblige à le suivre, pour sure. J'aimerais juste connaitre celui des autres. Puis j'en ferai peut être des citations, ça fera classe dans mon travail
Merci.
ps : je suppose que vous en avez déjà par mal parlé non ? Mais je trouvé aucun post qui en parlait officiellement... Alors j'ai sauté dans le ravin.
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fistandantilus -
posté le 27/02/2009 à 23:19:09 (6239 messages postés)
| [base d'avatar par Mael - merci m'sieur :) ] | Alors, déjà et pour commencer, je suis pas sûr que ton exemple soit forcément le bon. Y un effet psychologique de manipulation du joueur qui est mis en place, mais c'est plus de la rhétorique que de l'art à proprement parler (bien sûr, l'art a une fonction rhétorique aussi, mais beaucoup moins de nos jours).
Les deux autres jeux que tu cite, je ne les connaît malheureusement pas, je ne peu pas dire donc si iles exploitent le potentiel artistique de ce medium qu'est le jeu vidéo.
Des exemples maintenant connus pourtant, il y en a, et pas qu'un peu.
Au niveau de l'art purement visuel, je ne citerait pas la floppée de shoot'em up qui pourrait concourrir au titre, tellement il y en a. Il suffit de regarder les paterns proposés dans les pires jeu du genre pour se rendre compte de ça.
(je ne connaît pas ces jeux, j'ai pris ces images au pif pour illustrer, il faudrait chercher mieux et plus longtemps)
et je pense que (Ben)² pourra citer bien mieux que moi des exemples
Un jeu très récent et qui en impose sur le plan artistique, en ajoutant une maniabilité particulière au travail purement visuel, est le shoot Big Bang Mini sur DS, très réussi visuellement, plein de couleurs qui partent en n'importe quoi avec des aspects qui varient selon les niveaux, et le tout plus ou moins soumis au joueur (malheureusement, je n'ai pas eu l'occasion de le tester, j'eût aimer).
Par ailleurs, des jeux récents et très artistiques, il y en a : I Wish I Were The Moon(ici) et I Fell in Love With The Magesty Of Colors(là), tout deux respectivement de Daniel Benmergui et Gregory Weir. Très intéressants conceptuellement, ils se rapprochent des arts "classiques" de par leur sensibilité et leur moyen d'expression. Le plus rapide, je pense, c'est de les tester
Bon voilà, je m'arrêterais là pour l'instant -la flemme de me fouiller et détailler plus ce soir -, mais j'engage vivement à créer un topic de débat sur le forum, malgré les risques que cela implique en termes de flood : c'est plus pratique à suivre, et plus de gens seront amenés à intervenir.
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Gaetz -
posté le 28/02/2009 à 00:22:07 (2394 messages postés)
| ...passe... | Alors, avant de me fâcher, un très bon dossier de canard pc. Il pourra te servir à déblayer quelques pistes/penser à celles que tu auras ignorées.
Le jeu vidéo est-il un art ?
Je suis notamment un fervent supporter de l'argument suivant :
Citation: Soyons honnêtes, testeurs comme joueurs, nous sommes loin de disposer d'une connaissance en histoire de l'art (musicale, littéraire ou cinématographique) suffisante pour porter un jugement dépassant le simple "ça me touche/ça ne me touche pas", ou pire "j'aime/j'aime pas". Sans compter que le plaisir immense retiré de certains jeux vidéo nous amène souvent à faire preuve d'une véritable mauvaise foi, d'un aveuglement bien pratique. Et on peut en toute honnêteté se demander si les gens qui considèrent Final Fantasy, BioShock ou Fallout comme de l'art ou qui comparent Mario bouffant un champignon et Guernica ne font pas tout simplement preuve d'une inculture particulièrement enthousiaste. |
fistandantilus : une recherche graphique peut-elle être considérée comme de l'art ? Le jeu que tu screenes c'est Imperishable Night, du Touhou Project.
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fistandantilus -
posté le 28/02/2009 à 00:33:25 (6239 messages postés)
| [base d'avatar par Mael - merci m'sieur :) ] | Dans les sens où j'ai (rapidement) tenté de le montrer, foui ^^
Par exemple, on pourrait dire dire que la modernité, en peinture entre 1890 (environs) et 1945, c'est une énorme recherche graphique (en grossissant à mort ^^), et après aussi d'ailleurs (mais le conceptuel prends alors de plus en plus de place et ce n'est plus purement graphique comme recherche).
La rechercher graphique pour la performance graphique, non effectivement ce n'est pas de l'art (encore que, on pourrait le défendre ), mais la recherche graphique qui va dans le sens de l'expressivité du visuel et/ou la sensation donnée par le visuel, oui, à mon sens c'est une recherche artistique.
Mais bon, l'art aujourd'hui c'est une notion très floue, j'ai eu un cours assez long pour me l'expliquer Je piocherais dans ces infos au fur et à la mesure du besoin, quand j'en aurais la force -trop tard là
Ps : attention, nulle part je ne prétend dire que *tout* les jeux vidéo sont de l'art. Il faut plutôt me lire comme : tel la peinture ou le cinéma, le jeu est vidéo est un médium qui se prête tout à fait à une expression artistique.
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minusc -
posté le 28/02/2009 à 01:28:32 (239 messages postés)
| Citoyen de Rapture | Gaetz => J'ai un peu de mal à comprendre où tu veux en venir. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'inculture, mais je suis tout à fait d'accord avec toi en ce qui concerne les ploucs qui considèrent qu'à partir du moment où il y a plaisir il y a art. Je ne considère pas tous jeux vidéo comme art, mais le support de jeu-vidéo comme parfaitement propice à une utilisation artistique. Par contre, oui, je considère que "Ode pour l'anniversaire de la Reine Mary" de Purcell est moins beau que le bo de Final Fantasy Cristal Chronicle, et que Killer 7 est plus intéressant que "Fontaine" de Marcel Duchamp (un simple urinoir renversé, pour info).
Mais comme le dit fistandantilus, l'art est une notion ultra-subjective, à peu près indéfinisable, ou en tout cas terriblement dure à définir, car chacun en a une définition personnelle.
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kilam1110 -
posté le 28/02/2009 à 10:57:39 (9159 messages postés)
| | La comparaison avec metal gear solid est un tres bon exemple. Pour moi c'est le jeu qui se rapproche le plus d'un film, il est intéractif, si bien que kojima essaie de "passer" la frontière séparant le joueur du jeu video. Spoiler, ne lisez pas si vous voulez vous lancer dans mgs2 :
Spoiler (cliquez pour afficher) Par exemple, les patriotes à la fin du jeu subgèrent que depuis le début nous aurions joué... A jouer ! Le joueur est dirigé, et ils mettent l'accens sur le fait que les jeux video ont une limite, un contexte d'ou l'on ne peut pas sortir (par exemple un mur qui empêche de sortir d'un niveau)
Bref c'est qu'en meme long donc j'abrège ; mais oui, le jeu video est un art
Et surtout, choisi metal gear solid pour ton analyse
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Gaetz -
posté le 28/02/2009 à 11:13:46 (2394 messages postés)
| ...passe... | Come come ya, sooons of art...
Tu tombes mal pour la référence, j'adore cette chanson. Henry Purcell c'est un peu le U2 du XVIIe siècle
En ce qui concerne l'urinoir de Duchamp, tu as peut-être du mal à l'apprécier par ce que tu ne cherches pas au bon endroit. Je ne pense pas que Duchamp ait voulu prouver la valeur esthétique d'un urinoir. Par contre, en l'exposant, il s'est *placé* d'une certaine manière dans le champ de l'art, en remettant en cause ses frontières et sa définition. Une interprétation de l'urinoir peut être : "Vous voyez, dès qu'on expose un truc dans un musée, votre regard change et vous vous interrogez. Alors cet urinoir est-il moins artistique qu'un tableau de grand peintre ?"
Ce n'est pas l'urinoir qui est artistique en tant que tel, c'est ce qu'il créé. Et ce qu'il préfigure aussi, puisque pendant une bonne partie du XXe siècle, les artistes vont remettre en cause, avec plus ou moins de génie, la notion "d'art".
Où je veux en venir... Déjà, je te filais cet article parce que je trouve qu'il règle un certain nombre de problèmes, et qu'il te permettra d'accélérer ta recherche (si tu n'as pas encore abordé ces problèmes).
Où je veux en venir avec la citation que j'ai extraite :
Citation: Par contre, oui, je considère que "Ode pour l'anniversaire de la Reine Mary" de Purcell est moins beau que le bo de Final Fantasy Cristal Chronicle, et que Killer 7 est plus intéressant que "Fontaine" de Marcel Duchamp (un simple urinoir renversé, pour info). |
Ne t'es-tu pas dit que si tu n'arrives pas à apprécier Purcell ou la Fontaine de Duchamp, c'est parce que il te *manque* quelque chose pour y accéder ? Ne t'es-tu pas dit que si tu apprécie FF Cristal Chronicle et Killer 7, c'est parce ce qu'ils sont faits pour plaire - et qu'ils ne sont pas artistique pour autant ?
Ce qui arrive souvent, quand quelqu'un pose la question "le jeu vidéo est-il un art", c'est que cette personne tente de donner au jeu vidéo un statut artistique, PARCE QU'ELLE NE CONNAIT RIEN D'AUTRE que le jeu vidéo. Pour ma part, je pense que le degré de travail, de raffinement, de recherche, de spécificité, de jeu avec le "regard" et avec les autres éléments du domaine, d'absolu, de vie consacrée, de réflexion intellectuelle, d'universalité, de créativité, de poésie... du jeu vidéo sont aujourd'hui très insuffisants par rapport à ce qui se fait dans d'autres domaines, pour que le jeu vidéo prétende à un statut d'art équivalent à celui de la musique, de la littérature, de la peinture au sens large ou même du cinéma.
J'ajoute que le statut d'art souvent réclamé par les tenant du jeu-vidéo-comme-art est un leurre. Ces gens cherchent plutôt une reconnaissance de l'institution, pour justifier le temps qu'ils ont passé derrière leurs consoles de jeu.
Après, je ne nie pas que certains jeux sont sur la bonne voie. Zelda a réussi a créer son propre mythe, et fonctionne sur un mode de répétition/réutilisation/variations qui ressemble à ce qui se faisait en littérature à la création du roman, entre le VIIIe et le XIIIe siècle en France. Et c'est super chouette à jouer. Okami a réussi a rendre l'ambiance d'une estampe qui bouge - un peu comme le magnifique dessin animé Brendan et le Secret de Kells (que je conseille à tous ceux qui aiment les livres) a réussi à figurer un livre enluminé animé. Imperishable night, qu'on m'a déjà présenté dans un débat du genre avec Valcorm, présente un intérêt à cause de son abstraction et sa recherche - pour moi par contre, son côté graphique ne vaut pas grand chose, puisqu'il reprend des structures qui existent depuis très très longtemps dans la plupart des pays du monde ; l'avantage c'est qu'elles bougent. Beyond Good and Evil (sisi) raconte une belle histoire avec des persos géniaux en donnant le mieux de ce qui se faisait sur console, dans des jeux genre Rayman ou Crash Bandicoot.
Citation: Mais comme le dit fistandantilus, l'art est une notion ultra-subjective, à peu près indéfinisable, ou en tout cas terriblement dure à définir, car chacun en a une définition personnelle. |
Ah ouais ? Pourtant tout le monde semble être d'accord pour dire que certaine choses sont artistiques et d'autres ne le sont pas. Et certains cherchent même à faire accepter aux autres que le jeu vidéo est un art
Edit -
Qui plus est, la pensée de l'art comme truc personnel, expression du moi, extériorisation de l'irréductible individualité est très datée - par exemple, XIXe siècle pour la poésie, avec le romantisme. Il est important de savoir que l'Art, ça n'a pas toujours existé. Jusqu'à la Renaissance - et peut-être après, mes connaissances sur le domaine sont réduites - les artistes ne signaient pas leurs oeuvres. "L'art" servait à la religion par exemple : décorer un objet et le rendre beau, c'était montrer sa nature sacrée. On enluminait les livres parce qu'ils étaient rares et importants.
La notion de "mon rapport à l'art est totalement personnel", est encore plus moderne. Duchamp n'y est pas étranger.
Citation: La comparaison avec metal gear solid est un tres bon exemple. Pour moi c'est le jeu qui se rapproche le plus d'un film, il est intéractif, si bien que kojima essaie de "passer" la frontière séparant le joueur du jeu video. Spoiler, ne lisez pas si vous voulez vous lancer dans mgs2 |
Donc le cinéma est un art. Mais le jeu vidéo qui s'inspire du cinéma ? Je ne crois pas : dans ce cas, le jeu vidéo est un support pour l'art d'un autre domaine - le cinéma. Comme il peut être un support pour la création graphique ou la musique - toujours comme le cinéma d'ailleurs.
En ce qui concerne le passsage de la frontière joueur/jeu/réalité, c'est quelque chose qui existe en littérature depuis très longtemps. Par exemple, l'abbé Prevost (XVIIIe siècle), dans Manon Lescaut, fait croire au lecteur qu'il lui est arrivé quelque chose, et qu'il ne fait que raconter ce qui lui est arrivé. Diderot utilise aussi ce procédé.
Dans le jeu vidéo, il y a d'autres exemples, plus anciens. Genre Nomad Soul.
* Felwynn summon *
A l'ssue du débat avec Valcorm, tu avais dit que tu avais beaucoup à rajouter et à complexifier à propos du statut d'art du jeu vidéo. Ca m'intéresse beaucoup.
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mtarzaim -
posté le 28/02/2009 à 12:31:10 (2926 messages postés)
| Anaxagoras -500 BC | L'OP (Original Poster, le premier posteur quoi) est un petit malin : sous couvert de lancer un débat et de faire un article de fond, il attend juste que les autres posteurs lui servent son devoir tout préparé.
... nan, je déconne (quoique ... ).
Bref, déjà pense à faire un effort niveau grammaire et ortho, parce que pour un devoir de "fin d'études", ça fait quand même pas sérieux ("etant-ce", "tell"). Et insulter les juges n'est pas non plus une bonne idée. Si tu pars du postulat "ils sont cons, je suis intelligent", tu vas vite te faire remettre à ta place dans ton argumentation lors de l'oral (si oral il y a), et dans la correction de l'écrit (sauf s'ils sont gentils, ou qu'ils n'en ont rien à faire).
Donc déjà, pense à bosser le contenant.
Maintenant, niveau contenu.
Tes choix peuvent être pas mal, mais pour un public néophyte, je conseillerai plutot des titres qui leur parleront plus, au lieu des blockbusters.
- Auditorium http://www.playauditorium.com
Ca c'est un jeu artistique, de son concept à sa réalisation. Ca devrait leur parler plus qu'un enième super soldat qui tue tout ce qui bouge parce qu'il sont méchants et que c'est un gentil (désolé, mais MGS se résume d'abord à ça).
- Understanding games http://www.pixelate.de/games/understanding-games
C'est en anglais, mais la démarche est excellente. En plus, tu montreras à tes juges que tu appuies ton argumentaire sur autre chose que jeuxvideo.com.
- Ico/Shadow of the colossus
L'un comme préfigure une approche visuelle du jeu vidéo, plus que ludique. Les concepteurs ont d'abord réfléchi à la construction graphique (et sonore) de leur production avant son gameplay. Le joueur est aspiré dans leur univers, essayant de donner un sens à ce qu'il voit/perçoit, au lieu de juste le jouer comme un passe-temps.
Ensuite, pour contrer un peu Gaetz (faut bien s'amuser dans la vie).
Le jeu vidéo puise ses mécaniques dans celle du livre, de la musique, du cinéma, de la peinture, de la sculpture, etc.
En gros, le jeu vidéo englobe toutes les autres formes d'art l'ayant précédé, tout comme le cinéma englobe toutes les autres formes d'art l'ayant précédé.
Pourquoi une création englobant des formes d'art ne serait-elle pas un art elle aussi ?
Le film demande bien de la musique, des décors, des vêtements, une réflexion sur les jeux de lumière, sur les angles de vue, sur la narration, sur les dialogues, etc.
Le jeu vidéo s'appuie également sur tout cela, mais en prime, il ajoute une dimension supplémentaire : l'intéractivité, et la difficulté qui en découle, obliger le joueur à vivre l'histoire en lui laissant croire qu'il est libre de la modifier.
Qu'est-ce qu'un art en réalité ?
Je dirais que c'est une perspective qui n'existe que le médium observé, et pas dans les médiums inclus.
Dans l'exemple du cinéma, il s'agirait du montage.
Le film a besoin des médiums qu'il englobe pour être vraissemblable (i.e de la musique, des décors, des images, des angles de vue, un scénario, des personnages, etc.),mais il doit aussi y ajouter un élément qui n'appartient qu'à lui, et pas aux autres formes d'art.
Pour moi, il s'agit du montage des séquences, afin de raconter et mettre en valeur tous les autres éléments, provoquant ainsi les émotions du spectateur. Un grand peintre est capable de faire un magnifique tableau. Il est aussi capable de faire une succession de magnifiques tableaux décrivant une scène dans le temps. Mais sera-t-il capable de les lier entre eux pour les animer, leur donner vie, et mettre l'emphase sur ce qui essentiel pour la compréhension de ce qu'il veut montrer ? Pas sûr ...
C'est là que le cinéma devient un art : réussir l'osmophose entre tous les arts qu'il inclut, tout en les dépassant pour provoquer l'émotion chez l'observateur. Quelque chose d'unique, que seul le cinéma peut accomplir.
En appliquant cette logique au jeu vidéo (un art en plus, plutot qu'une somme d'arts), son point fort est donc la manière dont les concepteurs vont obliger le joueur à suivre le film qu'ils ont monté, tout en lui laissant un minimum de liberté pour le faire.
Il s'agit donc de prévoir ce que va faire le joueur, ou mettre en place des mécaniques pour l'obliger à suivre le déroulement, tout en lui laissant l'illusion du controle.
Contrairement au cinéma, où le spectateur subit le film de A à Z, le jeu vidéo demande au joueur de s'impliquer dans l'histoire et son déroulement, la fin dépendant uniquement de ses capacités propres, et non du bon vouloir du réalisateur.
Bien sûr, on peut aussi considéré que le mix entre les différentes formes d'art qui composent le jeu vidéo demande aussi du talent, ne serait-ce que pour les concevoir.
Mais ces conceptions restent artistiques en dehors du jeu vidéo : un artwork sera toujours beau (artbook), une musique sera toujours envoutante (OST), une histoire sera toujours bien écrite (roman), un décor sera toujours réussi (rip de RTP, éditeurs de niveau).
Les formes d'art que le jeu englobe restent de l'art en dehors de lui.
Il n'y a donc pas d'artiste du jeu vidéo, parce qu'il sait dessiner des artworks comme un dieu. A ce moment là, c'est un peinture/dessinateur de talent, et son talent serait le même dans une galerie d'art que sur une pochette de CD.
Le vrai art dans le jeu vidéo se situe dans la capacité d'implication du joueur dans son aventure virtuelle (que ce soit RPG ou autre).
La célèbre scène de l'Opera dans FF6, où Celes se met à chanter dans un décor de carton-pate, sur la musique sublime de Aria, est une expression d'art. Non pas par les graphismes, minimalistes mais pourtant expressifs, ni dans la musique, excellente et d'une qualité rarement entendue pour l'époque (et encore aujourd'hui), ni dans l'écriture, transformant d'un coup une guerrière hybride en chanteuse sensible et talentueuse, mais bien dans la façon le joueur est amené à vivre cette scène, à travers les actions qu'il a dû entreprendre pour en arriver là.
Cet art là est renforcé par une scène quasi identique, lors de la fin du monde où, à présent seule sur une ile déserte à l'agonie, Celes décide d'en finir en se jetant du haut d'une falaise, toujours sur cette même musique. Du jamais vu à l'époque, et du rarement vu encore aujourd'hui (cf Eternal Sonata, qui tente de nous refaire le coup, en rajoutant du patos inutile jusqu'à la nausée).
Cette scène aurait pu être très réussie dans un film, une musique, une peinture ou un livre, mais c'est dans la façon dont le développeur a réussi à impliquer le joueur pour cet instant crucial qui relève bien de l'art à part entière.
La cut-scène où la Terre est ravagée, le joueur s'éveillant dans une maison délabrée, sans sa clique de persos et sans connaissance du temps écoulé, la recherche de nourriture pour garder en vie la dernière personne en dehors de Celes, la mort de celui-ci et la prise de conscience de Celes sur sa situation, sa lente marche vers la falaise face à laquelle le joueur ne peut qu'assister impuissant, tiraillé entre acceptation de la lassitude de son heroine et son refus de laisser l'histoire s'achever ainsi.
On parle ici de storytelling : la manière de faire vivre une histoire et suciter des sentiments.
Si le jeu vidéo est une forme d'art, elle se situe indéniablement ici : l'art de faire vivre une autre vie comme si c'était la sienne.
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Projets terminés : DIX Life Precious - TheFrogStudio.Net |
fistandantilus -
posté le 28/02/2009 à 12:45:36 (6239 messages postés)
| [base d'avatar par Mael - merci m'sieur :) ] | Pour continuer sur Duchamp et sa fontaine : cette oeuvre, la deuxième de se type (le premier ready made de Duchamp, dont je n'ai plus le nom en tête, date d'un ou deux ans auparavant) ne peut se comprendre en dehors de son contexte très particulier. Pour faire simple, elle se place dans la lignée de toutes les recherches artistiques avant elle depuis l'époque du romantisme (en gros hein), une démarche de déconstruction de ce qui faisait au départ les oeuvres académiques héritées des conceptions de la renaissance. En bref, la fontaine vise à montrer qu'un objet courant peut devenir par la simple volonté de l'artiste. L'objet d'art n'est ainsi plus définit comme tel ni par le sujet, ni par la technique, mais plus simplement par la pensée et la volonté de son créateur.
Il faut ajouter que cette oeuvre est une provocation vis à vis d'une exposition qui se vantait de vouloir accpeter "toute oeuvre d'art que l'on désirerait y présenter".
Donc non, ce n'est pas "un simple urinoir renversé". en revanche, si tu le fait chez toi aujourd'hui, il y a de fortes chances que ce soit, effectivement, "un simple urinoir renversé".
Citation: Mais comme le dit fistandantilus, l'art est une notion ultra-subjective, à peu près indéfinisable, ou en tout cas terriblement dure à définir, car chacun en a une définition personnelle. |
Ce n'est pas, mais alors pas du tout ce que j'ai dit J'ai dit que la notion d'art aujourd'hui était plongée dans le flou parce que tout le siècle passé à permis et permet encore de la remettre profondément en cause dans son acceptation traditionnelle qui prévalait dans les disciplines qui se font fort de l'étudier.
En appui à ces question, je me permet de citer l'un de mes cours, qui portait justement sur le sujet de l'art aujourd'hui -cependant, le sujet principal est aussi l'histoire de l'art, donc il y a des endroits où ça se mêle, même si j'ai essayé de clarifier, c'est parfois dur de faire l'un sans l'autre ^^
L’art contemporain brouille les frontières ente les différentes pratiques artistiques et la notion d’art contemporain elle-même en devient problématique - on se rend bien compte de la souplesse du terme dans l’observation d’un artiste plasticien ou encore dans les expositions du palais de Tokyo. Les frontières entre art et non art sont aussi brouillé, confondant même parfois l’art et la marchandise. Les concepts traditionnels ne sont plus adaptés, il se pose la question de savoir s’il existe encore un art alors que tout semble avoir été dit ou transgressé.
Chez certains critiques, on en vient à lire que l’art actuel est « de la merde ». Quoi qu’il en soit, il n’y a plus de critères, la pluralité et la subjectivité semblent régner. Avec cela, c’est tout le système esthétique qui semble s’effondrer.
Citation: J’estime que cela n’a aucun sens de soutenir qu’un tas de brique pourrait être une œuvre d’art |
- Flint Schier dans Visual Theory, Painting and Interpretation, 1991
A partir de ce constat de faillite de la notion traditionnelle d’art, beaucoup de critiques évoquent la « fin de l’art », expression empruntée de l’Esthétique de Hegel, ce qui signifie plutôt la fin d’une certaine histoire de l’art. A. Danto, dans les récits de la fin de l’art (1989), démontre que fin de l’art ne signifie pas arrêt de la production artistique mais fin d’un art créé dans une certaine conception de l’art. Selon lui, l’art au 20ème a connu une transformation en commençant à être réflexif, se questionnant sur son essence, il est ainsi amené à modifier sa propre nature. En exemple, on peut citer la question de la peinture adressée à la peinture par Magritte dans La trahison des images. Par ailleurs, l’art au 20ème siècle renonce aux objectifs que l’on lui prêtait depuis le romantisme, au profit d’un questionnement sur son essence. A ce changement de nature s’ajoute le fait que des objets qui ne sont pas classés d’habitude comme de l’art deviennent désormais étiquetés commet tels, question faisant révélateur de ce changement de nature de l’art. Il y a donc fin de l’art dans le cadre de la notion traditionnelle d’art.
Voilà ce que je veux dire quand je dis que l'art est "dans le flou".
Citation: Pour ma part, je pense que le degré de travail, de raffinement, de recherche, de spécificité, de jeu avec le "regard" et avec les autres éléments du domaine, d'absolu, de vie consacrée, de réflexion intellectuelle, d'universalité, de créativité, de poésie... du jeu vidéo sont aujourd'hui très insuffisants par rapport à ce qui se fait dans d'autres domaines, pour que le jeu vidéo prétende à un statut d'art équivalent à celui de la musique, de la littérature, de la peinture au sens large ou même du cinéma. |
Je ne suis pas d'accord. certes, ces dimensions sont encore trop absentes pour remarquer ce que l'on peut remarquer dans les autres formes d'expression que tu cites. Certes.
Et pourtant, on trouve des jeux qui sont sur la voie, jeux dont j'ai tenté de donner un panorama.
Cependant, est-ce qu'il faut pour autant nier le potentiel artistique du jeu vidéo ?
Non, je ne le pense pas. Pas à moins de nier l'aspect artistique de toutes les production qualifiées comme telles mais qui ne relèvent pas de la réflexion contemporaine... Les fresques de la villa des mystères de Pompéi sont et resteront dans l'acceptation commune de l'art, et pourtant ce qui les sous tend est bien loin de ce qui sous tend, par exemple, un Malevitch. Ce serait aussi dire que les personnes qui s'escriment à maîtriser des types de représentation "classiques", selon les principes de la renaissance j'entends, ne pourraient prétendre à parvenir à des réalisation artistique.
Ce que je cherche à dire ?
Le jeu vidéo est un médium excessivement jeune, et peut être ne faut il pas oublier cela quand on tente d l'approcher sur la plan artistique. C'est indéniable : les premiers jeux ne sont pas le produit d'une réflexion artistique ou plus rigoureusement, la démarche n'avait rien d'artistique en comparaison avec celle d'un peintre/artiste/architecte/etc. du même temps.
Mais quelle est la forme première de la production artistique ?
Depuis l'antiquité et la préhistoire, avec par certains côté une "rechute" au Moyen Âge, la recherche artistique s'est orientée dans une direction presque exclusive : rendre le réel au mieux. Ces milliers d'années d'histoire de l'art, on ne peut et ne doit pas les aborder sous le même angle que les deux siècle de l'art contemporain. Enfin, pour faire très grossier, au début de la production artistique dite contemporaine, la recherche qui vise à rendre le réel a atteint sa limite : c'est le réalisme, mais c'est aussi l'essor concurrentiel de la photographie ! C'est à partir de là que s'amorcent les réflexions qui amènent à ce que mes paragraphe du dessus tentent vaguement d'exposer.
Là où je veux en venir, c'est qu'a mon sens il est tout à fait possible de retrouver cela dans le jeu vidéo. La préhistoire c'est Pong. L'antiquité, Super Marios Bross. Le moyen Âge, l'époque des RPGs au point de vue OVNI que l'on trouve particulièrement sur SNES. La culminance, c'est le photoréalisme exacerbé de FF 32-Z.2X. On pourrait procéder ainsi avec d'autres exemples, j'ai pris dans ce que je connais le mieux ^_^. Cette recherche de la retransmission de la réalité, elle a sous-tendu toute la production vidéoludique jusqu'à aujourd'hui, ou presque. Et maintenant, maintenant que le réalisme semble avoir montré sa limite, on voit apparaître des "trucs" qui ne correspondent plus au modèle de la course au plus beau et à la puissance.
Attention, je ne cherche pas à dire que le jeu vidéo quel qu'il soit est un art. Non, ce serait aussi stupide que l'architecture est un art. Mais justement, comme l'architecture, c'est un support de l'expression, et en ce sens je cherche à légitimer les comparaisons avec les arts plus traditionnels.
Il y aura toujours une dimension d'artisanat décoratif à l'art, et c'est bien cela le stade premier d'une forme d'art. Il ne faut pas oublier qu'une céramique attique à figures noires, que l'on expose avec extase au Louvre, n'était à l'origine qu'un vase... porteur d'une volonté "artistique" d'exprimer quelque chose, de véhiculer un message ou un récit, mais avant tout un objet utilitaire produit par un artisan.
Je pense que le même raisonnement s'applique au jeu vidéo : si la production est avant tout utilitaire, par des "artisans", elle porte ce même potentiel que l'on accorde au vases.
Donc non, le jeu vidéo n'est pas en soit de l'art, tout comme une maison n'est aps en soit de l'art non plus. Mais si la maison dans sa conception et son arrangement peut prétendre à une dimension artistique dans le sens contemporain du terme, alors le jeu vidéo peut le prétendre également... et certains jeux semblent prendre se chemin.
Mais, je peux très bien me tromper.
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Lünn -
posté le 28/02/2009 à 13:28:18 (4233 messages postés)
| | Citation: Gaetz => J'ai un peu de mal à comprendre où tu veux en venir. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'inculture, mais je suis tout à fait d'accord avec toi en ce qui concerne les ploucs qui considèrent qu'à partir du moment où il y a plaisir il y a art. Je ne considère pas tous jeux vidéo comme art, mais le support de jeu-vidéo comme parfaitement propice à une utilisation artistique. Par contre, oui, je considère que "Ode pour l'anniversaire de la Reine Mary" de Purcell est moins beau que le bo de Final Fantasy Cristal Chronicle, et que Killer 7 est plus intéressant que "Fontaine" de Marcel Duchamp (un simple urinoir renversé, pour info).
Mais comme le dit fistandantilus, l'art est une notion ultra-subjective, à peu près indéfinisable, ou en tout cas terriblement dure à définir, car chacun en a une définition personnelle. |
Quand je lis ça je me dis que ton travail d'étude sera vraiment inintéressant.
Déjà je pense qu'il faut tenter de donner une définition, qu'est ce que pour toi l'art, avant d'y répondre. Je suis d'accord avec Gaetz sur pas mal de choses même si pourtant il me semble que le support peut être un outils utilisé à dessein artistique.
Comme le dit Gaetz on voit déjà que tu n'as pas compris les prémices de l'art conceptuel : l'urinoir. Te citer revient à appuyer l'argument de gaetz. Avant de revendiquer le jeu vidéo comme propice à une utilisation artistique, il faut être capable de comprendre comment "l'art", a évoluer au fil du temps et donc surtout : quel est son statut actuel et contemporain.
Pour faire court, je pense que l'art a évolué au fil des siècles, en parallèle avec le contexte historique et sa fonction a donc changée, mutée. Aujourd'hui l'art est souvent mal compris, critiqué parce que peu comprennent sa mutation. La mutation a été d'ordre intellectuelle, les œuvres aujourd'hui sont souvent mises en parallèle avec un discours, la forme étant parfois explicite, parfois implicite ou même provocatrice, ce qui déclenche des réactions plus ou moins hostiles. Les œuvres sont devenues en quelque sorte des "déclencheurs", disons que le spectateur a un rôle. Ça devient intéressant car, le jeu vidéo c'est quoi ? C'est interactif, il demande une réaction, une prise de position. C'est un outils qui a de troublants points communs avec le rôle contemporain de l'art d'après moi.
Citation: Qui plus est, la pensée de l'art comme truc personnel, expression du moi, extériorisation de l'irréductible individualité est très datée - par exemple, XIXe siècle pour la poésie, avec le romantisme. Il est important de savoir que l'Art, ça n'a pas toujours existé. Jusqu'à la Renaissance - et peut-être après, mes connaissances sur le domaine sont réduites - les artistes ne signaient pas leurs oeuvres. "L'art" servait à la religion par exemple : décorer un objet et le rendre beau, c'était montrer sa nature sacrée. On enluminait les livres parce qu'ils étaient rares et importants. |
Je suis d'accord sur le fond même si la façon d'expliquer reste trop vague et pas forcément juste. Pour prendre en exemple uniquement le romantisme dont du parle au début, c'était quoi ? Juste une réaction à ce qu'il se passait avant, une rupture. Les artistes parlaient pour la première fois du ressenti, et d'expression du moi dans leur oeuvres. Alors qu'auparavant il était impensable de dessiner une simple tempête maritime comme métaphore de l'expression de sentiments. Tout est lié au contexte historique, et souvent en réaction a quelque chose. Le romantisme est surement une phase, une mutation de l'art qui a mis en valeur l'artiste lui même, et qui a donné suite à d'autres interrogations.
Revenons au rôle contemporain de l'art, Marcel Duchamp s'est interrogé sur des questions cruciales que beaucoup de gens résument à l'urinoir, avec un air désabusé comme si l'art était devenu un bac a pisse. Ils oublient peut être que c'est un des premiers a avoir posé ces questions qui sont encore à l'ordre du jour : qu'est ce que l'art aujourd'hui ? L'art se résume t'il à une simple signature et un socle dans un musée ? L'art est t'il devenu un discours ? L'urinoir est un objet transporté dans un musée, signé, daté, est ce une œuvre ? (cf pop art). L'artiste, l'objet directement sorti de l'industrie : le discours, est t'il devenu plus important que l'œuvre en elle même ?
Marcel Duchamp pourrait au contraire t'aider à comprendre comment le jeu vidéo pourrait devenir un support propice à des créations artistiques. Au lieu de le prendre en exemple pour dire "lol un urinoir, je préfère killer 7", tu devrais essayer de comprendre comment l'art a muté au fil du temps, et pourquoi aujourd'hui les œuvres sont elles à cheval entre une production et un discours. Le spectateur est souvent intégré à l'oeuvre dans des productions contemporaines.
Pour terminer à propos du jeu vidéo, je pense que c'est un outils. On ne peut pas encore dire exactement le rôle qui va lui être attribué. C'est jeune ! Déjà le public commence à s'élargir, des personnes âgées, des adultes... Pourquoi ce medium commence à toucher un large public, quel rôle a t'il. Et peut on tisser des liens avec les interrogations artistiques contemporaines ? Oui sans doute, l'interactivité, le rôle qui nous ait attribué, la réaction, la prise de décision.
Citation: Le vrai art dans le jeu vidéo se situe dans la capacité d'implication du joueur dans son aventure virtuelle (que ce soit RPG ou autre). |
C'est une question intéressante !
Tu devrais te concentrer sur ces questions, plutôt que de partir comme si l'art et le jeu vidéo avait déjà des fonctions définies et évidentes. Il faudrait chercher à tisser des liens et toucher des points plus profonds, intéressants. Qui ne trouveront pas forcément de réponses mais qui seront bien plus intéressants à lire tant ils mettront en parallèle des choses bien contemporaines.
fistandantilus-> Tu as posté en même temps mais je pense qu'on est d'accord sur pas mal de choses.
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mtarzaim -
posté le 28/02/2009 à 13:28:26 (2926 messages postés)
| Anaxagoras -500 BC | Le jeu vidéo est un médium excessivement jeune, et peut être ne faut il pas oublier cela quand on tente d l'approcher sur la plan artistique. C'est indéniable : les premiers jeux ne sont pas le produit d'une réflexion artistique ou plus rigoureusement, la démarche n'avait rien d'artistique en comparaison avec celle d'un peintre/artiste/architecte/etc. du même temps.
+1 là dessus.
Les jeux vidéo en sont encore à leurs balbutiements d'un point de vue artistique, et ils suivent assez bien (et assez vite) l'évolution de la peinture avant lui (on peut même appliquer cette évolution au cinéma).
Un exemple massue pour Minusc, allant dans le sens mon argumentaire plus haut, qui m'est apparu après quelques réflexions (quand on réfléchit, on trouve des trucs. Etonnant, non ? ).
Super Mario Bros.
SMB c'est quoi ?
Un plombier qui fait des sauts de 10 mètres, aplatissant des champigons agressifs et mangeant des champignons gentils pour retrouver sa taille, le tout pour sauver une princesse quelconque d'une tortue mutante zoophile (ben oui, une tortue attirée par un humain, c'est de la zoophilie pour les tortues normales).
... Bien débile, non ?
En cinoche, ça donnerait quoi ? -> On sait déjà. Ce serait ridicule.
En peinture ? Même chose (encore que, certains fanarts parodiques sont pas mal)
En musique ? Le thème est sympa, mais n'a aucun impact en dehors du jeu lui même. Mélodie de supermarché au mieux.
En livre ? Même JK Rowling ne voudrait pas d'un pitch pareil (désolé, j'ai pas pu m'en empecher ! )
Les éléments de SMB, pris séparement, ne valent strictement rien d'un point de vue artistique.
Pourtant, comment expliquer que le tout soit aussi agréable à jouer/vivre, que les musiques soient aussi culte, que le design soit aussi intemporel, que le personnage soit aussi incontournable ?
Je pense que c'est là où se situe l'art du jeu vidéo : faire que le Tout dépasse de loin la somme de ses parties. Miyamoto a eu une vision, une vision tellement visionnaire que personne, même aujourd'hui n'aurait pu faire pareil. Je pense pouvoir vraiment parler de génie artistique, tant tout dans SMB fonctionne à merveille, malgré la médiocrité des éléments qui le compose.
SMB n'existe que sous forme de jeu vidéo.
Tout autre médium échoue à atteindre le même niveau de plaisir.
Nous avons bien là une forme d'art propre au jeu vidéo, une valeur ajoutée qu'aucun autre art ne peut égaler.
Il existe donc bien un art du jeu vidéo !
EDIT :
Revenons au rôle contemporain de l'art, Marcel Duchamp s'est interrogé sur des questions cruciales que beaucoup de gens résument à l'urinoir, avec un air désabusé comme si l'art était devenu un bac a pisse. Ils oublient peut être que c'est un des premiers a avoir posé ces questions qui sont encore à l'ordre du jour : qu'est ce que l'art aujourd'hui ? L'art se résume t'il à une simple signature et un socle dans un musée ? L'art est t'il devenu un discours ? L'urinoir est un objet transporté dans un musée, signé, daté, est ce une œuvre ? (cf pop art). L'artiste, l'objet directement sorti de l'industrie : le discours, est t'il devenu plus important que l'œuvre en elle même ?
Je n'ai évidemment pas la culture artistique que certains semblent avoir ici, mais je pense qu'un des critères majeurs pour juger de la qualité d'une oeuvre, c'est le travail nécessaire pour obtenir le résultat.
Dans le cas de la Fontaine, si la démarche est intéressante, la valeur de l'oeuvre en elle-même est nulle (dans le sens zero euros). Cette oeuvre aurait plus sa place dans une exposition sur la définition de l'art, que dans une galerie d'art.
Le simple fait de voir les prix adjugés aux "oeuvres" de la vente du siècle chez Christies me dégoute de l'Art tel que la haute société le conçoit (l'important, c'est le prix).
Je ne peux m'empêcher de considérer les artistes (vivants, pas ceux qui sont morts bien sûr) d'être complice d'une gigantesque escroquerie.
Une peinture avec 3 carrés de couleurs vendus des millions d'euros, c'est juste du n'importe quoi.
Les jeux vidéo, demandant une quantité assez conséquente de travail (dans tous les domaines), remplissent déjà ce critère de jugement.
Et aux dernières nouvelles, ils ne sont pas vendus 1 M d'euros pièce.
D'ailleurs, niveau interactivité, le spectateur n'est en rien interactif avec la peinture/sculpture qu'il observe. Le dernier qui a essayé, c'était une chinoise qui a embrassée une toile, et elle a fini en taule (ça donne envie, ce genre d'interactivité).
Tant que l'observateur ne peut réellement laisser son empreinte sur (l'exemplaire de) l'oeuvre, il n'y a pas d'interactivité.
D'ailleurs, on peut aussi se questionner sur la pertinence du talent d'un seul artiste, qui s'appuie sur le talent des autres pour remplir son oeuvre (il ne fait que donner un tableau blanc au public, et attendre que les biftons tombent à la fin).
Un jeu vidéo a au moins le mérite, dans le cas des simulations type simcity ou level-editors type RPG maker, de mettre à disposition des outils spécialement conçus pour maximiser les capacités créatrice de l'observateur. Il y a du boulot derrière, avec un paquet de réflexion et d'analyse.
Donc, dans ce type de cas, et selon ma sensibilité : Jeu Video >>>> art contemporain
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fistandantilus -
posté le 28/02/2009 à 14:00:53 (6239 messages postés)
| [base d'avatar par Mael - merci m'sieur :) ] | Je trouve ta démonstration sur Mario totalement biaisée. Tu montre effectivement que le jeu final à quelque chose en plus que d'être la somme de différents media, et tu appelle ça "art". C'est trop rapide pour être convainquant et j'ai un peu peur que, contrairement à la msie ne garde de Gaetz, tu ne te retrouve à confondre "art" et "plaisir ressenti".
Je dit pas ça pour faire genre etoo, mais rien que ces quelques pavés montre je pense combien il est nécessaire d'être prudent et clair sur les mots que l'on emploi et comment on les emploie - et moi même, je pense qu'il y aurait beaucoup à redire sur ce que j'ai écrit jusqu'ici !
Par ailleurs, tu te fourvoie totalement sur les possibilités d'interaction entre la peinture/sculpture et celui qui la regarde, si je puis me permettre.
Ce n'est pas physique, en général, c'est vrai. Mais comme un livre, c'est mental. nombre d'artistes contemporain jouent ainsi avec le spectateur et l'oeuvre ne prend sens que si tu l'observe. J'ai envie de dire qu'une oeuvre contemporaine ne répond qu'au questions qu'on lui a posé, elle ne pose pas des réponse à des questions qui auraient peut être été évoquées en dehors d'elle même.
L'oeuvre moderne (renaissance, etc.) est un discours, cela fait partie de ses fonctions. Mais l'oeuvre contemporaine elle n'est pas soumise à cet impératif. Il faut faire un petit effort pour voir où l'artiste à voulu mener quoi en général.
Par ailleurs... il y a maintenant des oeuvres qui utilisent des interactions bien physiques.
Dans le cadre du land art, par exemple, l'oeuvre est en interaction totale avec l'environnement. Ça fait des oeuvres en 4D, puisqu'on ajoute aux 3 classique (hauteur, longueur, largeur) la temporalité (l'oeuvre est limité dans le temps ou alors évolue).
Il y en a aussi qui jouent avec le spectateur et ainsi n'existent que par lui, en utilisant des jeux de caméra par exemple - je n'ai plus l'exemple ne tête.
Concernant le prix des oeuvres : ça, faut pas chercher, ça n'a pas grand chose à voir avec l'art lui même hein. C'est la conséquence d'un art d'avant garde : il nécessite un certain niveau de culture et/ou de réflexion pour être appréhender, et ça, ça attire les snobs. Ça ne remet pas en cause les productions elle même (dans l'ensemble, il faudrait regarder au cas par cas pour ce qu'il y a de plus récent, évidement il y en a qui surfent sur la vague, mais ça peut se voir).
Ce que démontre Duchamp justement dans ses ready made, c'est qu'il faut dépasser la matérialité de ton oeuvre. La voir pour ce qu'elle représente, pas pour ce qu'elle est physiquement.
Lünn : oui, je trouve qu'on se complète dans l'ensemble.
PS : un fistandantilus qui défend l'art contemporain, on aura tout vu personne me croirais si jamais je racontais ça.
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mtarzaim -
posté le 28/02/2009 à 14:54:51 (2926 messages postés)
| Anaxagoras -500 BC | @Fistandantilus
Ouais, je sais. Justifier une barre de tordue comme oeuvre d'art, ça doit faire bizarre. C'est la preuve que tu as l'esprit de contradiction, puisque tu contredis ta propre nature !
Pour en revenir sur mon exemple de SMB, le terme plaisir est ici utilisé pour définir une émotion ... que je dirais ... indéfinissable.
C'est comme regarder la Joconde : une nana en portrait (comme des milliers d'autres), avec en fond un décor (comme des milliers d'autres) et un certain réalisme du pinceau (comme des milliers d'autres). Mais il y a quelque chose. Quelque chose de plus qui la rend incontournable.
La somme de ses éléments est inférieur au Tout qu'elle représente.
C'est en cela qu'elle est artistique : il y a du génie en elle, capable de parler à tout le monde, et pas seulement à quelques snobs.
En cela, SMB et la Joconde sont identiques.
Leur créateur a eu une vision, que personne d'autre n'a eu, et il a été capable de mener cette vision à terme, après Dieu sait combien d'heure/jours de travail. Et le Tout provoque du plaisir, dans le sens général du terme.
Quand à l'intéractivité des oeuvres contemporaine, elle est à mes yeux trop souvent gadget.
Plutot un moyen de justifier l'existence de l'artiste comme "ayant des idées artistiques", en faisant quelque chose où on ne l'attend pas (Julien Doré inside ! ) .
L'interactivité, c'est pour moi, de l'action/réaction. Une peinture ne réagira jamais à mes actions (le vigile, c'est moins sûr). Même une sculpture interactive est plus proche du jeu de jardin d'enfant, que d'une vraie oeuvre d'art. Je ne la modifie que temporairement, comme je le ferai avec des jeux en bois ou des Lego. Sauf que mon oeuvre sera détruite quand elle sera démontée ou remise à zéro. Et elle reste la propriété de l'artiste (alors que c'est moi qui est fait tout le boulot ! ) .
Je n'ai ce problème avec les oeuvres classiques. Même un immeuble, je suis capable d'y voir une forme d'art (un édifice créé par des dizaines de mains, dont les couleurs et les formes évolueront avec le temps, symbole de la vie citadine, reflexion sur le devenir de l'Homme, etc. ).
Mais l'Art contemporain me sort vraiment par les yeux.
Trop souvent, je l'assimile à de la fumisterie.
Ce doit être mon coté beauf qui ressort ...
Le point commun de toutes formes d'art est la capacité à happer l'observateur dans leur univers. Livre, film, peinture ou musique, on retrouve cette même force de réincarnation : pour un temps, l'observateur oublie son existence et plonge dans une autre.
Le fait que le jeu vidéo permette aussi cette réincarnation est à mon sens un argument supplémentaire à son existence en tant qu'Art.
Pour en revenir au post d'origine, Killer7 ou No more Heroes, ou Flower, ou Sun Flower and jesais plusquoi (tout les trucs de Suda51 en fait), peuvent très bien s'assimiler à un courant Art Contemporain. Le parti pris graphique est à l'opposé des tendances actuelles (cf FF 32-2. La différence est que, contrairement aux oeuvres réelles, celles-ce restent tout à fait agréable à parcourir, et ne sentent pas le piège à bobos.
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fistandantilus -
posté le 28/02/2009 à 15:17:40 (6239 messages postés)
| [base d'avatar par Mael - merci m'sieur :) ] | mtarzaim : Il n'y a que toi qui t'enferme dans le "piège à bobos", et je parle en connaissance de cause, je raisonnais de la même manière l'an dernier.
Tu pense que ta pensée ne peut pas modifier une peinture ? Si tu regarde sa réalité picturale, oui.
A mon sens, la peinture contemporaine, elle se conceptualise, elle ne se regarde pas. Ça demande un mode d'emploi, c'est vrai. Ce n'est pas instinctif, comme la Joconde qui te prend et te pose des réponses devant les yeux, ou comme un tableau ou tu as l'admoniteur albertien qui te montre en gros là où tu doit regarder.
Pour en revenir à ce que tu dis au début : on ne peut pas justifier "une barre tordue", parce qu'une barre tordue, ça n'a pas de sens. Ce n'est qu'un bout de métal tordu.
En revanche, on peut justifier une barre tordue d'une certaine façon et/ou à un certain endroit et/ou pour une certaine (non-)raison, etc. Ce sont ces choses là qui feront de ta barre tordue une barre tordue spéciale et unique, et pas n'importe quelle barre tordue.
Même si ce n'est pas toujours convaincant, évidement.
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Gaetz -
posté le 28/02/2009 à 15:36:02 (2394 messages postés)
| ...passe... | Citation: Concernant le prix des oeuvres : ça, faut pas chercher, ça n'a pas grand chose à voir avec l'art lui même hein. C'est la conséquence d'un art d'avant garde : il nécessite un certain niveau de culture et/ou de réflexion pour être appréhender, et ça, ça attire les snobs. Ça ne remet pas en cause les productions elle même (dans l'ensemble, il faudrait regarder au cas par cas pour ce qu'il y a de plus récent, évidement il y en a qui surfent sur la vague, mais ça peut se voir). |
Y'a une autre raison : les achats d'art ne sont pas taxés - ce qui est sensé permettre le mécénat. De manière générale, le patrimoine est beaucoup moins imposé que le revenu. Ainsi, un riche qui achète des œuvres d'art, s'il se débrouille bien, payera beaucoup moins d'impôt, et pourra effectivement se la péter devant ses potes.
>> mtarzaim
J'aime beaucoup le raisonnement par l'absurde sur Mario Bros. J'suis pas tout à fait d'accord avec la conclusion, mais y'a certainement à y creuser.
>> Lünn
Citation: Quand je lis ça je me dis que ton travail d'étude sera vraiment inintéressant. |
T'y vas un peu fort Lünn quand même. minusc est beaucoup plus jeune que toi. Il est normal qu'il n'ait pas eu le temps de réfléchir et de vivre assez son rapport à l'art. Et toi, ou moi, nous marrerons certainement beaucoup en relisant les débats d'Oniromancie d'ici une dizaine d'année.
(Enfin j'espère, paske sinon faudra s'inquiéter )
Bon, et puis si minusc fait l'effort, au contraire, d'analyser tous les exemples d'oeuvres que nous tentons de donner dans ce débat, son projet pourra être très intéressant. Parce que nous discutons dans l'abstrait, mais lui, en étant obligé de pondre un rapport là-dessus, pourra trouver de nouveau liens et une nouvelle cohérence dans le débat sur le le statut artistique du jeu vidéo.
Citation: Je suis d'accord sur le fond même si la façon d'expliquer reste trop vague et pas forcément juste. |
Oui ^^. Ce sont des trucs que j'ai à peine défriché il y a quelques années, il ne m'est resté qu'une prudence intellectuelle : quand on étudie un phénomène historique humain (l'art), il faut toujours se remettre dans le contexte intellectuel et culturel de l'époque. C'est ce que je voulais faire passer par l'exemple.
>> retour du débat
Avant de creuser un peu plus, je précise ma position. Je pense - comme vous - que pour l'instant le jeu vidéo est trop jeune, et trop naïf pour prétendre à statut artistique équivalent à celui d'arts plus anciens. Trop naïf soit parce qu'il ne cherche que l'amusement (et c'est sa gloire) ou la prouesse technique ou le chiffre d'affaire, soit parce que justement il cherche à "faire de l'art". Dans ce dernier cas, je parlerai plus d'expérimentation interactive que de jeu.
Ça n'empêche pas que le jeu vidéo devienne un jour un art. Pour l'instant, les gens qui les fabriquent sont au début de leur réflexion, et de leurs expériences. C'est not' boulot, quoi : qui parmi nous consacrera sa vie au jeu vidéo, comme le peintre consacre sa vie à la peinture ? Qui verra - ou même comment la verra t-il - la vie et la réalité au travers du calque du jeu vidéo, comme d'autres *voyaient* des correspondances, des teintes, des volumes ou des sons ?
Citation: Le vrai art dans le jeu vidéo se situe dans la capacité d'implication du joueur dans son aventure virtuelle (que ce soit RPG ou autre).
La célèbre scène de l'Opera dans FF6, où Celes se met à chanter dans un décor de carton-pate, sur la musique sublime de Aria, est une expression d'art. [...] Cet art là est renforcé par une scène quasi identique, lors de la fin du monde où, à présent seule sur une ile déserte à l'agonie [...] |
Citation: C'est interactif, il demande une réaction, une prise de position. C'est un outils qui a de troublants points communs avec le rôle contemporain de l'art d'après moi. |
C'est vrai, Lünn, que l'analogie est troublante, et certainement féconde. Mais je pense que tu seras d'accord avec moi pour dire que la voie ouverte par l'art contemporain n'est qu'une des voies possibles. Et qu'elle n'est pas explorée encore dans le jeu vidéo. A moins que l'on considère que le choix Barbare/Amazone dans Diablo II soit une manière de prendre position par rapport à l'existence immanente d'un démon rouge à cornes
De la même manière, mtarzaim : effectivement, l'implication du joueur dans un jeu vidéo est tout à fait particulière. Je serais de mauvaise foi en disant que la scène dont tu parles n'est dûe qu'au talent d'écriture du "videogame-writer" de l'histoire, puisque cette scène a été pensée POUR le cadre du jeu vidéo. Ok.
Mais je soutiens que le jeu-vidéo ne mérite pas pour autant son statut d'œuvre d'art. Cette scène et sa manière d'être pensée par rapport à l'implication à la première personne du joueur, ce n'est que le début de ce que le jeu vidéo peut créer, non la fin. C'est pourtant aujourd'hui un des exemples ultimes.
Tu pourrais donner d'autres exemples. Dans Dark Messiah of Might and Magic par exemple, on voit son corps, mais on ne connait pas sa tête. Classique me direz-vous. Sauf qu'on se rend compte que son corps change au fur et à mesure, par l'intermédiaire des mains. Apparitions de cicatrices et de stigmates, métamorphose à un certaine moment, jusqu'au moment ultime où l'on peut décider d'exorciser le démon qui est en nous (superbe mise en scène d'ailleurs), et où l'on s'aperçoit que notre peau est totalement brûlée. Sans jamais voir sa tête ou son reflet. Assez troublant.
L'implication du joueur à la première personne, et la capacité d'incarnation de plusieurs personnages simultanément ne sont pour l'instant qu'utilisés en tant que tels. Ces champs sont encore très peu explorés selon moi.
J'ajoute que ce ne sont certainement pas les seuls à travailler.
Enfin, une question intéressante selon moi : avec le cinéma, et au bout d'un moment, est apparue une forme d'art, dont l'artiste est le metteur en scène. Dans le jeu vidéo, qui sera l'artiste ? Le game-designer ? Le level-designer ? Le lead-artist ? Le lead-programmer ? Le chef de projet ?
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mtarzaim -
posté le 28/02/2009 à 15:51:15 (2926 messages postés)
| Anaxagoras -500 BC | Muhahaha !
Tu es tombé dans mon piège, Fistandantilus.
Tel le personnage dont tu t'es fait l'avatar, te voilà pris à ton propre piège, incapable de justifier comment une barre tordue peut être artistique !
Je vais maintenant aspirer ta force vive et je ne laisserai de toi qu'un corps sans être, flottant tristement parmi les posts de ce site ... pour l'éternité ! ! ! !
Bon, bref.
Mon rapport à l'Art, c'est que l'artiste cherche à montrer quelque chose à travers son travail (qui doit être un minimum de temps et de réflexion, ce que je ne ressens pas chez 99% des oeuvres contemporaines).
Ce n'est pas à l'observateur de faire l'effort de trouver un sens à l'oeuvre, mais bien à l'artiste de le lui montrer. C'est en cela que je mesure la valeur d'un artiste : pouvoir toucher un maximum de monde sur le sujet qu'il voulait montrer, malgré la différence de sensibilité qui anime chacun de nous, et si possible de manière originale et jamais vue avant (là, on touche au génie).
Dès l'instant où l'observateur doit faire tout le travail d'introspection et de compréhension de l'oeuvre, c'est que l'artiste a juste raté son coup.
Soit il a fait son oeuvre "au pif", soit il est incapable de trouver/maitriser un medium physique pour exprimer sa vision. Il n'a donc aucun talent, et son oeuvre aucune valeur artistique.
J'imagine que ma façon de voir les choses épouvante les habitués de l'Art, déjà blasés de l'art classique, et recherchant dans l'Art contemporain une autre manière d'être touché.
C'est comme bouffer du jeu AAA tous les jours : au bout d'un moment, on ignore le dernier kikoololtrobotrolontrob1 et on s'extasie sur le nouveau délire d'un makeur underground.
On cherche à éliminer le contenant pour se recentrer sur le contenu.
La démarche est louable, mais ça finit trop souvent en trip réthorique, où le jeu se résume à trouver le meilleur discours pour expliquer/justifier une oeuvre à ceux qui la regarde.
Et ça pour moi, ce n'est pas de l'Art (ou plutot c'est de l'Art ... contemporain ).
Pour en revenir au post d'origine, parce qu'on est là pour ça quand même.
Ce serait peut être intéressant de mettre en avant des jeux amateurs, comme support d'illustration.
Je pense notamment à Orange Salvifique, qui vaut ce que ça vaut d'un point de vue jeu vidéo, mais dont le parti-pris s'inscrit résolument dans la recherche d'un "art vidéo interactif".
En plus, ça fait très Web 2.0, et ça rassurera les profs de savoir que peut être leur progeniture seront des artistes vidéo ludiques, une fois lobotomisée par leurs milliers d'heures de need for speed.
Un autre exemple, remplaçant Ico/SotC, www.eyezmaze.com !
Ca c'est de l'art, limite contemporain d'ailleurs dans ses parti-pris minimalistes.
Un bon support pour montrer l'évolution du jeu vidéo comme medium interactif artistique, et donc comme Art potentiel à part entière.
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minusc -
posté le 28/02/2009 à 16:37:46 (239 messages postés)
| Citoyen de Rapture | J'ai tout lut, mais je sais pas trop quoi répondre.
Ça fait beaucoup d'infos d'un coup, j'ai dus mal à tout digérer et à tout comprendre.
Bon, Marcel Duchamp, c'était le pire des exemple que j'aurais pus prendre. Oui, je savais que La fontaine était une œuvre qui requestionnait à elle toute seul le sens de l'art, sa place, son publique. Mais je ne m'y connais que très peu en art contemporain (et j'en suis désolé), peut être (même surement) est-ce dus à ma petite jeunesse et mon manque d'expérience, de la même manière que mon impression de dégout de cette forme d'art. Il est possible (même probable) qu'en grandissant mon avis change.
Non, franchement, je sais pas quoi écrire.
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Gaetz -
posté le 28/02/2009 à 16:54:09 (2394 messages postés)
| ...passe... | Ba, ton sujet - le jeu vidéo est-il un art - nécessite de définir ce qu'est l'art. Comme tu vas pas faire ça maintenant pouf pouf comme ça, tu peux au moins tenter de te mettre au courant de ce qui s'est passé dans l'histoire de l'art du siècle dernier. Ca apportera beaucoup à ta réflexion sur le jeu vidéo - et, selon moi, ça suffira largement pour un état de l'art. Il y a des gens ici qui font des études d'art - pas moi, je ne suis qu'un amateur. Ils pourront te conseiller des ouvrages pour te documenter.
En ce qui concerne l'histoire de l'art classique - disons ce sur quoi les gens se sont mis d'accord à partir du moment où faut pas être trop pointu - il y a le bouquin du débutant, celui que j'ai chez moi : Histoire de l'Art de E. H. Gombrich, chez Phaidon. C'est plein de belles images, donc assez cher, mais tu dois pouvoir le trouver dans les bibliothèques des grandes villes.
(Evidemment, je suppose que comme dans tous les champs intellectuels, le bouquin de référence est critiqué.)
Pour l'art du XXe, je crois que ya un bouquin de référence, mais j'en connais pas le nom.
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minusc -
posté le 28/02/2009 à 17:08:03 (239 messages postés)
| Citoyen de Rapture | Oui ça je le savais que je devais faire une définition de l'art
j'ai ça pour le moment, c'est pas assez, mais c'est une base.
Basé sur un interview de René Cabodi, artiste peintre.
L'art Inutile
Une œuvre d'art ne peut être utile. A partir du moment où l'objet à une utilité, il ne peut pas être art, il doit devenir obsolète ou inutilisable pour le devenir. Par exemple, les peintures préhistoriques sont actuellement considérées comme des œuvres d'art, mais à l'époque de leurs création rien ne nous dit qu'elles n'avaient pas une utilité. Religieuse, technique, mémorable, une utilité qui leur était propre. Ainsi, elles n'étaient pas créées comme œuvres d'art, c'est le fait qu'elles soient devenues inutilisables comme telles qu'elles sont devenues des créations artistiques.
Un autre exemple sont les statues romaines représentant de grands personnages historiques ou mythologiques. A l'époque de leur création, elles avaient pour but de rappeler qui était le chef, qui était supérieur, qui contrôlait tout. Et bien, maintenant que plus personne n'y croit, elles sont devenues des merveilles, des œuvres d'art.
Encore un exemple merveilleux, Panamarenko est un artiste qui construit des véhicules incroyables, dans la plus grande folie, mais qui ne fonctionnent pas du tout. Esthétiquement, ils sont terribles, mais sans aucune logique mécanique.
L'art unique
Le fait qu'une œuvre soit unique lui donne une valeur artistique considérable. Prenons comme exemple De Vinci, il a fait une seule Joconde. Si il y avait 200.000 Jocondes, l'intérêt n'y serait plus, elles seraient banales, sans rareté.
Un autre exemple serait un film extraordinaire, chamboulant, qui vous changerait la vie. Le voir 1 fois, 5 fois, 10 fois, on pourrait toujours l'apprécier à sa juste valeur, mais voir le même film 1200 fois le rend mauvais, lui retire tout intérêt, détruit son côté artistique.
L'art et le temps
Le temps a une énorme influence sur l'art. Reprenons l'exemple des peintures préhistoriques, c'est le temps qui les a rendues inutiles, c'est l'évolution et l'avancement de l'homme qui lui a montré qu'elles ne lui servaient plus à rien. Si le temps n'avait pas passé, si le monde n'avait pas évolué, ce serait resté une peinture ayant une simple utilité pratique.
Dans l'art contemporain, le temps peut également avoir une influence énorme. L'usure de l'œuvre peut faire partie des projets de l'artiste, une œuvre éphémère, ne durant qu'une fraction de seconde, ou alors une œuvre évolutive, qui changera et pourrira tout au long de son existence. A l'opposé de cela, les monuments Greco-Romains, superbes œuvres architecturales, sont faites pour durer des milliers d'années. Plus de deux milles ans sont passés depuis leur création, et elles sont toujours aussi grandioses.
Reprenons l'idée du film extraordinaire. Le temps le rendra peut être beaucoup moins intéressant qu'à l'époque de sa sortie. Orange Mécanique était considéré à sa création comme une incroyable révolution, quelque chose de jamais vu. A présent, il est devenus beaucoup moins apprécié des générations actuelles.
L'art du cœur
A partir du moment où une création vient tout droit du cœur, elle peut être considérée comme une œuvre d'art. Un fermier avec une éducation minime qui prend un temps considérable pour écrire un poème, si médiocre qu'il soit, sera une œuvre d'art pour qui sait l'apprécier. C'est le principe de l'art Brut.
Au Japon, on considère que le plus beau est le défaut, preuve simple de la manufacture. Une création de l'homme simple ne peut être parfaite. D'où cette idée que le défaut démontre qu'elle est de lui.
L'art et les sentiments
« Création d’objets ou de mise en scène spécifiques destinées à produire chez l’homme un état de sensibilité et d’éveil plus ou moins lié au plaisir esthétique. » Art, Petit Larousse illustré
Par définition, une œuvre d'art procure donc un « plaisir » à l'artiste, au spectateur, ou à l'acteur de l'œuvre. Mais le plaisir n'est pas le seul sentiment pouvant ressortir d'une œuvre d'art, l'exemple le plus frappant est Frida Kahlo, dont presque toutes les œuvres montrent une souffrance des plus terrible.
Le plaisir et la souffrance sont deux extrêmes, mais il existe des centaines d'œuvres qui travaillent dans la palette de nuances qui se situe entre ces deux points. « Le cri » de Munch montre la peur, « La Joconde » de De Vinci souffle une plénitude, tandis que « Les tournesols » de Van Gogh donnent une impression de requestionnement. « Le cirque » de Charlie Chaplin nous fait tous rire, « La sonate au clair de lune » de Beethoven est mélancolique, et « Les danseuses » de Degas montrent la plus belle des grâce, opposé à La pyramide de Chéops d'une lourdeur implacable.
Vus par l'artiste, les sentiments sont différents. René Cabodi nous dit : « Une œuvre est finie lorsqu'on le ressent, il n'y a pas de moment où l'œuvre est terminée, c'est un sentiment ».
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mtarzaim -
posté le 28/02/2009 à 17:09:52 (2926 messages postés)
| Anaxagoras -500 BC | Minusc, ne vois-tu pas la solution évidente ?
Construit ton texte autour de 4 clampins qui discutent entre eux sur l'Art et ce en quoi le jeu video peut être un Art.
Tout ce que tu as à faire, c'est poser le décor dans l'introduction, puis donner un archétype à chaque intervenant fictif (tout ressemblance avec des posteurs ayant déjà posté est fortuite, et surtout pas une repompe éhontée d'une discussion issue du forum d'un site web obscur).
Tu auras :
- Le candide (toi) qui posera les questions et fera les résumés de chaque camp.
- Le gamer rageux (moi) qui soutient mordicus que le JV = art, avec exemple de jeu à l'appui et reflexion de beauf en renfort
- Le connaisseur (Fistandantilus), qui se met à défendre l'art contemporain contre son gré, et apporte ses connaissances artistiques
- L'amateur des deux mediums (Gaetz), qui modère les propos de chacun et apporte une approche plus sereine des deux camps.
Tu copies/colles nos messages, tu enrobes le tout d'explications pour les néophytes (pour que ça passe mieux), et tu finis par une jolie bibliographie sur les bouquins et les jeux vidéo cités en exemple.
Et n'oublies pas la conclusion : L'art contemporain c'est de la merd... Ah non, c'est pas ça.
Les jeux vidéo en sont encore au tout début de leur histoire, mais suivront la même évolution que ses prédécesseurs. Si le jeu vidéo n'est pas encore un art, car encore dans une démarche d'amusement/fric, il a déjà pris le chemin pour le devenir.
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fistandantilus -
posté le 28/02/2009 à 18:41:07 (6239 messages postés)
| [base d'avatar par Mael - merci m'sieur :) ] | Je suis contre l'idée de mtarzaim, parce que ça ne donne pas un travail propre, ça donne une narration romancée... et surtout ça donne l'image du "je ne veux pas me mouiller donc je pose plusieurs points de vues différents pour dissimuler le mien". Bref, ça va pour un livre, mais pour un devoir de fin d'étude, j'crois pas. Mais c'est pas moi qui écrirait non plus ^___^
Bouquin de référence ? héhé c'est là qu'on voit que je suis un mauvais étudiant, parce que j'ai aucun titre sous la main. Personnellement, je trouve que les ouvrages de la collection World of Art, chez Thames & Hudson présentent un bon rapport qualité prix, mais bon, y'a pas qu'un livre non plus quoi. Le Phaidon que cite Gaetz est sûrement très suffisant, c'est un éditeur sérieux aussi. En bref, mes lectures sur le sujet sont maigres bien qu'on m'ai refilé de grosses bibliographies, comme quoi.
Par contre, il faut éviter la collection (...) pour les nuls et wikipedia
Donc voilà, ça ne devrais pas être trop dur de parvenir à te faire un panorama de ce qui s'est passé.
Concernant ce que tu as écrit là...
L'art Inutile : l'art est souvent caractérisé par son caractère utilitaire au contraire. regarde l'architecture : ne me dis pas que l'on construit des bâtiment just for fun !
L'art unique : non. Pop Art je connais à peine, dans quelques mois j'en saurais plus, mais rien que là il me paraît que ça maltraite la notion d'unicité de l'oeuvre.
L'art et le temps : c'est vrai, il y a un lien entre l'oeuvre et le temps, mais souvent dans le sens où une oeuvre veut "figer" le temps : soit sous forme de mémoire, soit par sa pérennité. Les oeuvres qui intègrent le temps à leur sujet sont elles récentes, mais il est vrai qu'elles existent aussi.
L'art du cœur : oui, mais ce n'est pas une caractéristique suffisante. Si une oeuvre d'art a pour source ton ressenti et tes perceptions, l'inverse n'est pas nécessairement vrai.
L'art et les sentiments : grosse erreur de logique !!! Comment peux tu t'appuyer sur la définition de ce que tu cherche à définir !? Ça ne peut pas marcher
Bon, se méfier aussi de l'avis d'un peintre en particulier, chaque peintre peut refaire la peinture de nos jour.
Et comparer ce qui est comparable... les motivation de l'art rupestre, très franchement, on ne peut pas dire avec certitude "il ont peint ça parce que blablabla". On peut en apprendre des choses, on peut faire des conjectures, mais on ne peut pas vraiment se prononcer sur pas mal de choses, en particulier la signification : magie, passe temps ?
J'ai plus envie de dire : fait toi ton idée, mais tu ne pourra pas définir l'art selon une floppée de critère précis et nécessaires. Ce qui serait plus juste, à mon sens, c'est d'accepter un certain nombres de choses, et à partir de là voir s'y tu t'y retrouve dans les jeux vidéo - ce que l'on a fait ici
Mais surtout, construit toi un point de vue et argumente le de manière convaincante. Il n'y a pas de vérité, juste des vérités, si je puis me permettre.
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² -
posté le 28/02/2009 à 19:21:18 (7289 messages postés)
| Hibernatus. | Citation: L'art contemporain c'est de la merd... |
ça par contre c'est vrai.
Comment par exemple vendre quatre cent mille un tableau représentant trois carrés bleu sur fond orange vif.
La musique est un art.
Le dessin est un art.
La sculpture est un art.
La prose est un art.
La poésie est un art.
L'architecture est un art.
Le cinéma est un art. (enfin les dernier Césars donnent plutôt à penser que c'est une séance de masturbation select et jet set...)
Le jeu vidéo...
Ben en fait, c'est plutôt un assemblage : de la musique, du dessin en mouvement voire du cinéma pour les cut scenes par exemple.
Donc pas vraiment un art à part entière, même si certains jeux que la presse considère comme inclassables perturbent le jugement. Okami est une estampe japonaise en mouvement, faire pause à n'importe quel momment et l'écran affiche une estampe presque authentique. rez est un mélange de sons et d'images qui évoluent en même temps si le joueur est bon tireur. Je considère donc plus souvent le jeu comme un jeu dans le sens du divertissement et je prie pour qu'il n'atteigne jamais la catégorie d'art. Sinon il risque de faire exploser les prix et de bénéficier de cérémonies de remises de prix qui donneront envie soit d'aller y foutre le feu directement, soit de prier pour que le bâtiment s'écroule, soit d'aller se coucher plus loin, en face ou au plafond.
critères subjectifs quoi...
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Ko!N |
Lünn -
posté le 28/02/2009 à 20:15:42 (4233 messages postés)
| | Citation: T'y vas un peu fort Lünn quand même. minusc est beaucoup plus jeune que toi. Il est normal qu'il n'ait pas eu le temps de réfléchir et de vivre assez son rapport à l'art. Et toi, ou moi, nous marrerons certainement beaucoup en relisant les débats d'Oniromancie d'ici une dizaine d'année.
(Enfin j'espère, paske sinon faudra s'inquiéter Sourit)
Bon, et puis si minusc fait l'effort, au contraire, d'analyser tous les exemples d'oeuvres que nous tentons de donner dans ce débat, son projet pourra être très intéressant. Parce que nous discutons dans l'abstrait, mais lui, en étant obligé de pondre un rapport là-dessus, pourra trouver de nouveau liens et une nouvelle cohérence dans le débat sur le le statut artistique du jeu vidéo. |
Oui oui, je voulais pas être méchant, je voulais juste qu'il explique mieux d'où il part pour donner ses réponses. Et j'avais l'impression que ça serait plus intéressant de trouver les liens, les points communs ou les différences entre une œuvre et un jeu vidéo aujourd'hui. plutôt que de trop vite donner une réponse. Mais s'il il s'inspire de plusieurs sources et que le travail ne sera pas juste une comparaison duchamp/metal gear solid, ça sera intéressant (c'est juste ce genre de phrase qui me fait réagir).
Citation: Comment par exemple vendre quatre cent mille un tableau représentant trois carrés bleu sur fond orange vif. |
Ça aussi ça me fait réagir, il y a peu être des abus au niveau du fric, mais ça c'est pas notre problème c'est un problème de collectionneurs. D'autant que les oeuvres sont faites pour être vendues certes, mais pas vendues à n'importe qui, à des musées, collectionneurs ou fanatiques qui à leur tour nous permettent de les voir en les prêtant à des musées. L'essentiel d'une oeuvre c'est d'avoir une notoriété, un pouvoir intellectuel en quelque sorte, qui touche ou non certaines personnes. Résumer l'art contemporain à un urinoir et un carré sur fond me parait toujours aussi idiot. Aimer l'art c'est aussi aimer l'histoire de l'art, qu'on le veuille ou non c'est une grande histoire qui a toujours existé et se renouvelle d'années en années. Un monochrome peut paraître aussi idiot qu'un homme allongé en plein milieu de la voie publique. Mais peut être a t'il ses raisons d'être au milieu de la route allongé, et si l'on en connait les raisons on pourrait nous aussi s'allonger (cf clip de radiohead). Ou cf les discours de la femme à la bûche de Lynch :P
Sinon pour l'interview, j'ai du mal à le suivre. Je pense que c'est plus simple, l'art se renouvèle constamment, et les œuvres ont des fonctions différentes selon les époques, mais elle ont toujours un rôle au sein de la société. Aujourd'hui c'est légèrement plus compliqué parce que beaucoup de choses se croisent et s'entremêlent. Il y a beaucoup d'idées et pas forcément aussi totalitaires que des mouvements du passé. Donc ça donne des choses hybrides, complexes ou simples, que les gens comprennent ou non. Il y a de tout mais on peut quand même dire que le discours a pris une place importante à côté des oeuvres.
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mtarzaim -
posté le 28/02/2009 à 21:02:56 (2926 messages postés)
| Anaxagoras -500 BC | Quand je propose un dialogue à quatre, c'est juste une manière originale de présenter le Thèse, anti-thèse et synthèse. Chaque partie présente ses arguments, venant infirmer ou confirmer les arguments précédents. Mais le résultat est le même qu'une dissertation classique : l'auteur prend parti dans sa conclusion, qui serait ici amenée par le Candide du groupe (remarquez l'utilisation du Candide, en rapport à Voltaire, qui il me semble avait utilisé ce principe du dialogue dans l'une de ses oeuvres philosophiques, Platon a aussi utilisé cette présentation argumentaire dans sa recherche de Vérité face à la réthorique).
Voyez cela plutôt comme un podcast, où les intervenants apportent chacun leur point de vue sur un sujet, avec un consensus qui met toutes les parties à peu près d'accord à la fin.
Je pense que cela plaira aux juges d'avoir un peu de nouveauté, là où tous les autres auront choisi une présentation plus académique.
Je suis également d'accord avec Fistandantilus pour ce qui est de l'avis du peintre, mais pas forcément pour les mêmes raisons.
L'art est toujours utile : ça fait vivre l'artiste, ça justifie l'existence des musées, cela provoque des réactions chez ceux qui le contemplent.
Si je me servais de la Joconde comme papier toilette (utilitaire), cela lui enlèverait-il toute valeur artistique ? Je ne crois pas.
De même, cette distinction induit que toute création à vocation utilitaire n'est pas l'art. L'ingénieur qui se casse la tête sur un nouveau modèle automobile, lui donnant une simplicité et une complexité qu'aucun artiste ne pourrait appréhender, jouant sur des contraintes et des concepts très durs, ne peut donc pas être classé comme créatif, parce son oeuvre est utile ?
Désolé, mais je n'y crois pas non plus.
Même chose pour l'art unique.
Que le résultat obtenu soit unique ou reproductible à l'infini, cela ne diminue en rien la difficulté et le travail accompli pour produire cette oeuvre. Ou alors, on élimine direct la musique des formes d'art.
Non seulement on peut la copier numériquement, mais des programmes de création musicale automatisée existent. L'inerte (l'ordinateur) peut dans ce cas copier l'artiste humain. Il y a aussi le robot peintre (http://roxame.com/Galerie1.htm) qui crée des oeuvres qui n'ont rien à envier à bien des artistes auto-proclamés du symbolique.
L'art du coeur est un art utile, puisque conçu pour répondre à un besoin, matériel ou non. Il se contredit donc lui même. Chapeau l'artiste !
Dans ce genre de devoir, l'important c'est l'argumentaire.
Peu importe d'avoir raison ou tort, il faut que la démarche intellectuelle soit là.
Montrer aux juges qu'il y a un travail de fond, que plusieurs questions pertinentes ont été posées et que les réponses sont construites de manière logique et objective.
De toutes façons, les juges seront soit largués sur le sujet et ne pourront jugés que la méthode, soit ce seront des gamers eux aussi, et hésiteront à casser l'argumentaire sur une prise de position qui leur plait.
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Gaetz -
posté le 28/02/2009 à 22:23:37 (2394 messages postés)
| ...passe... | Citation: Construit ton texte autour de 4 clampins qui discutent entre eux sur l'Art et ce en quoi le jeu video peut être un Art. |
lol
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