El Diablo Ecrit par Saturnome
❤ 1Gari
Devinez quoi, c'est El Diablo qui est interviewé ! Yay !
Tout ce qui est en italique, c'est les questions et les commentaires de votre canard ^^
Tout d’abord, est-ce que le El Diablo d’aujourd’hui est différent du El
Diablo qui a fait Dark Soul ? Il fait quoi en ce moment?
Elle commence fort ton interview
Beaucoup de choses se sont passées dans ma vie depuis l’époque de Dark Soul. Durant cette période, j’étais dans une sorte d’état dépressif que je parvenais à contenir par le biais de la création, en m’évadant dans des mondes qui étaient les reflets de mes pensées, et notamment le monde de Dark Soul…
Tu sais, c’est incroyable comme ses propres créations peuvent être le miroir de son propre vécu. Et je m’en suis rendu compte après coup, pas plus tard que l’année dernière, lorsque j’ai appris des choses sur mon passé, des choses que j’avais en quelque sorte enfoui au fond de moi. Et aussi fou que cela puisse paraître, ces choses arrivaient à transparaître à travers des créations comme Dark Soul, ces choses que j’ignorais en ces temps-là.
Oui, à l’époque, je ne comprenais pas tout, je rédigeais mes scénarii à l’instinct, presque sans réfléchir. Et ce n’est que récemment que tout est devenu plus clair.
En résumé, j’ai créé non seulement pour le plaisir de créer et partager, mais aussi parce qu’il s’agissait d’une thérapie pour moi.
Quant au El Diablo actuel, eh bien il a réglé la majeure partie de ses problèmes. Il va mieux, beaucoup mieux grâce à des rencontres et particulièrement une rencontre
Mais est-ce que cela veut dire qu’il est moins inspiré ?
Je ne pense pas… J’oublie juste le côté thérapeutique de la chose pour créer des univers où tout n’est pas forcément sombre. Ceci dit, mes démons sont toujours présents. Je les garde bien au chaud car ils m’aident parfois à tenir la plume.
Du masochisme ? Peut-être… Sûrement même…
Bref, pour mieux répondre à ta deuxième question, ben El Diablo, il fait beaucoup de choses, beaucoup trop même
Je travaille sur des sites Internet appartenant à tout horizon. J’essaye de capitaliser cette expérience afin de me fabriquer un moteur de création de site « intelligent » qui permettrait de mettre en place des structures assez complexes et très différentes les unes des autres en un temps record. C’est un projet un peu fou mais j’y travaille d’arrache-pied
Quant au côté « créations », je suis sur le point de terminer mon recueil de nouvelles : « Les Cieux Evanescents » commencé il y a plus de trois ans et qui est peut-être l’œuvre dans laquelle je me livre le plus. Elle symbolise toute mon évolution de l’époque de Dark Soul jusqu’à ce jour. J’y suis énormément attaché.
Comment trouves-tu ton jeu, quelques années plus tard?
Techniquement, si l’on reste dans le contexte RPG Maker 2000, je trouve que Dark Soul a bien vieilli. Ce sont les nouveaux logiciels de création qui risquent de lui faire prendre un coup de vieux. Néanmoins, ce qui est important, ce n’est pas la technique mais le fait que ce jeu puisse encore toucher des gens, leur faire ressentir des sensations comparables de près ou de loin à celles que j’ai pu éprouver en montant chaque scène. Les meilleurs jeux sont les jeux qui arrivent à procurer des émotions de toute sorte. Ces jeux-là sont intemporels.
Maintenant, est-ce que Dark Soul fait partie de cette catégorie ?
Ce n’est pas à moi de répondre
Qu’aimes-tu le plus de ton jeu?
Je suis amoureux des personnages. Ils dégagent une tristesse immense, ils portent les déchets des hommes, ils portent la mort derrière eux tel un fardeau. Mais ils continuent à vivre ou plutôt survivre malgré l’adversité et, à travers leur union, ils arrivent à puiser de minuscules particules d’espoir.
Dans le malheur parviennent à ressortir chez les êtres humains un panel d’émotions uniques et touchantes. C’est ce que j’ai essayé de mettre en valeur à travers mes personnages.
Qu’aimes-tu le moins? Enfin, quelque chose à améliorer peut-être …
Son côté inachevé. Oui, je n’ai pas fini ce jeu, j’ai croulé sous l’immense chantier dont j’avais érigé les fondations. J’en ai un peu honte à vrai dire, mais bon, peut-être un jour sous une autre forme, dans très longtemps, qui sait…
Crois-tu que ton jeu a provoqué quelque chose d’important dans la communauté
du making?
Ce n’est pas trop à moi de répondre
Disons que chaque jeu digne de ce nom a une influence positive sur la communauté du making. Déjà, d’un point de vue technique, ils arrivent à prouver que certaines choses sont possibles. Quant au point de vue scénaristique, même si cela demeure personnel, le jeu peut éventuellement servir d’inspiration.
Puis, d’une manière générale, ces jeux contribuent à donner de l’importance à la communauté, prouvant que nous ne sommes pas forcément des guignols qui s’amusent avec les toutouches du clavier à sa môman.
En quoi Dark Soul est l’œuvre du diable ( ) et non celle d’un autre
maker? Qu’est-ce qui le caractérise et qui fait que c’est ton jeu?
Dark Soul est tout simplement le reflet de mon vécu, de ma personnalité et de mon état d’esprit de l’époque. J’y ai donné beaucoup de moi, au point même de me faire peur. Un psychanalyste pourrait très facilement m’analyser à travers ce jeu
Le jeu est vraiment sombre… pourtant il y a toujours une lueur d’espoir
quelque part. Je me demandais si il y a un lien à faire avec le réel.
Est-ce qu’il y a un message?
Encore une référence à la première question
A l’époque du jeu je pensais beaucoup au suicide. Néanmoins, je n’avais pas l’intention de passer à l’acte, d’une part parce que c’est un geste stupide, et d’autre part, parce que de toute façon je n’en aurais pas eu la force (peut-on parler de lâcheté dans ce genre de situation ?). Finalement, je ne faisais que m’imaginer des scènes de suicide (quand je parlais de masochisme…), et l’on retrouve ces tendances dans Dark Soul, notamment à travers les personnages féminins que sont Mineko et Jolina.
Les personnages masculins jouent quant à eux le rôle de « support ». Ils se sentent obligés d’encaisser sans broncher. Ils sont tous deux amoureux à leur manière et tentent de puiser une raison de vivre à travers cet amour. Cela contribue à maintenir la lueur d’espoir dont tu parles.
Cet espoir, les personnages ne la trouvent pas dans la réalité, ils le trouvent à travers la chaleur humaine d’une seule personne. Ils forment des sortes de cocons flottant au milieu d’un océan de pollution. Ces cocons ne cessent de se fissurer de toute part. Malgré tout, ils tiennent, ils tiennent tout en sachant qu’ils vont éclater d’un instant à l’autre.
Et là c’est la mort. La mort, l’une de mes grandes obsessions…
Dans Dark Soul, tout converge de façon immuable vers la mort. L’espoir ne se fonde sur aucun avenir puisque de toute façon il n’y en a pas (l’introduction du jeu annonce déjà la destruction comme finalité). L’espoir se fonde sur l’idée de pouvoir passer la minute qui suit, l’heure qui suit avec son compagnon. L’espoir se fonde sur l’idée de pouvoir mourir auprès de son compagnon, et non pas seul, comme un chien…
Coté technique, le jeu est encore à la hauteur des jeux RPG Maker les plus récents, il y a une attention incroyable aux détails techniques. Où as-tu été cherché tout ça, les effets de profondeur, les lumières, les animations…
?
Il n’y avait presque rien d’autre de semblable à l’époque!
Justement, je tenais absolument à faire quelque chose d’unique. Le pari de la profondeur était un pari audacieux. Mais c’était très important pour moi, car je considérais cela comme un hommage au jeu qui m’a le plus marqué, à savoir Final Fantasy 7.
Quant au reste, eh bien disons que j’adore exploiter un logiciel au maximum de ses possibilités. Programmer toujours les mêmes choses n’a pas grand intérêt. Il faut essayer de progresser en permanence, de tenter des choses de plus en plus ambitieuses.
Dark Soul est la conclusion d’Another World. Pourquoi avoir réalisé en jeu
celui-ci et Ultimate Dream, et non avoir tout fait en ordre chronologique ?
Pourquoi avoir commencé la série Xenosaga par l’épisode 5 ? Pourquoi avoir commencé Star Wars par l’épisode 3 ? Eh, c'était pas plutot par l'épisode 4 ?
En tout cas, pour la série Another World, l’ordre chronologique n’était pas le mieux adapté pour la compréhension de la saga.
Enfin bon, vu que je n’ai pas réussi à finir mes jeux, j’ai l’air malin
Sinon, pour la petite histoire, saches que j’ai commencé un roman qui n’est autre que le prologue de la saga, l’épisode 0. Et je ne compte pas abandonner cette fois !
D’où t’es venu l’idée d’Another World ?
Another World est né au moment où je me suis éloigné de la religion, quand j’ai commencé à me faire ma propre idée sur le monde qui nous entoure et notamment sur les phénomènes jugés comme « mystiques ». J’ai essayé de donner une explication à tout et n’importe quoi puis j’ai entrecroisé ces amas de réflexions avant d’en extraire quelque chose de plus ou moins logique (selon moi en tout cas ^_^).
Another World était un moyen de développer virtuellement mes propres croyances à travers un monde imaginaire, une sorte de métaphore la réalité. C’était un moyen un peu particulier de tout mettre sur papier.
Souhaites-tu reprendre un jour ton travail là où tu l’avais laissé? Toujours
en jeu vidéo ?
Comme je l’ai dit, j’ai repris la saga sous forme de romans. C’est aujourd’hui le moyen d’expression qui me motive le plus. Another World (qui va d’ailleurs sûrement changer de nom) représente énormément de choses pour moi, mes croyances, mes espoirs, ma vision du monde… Et je ne conçois pas achever ma vie sans avoir achevé cette saga. Elle constituera sans nul doute une sorte d’héritage pour moi.
Tu as joué à un jeu RPGMaker dernièrement ?
Oui mais c’est un secret, alors chut
Nanana, on sait que c'est RQ8 XD
Un jeu amateur, RPGMaker ou non, qui t’as vraiment touché?
Pourquoi Moi ?! est le jeu qui m’a le plus touché. Il était bourré de défauts, mais il avait ce petit truc en plus, ce truc qui nous touche et nous fait éprouver des émotions.
Si tu as envie de dire un conseil ou quoi que ce soit pour les makers
contemporains en train de lire, tu peux le faire pour terminer l’interview
^^
J’aimerais qu’ils continuent à créer et pas forcément par le biais du making. Grâce à mon expérience dans la communauté, j’ai pu rencontrer bon nombre de vrais artistes, et quand je parle de vrais artistes, je ne plaisante pas. Je regrette parfois que leurs nombreux talents ne soient pas plus reconnus. Mais bon, qui sait…
Qu’ils continuent à nous faire rêver en tout cas.
Merci k0in k0in !
Merci à toi et désolé pour tous ces contretemps
Sympa l’interview en tout cas !
Interview par Saturnome, décembre 2005.
Vous pouvez retrouvez plus d'information sur les productions d'El Diablo ici, ainsi que son héritage dans la communauté du making.
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