
| RotS a dit: Je crois que cette légende populaire selon laquelle les grosses femmes ont été le canon de beauté pendant l'antiquité/moyen-âge/renaissance a été contredite par les historiens. Et que la femme mince a, de tous temps, été le canon de beauté. |
Vu que j'ai fait des études liées à ça, je suppose que je peux donner quelques exemples.
Alors effectivement, les grosses femmes dans le sens obèse du terme n'ont jamais constitué un canon (mais les historiens ne sont jamais partis dans ce sens là non plus ?), déjà parce qu'elles ont toujours constitué une minorité. Par contre, la femme "idéale" n'a pas toujours été mince, il y a globalement un effet de roulement selon les époques.
D'un point de vue de ce qu'il a existé en Europe, il y a eu plusieurs variances :
_ pour la Préhistoire, je pense qu'une statuette de déesse de la fertilité n'est pas exactement suffisant pour étudier la femme idéale de cette époque. La seule chose que cela montre éventuellement, c'est l'importance d'une femme féconde.
_ Pour l'Antiquité (grecque), il y a plusieurs variantes, observables notamment en sculpture : il y a une époque où le canon était plus en chair chez les femmes, musclé chez les hommes ; suivi par une période où le canon était plutôt mince et élancé (que ce soit femme ou homme, d'ailleurs). Il y a également un goût pour certains types de yeux et nez, et la forme du visage.
_ Pour l'Antiquité romaine, je n'ai pas d'information exacte.
_ Pour le Moyen Âge, il faut être prudent car il y a toute une période où on manque d'informations. La seule femme pour laquelle on a une iconographie conséquente pour le début de cette période est Marie, et c'est une image religieuse dont il y a finalement assez peu à voir, hors le visage (la crise iconoclaste a un peu mis à mal les corps nus dans l'imagerie).
A partir du XIIe-XIIIe siècle (avec les romans, les images et les chansons qu'on a conservés), on a quelques témoignages sur ça, notamment les mains, la peau blanche, le front haut et dégagé (les femmes se "rasaient" une partie du haut de la chevelure à l'époque d'Agnès Sorel/Anne de Bretagne), la poitrine (petite poitrine qui peut s'expliquer pour plusieurs raisons : fille pas encore totalement formée au moment du mariage, image de la Vierge omniprésente, et sans doute des points qui ont été étudiés plus avant). Au niveau des images, les femmes sont effectivement minces.
_ Renaissance jusqu'au XVIII-XIXe : femme en chair, voire potelée, peau blanche, forme de la bouche (particulièrement frappant au XVIIIe)...
_ Et enfin actuellement, un canon (très) mince. Le côté bronzé est plutôt récent par contre (à partir de la seconde moitié du XXe).
Après, ces informations concernent presque exclusivement les milieux aisés. Et pour la corrélation beauté idéale/société, je dirais que ça marche assez bien. Même sans être à une époque de grande diffusion, toutes les églises avaient leur représentation de la Vierge en peinture/sculpture/tapisserie (qui faisait office de femme idéale, même si les représentations laissent parfois à désirer selon l'artisan).
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