Dark Brain (Rockmik) - jeu complet Ecrit par Jewok
Dark Brain, la preview!
Et on continue notre série des preview avec un autre jeu que, pour ma part, j'attendais plutôt. Aujourd'hui donc je vous présente la preview de Dark Brain, réalisé par Rockmik.
Pour commencer, évitons tout malentendu. Dark Brain ou Dark Brain II? En fait, le jeu à été développé sous le nom Dark Brain II, mais à sa sortie se nome Dark Brain tout court. Cela dans le but d'occulter totalement l'épisode précédent, qui n'a strictement rien a voir avec cette version.
Alors tout d'abord, Dark Brain, c'est-ce que c'est?
Dark Brain est un jeu, complet, développé sous RPG Maker XP. Il s'agit d'un jeu d'aventure à tendance horrifique et psychologique. En gros, ça veut dire que vous évoluez dans un environnement lugubre et inquiétant, dont vous ne saisissez pas toujours la substance. Le personnage devra interagir avec cet environnement pour venir à bout des énigmes qui peuplent le monde de Dark Brain, s'aidant si il le faut des (très) rares personnages que vous rencontrerez. Le personnage que vous incarnez est un homme noyant ses soucis dans l'alcool, comme tant d'autre. On apprend lors de l'introduction que sa femme est partie se réfugier chez ses parents avec leur fille commune, demandant à son mari, pour condition à son retour, l'abandon de la boisson. Contrainte qui ne semble pas vraiment être respectée. On y apprend également que l'homme est écrivain, et rédige un livre sur les faits divers et autres rumeurs étrange circulant sur les environs. Dans le cadre de son travail, le voila donc qui débarque dans une riche propriété, limitrophe d'une forêt à l'horrible réputation.
C'est sur cette bribe d'histoire que l'on débute une histoire pleine de trou, que notre curiosité ne manque pas de chercher à combler. La première chose qui m'a frappé en lançant Dark Brain, ce n'est pas, contrairement aux habitudes, ses graphismes, mais sa musique, superbement bien choisie. Dès l'écran titre, mes oreilles se sont dressées pour ne plus retomber. Les morceaux sont toujours bien choisis, musique d'ambiance envoûtante qui nous emporte doucement vers un monde cauchemardeux. Cela dit, parler de son nécessite d'aborder le premier point noir de cette preview. Car si les morceaux musicaux sont bien placés, ils bouclent et s'enchaînent très mal. Les cassures et silences sont donc fréquents, et cela à malheureusement pour effet d'effriter le cauchemar dans lequel le joueur s'est laissé conduire. Un petit détail qui ne suffit pas à altérer la qualité sonore du projet, mais qu'il conviens tout de même de souligner car il indisposera sans doute les puristes.
Parlons maintenant de l'élément qui rend Dark Brain reconnaissable sans soucis de ses pairs. Ses graphismes. Panoramas composés d'un collage d'éléments photographiques, de textures, de dessins, ils oublient les normes habituelles de perspectives et d'ombre, pour bâtir un monde surréaliste et onirique. Au début, on n'accroche guère à ce style, loin de ce à quoi nous sommes habitués à voir. Mais après quelque minutes, le temps que notre oeil s'accommode au style, le temps de parcourir quelques endroits différents, et l'on change d'avis, pour finalement déclarer que cet aspect du jeux est une franche réussite. Comme dit plus haut, ce collage surréaliste devient alors un support visuel à notre lent cauchemar. Ces graphismes contribuent à éveiller une tension extrêmement subtile chez le joueur. De plus, cet assemblage permet à chaque endroit visité de dégager sa personnalité et son ambiance propre. Petit voyage dans l'histoire de l'Art, on y croisera aussi bien des sculptures amérindiennes, des peintures Romantiques ou d'un Kitsh plus moderne. Les décors y gagnent immédiatement en subtilité, en symbolique, bref, en profondeur. Le connaisseur y reconnaîtra ça et là des oeuvres à la signification très forte, mais alignées sans cohérence visible. Encore un fait qui viens s'ajouter à la bizarrerie du titre et apporter une brique de plus à cette ambiance unique.
Les personnages que l'on rencontre ont chacun un caractère fort. On voit que Rockmik à travailler particulièrement cet aspect de son univers. Chacun possède ses bizarreries et ses drôleries, incohérence de plus dans un univers qui en accumule décidément un certain nombre. On découvre une famille aux moeurs étranges, et oui passé envoûtant, que chaque personnage nous dévoile au travers de dialogues, parfois guidés, parfois libres. A ce sujet, je me permettrais de souligner un nouveau défaut du jeu. Les dialogues me semblent en effet un peu brutaux, surtout dans leur dénouement. On a l'impression que Rockmik s'est laissé happer par son propre délire, avant de se ressaisir brusquement, ramenant le dialogue là où il aurais du arriver. On arrive donc à un style littéraire qui parfois se montre vague, d'autre fois directe, mais quoi qu'il en soit rarement agréable. Car si l'aspect sonore sait nous gâter malgré ses défauts, si l'aspect graphique nous envoûtent rapidement, si les personnages nous intriguent avec grâce, il n'en ai de même avec les dialogues, qui buttent contre l'écran et donne l'impression d'une voix off mal maîtrisée, ramenant le joueur à sa nature de joueur et le jeu à sa nature de jeu.
On notera que les moments les plus importants sont introduits par des cinématiques, patchworks de photos anciennes ou de dessins de la main de l'auteur. L'animation n'est pas au top, peu d'effets de transition, de fondus. Mais comme pour les graphismes, ce qui aurais été ailleurs un défaut se transforme rapidement en qualité, en un style maîtrisé et volontaire qui nous absorbe de nouveaux dans le jeux, là on les dialogues avaient éméchés notre attention. Ces cinématiques sont véritablement réussies et font appel à un certain nombre de référence. Je reviens sur l'animation car un point mérite d'être souligné. Elle se réduit en effet à son minimum, focalisant l'attention du spectateur sur les endroits clefs. On pourrais trouver ces cinématiques un peu cheaps, si la maîtrise du support n'était au rendez-vous. Avec une préférence personnelle pour la cinématique finale...
Parlons à présent du gameplay. Assez classique, il se limite aux bases du jeu d'aventure. Exploration et collecte d'indices, tant pour résoudre les énigmes qui vous bloquent le passage que pour résoudre la grande énigme que le scénario offre à vous. Il va falloir observer son environnement avec soins et tout fouiller si vous espérez progresser dans le jeu mais aussi dans l'histoire. Aucun combat, rien que de l'exploration et des allers-retours dans les lieux qui vous accueillent. Et des allers-retours, vous allez sans doute en faire. On peu dire que Rockmik a mis la pâté sur les énigmes, qui ne sont pas d'une simplicité évidente et devraient décourager les moins patients. Ici, vous allez en brûler du neurone. Si globalement on ne peu parler d'énigme très nombreuses, chacune se prépare longuement à l'avance et vous occupe un temps certains. Il est d'ailleurs fréquent qu'une énigme ne serve qu'a récupérer un élément pour résoudre une autre énigme.
Certains s'en montreront déçus, mais il serait mentir que d'affirmer le contraire, Dark Brain est un jeu court. Il se bouclera entre 1h pour les plus rapides, 3h pour les plus lents, buttant sur les énigmes. Cependant, là aussi rockmik maîtrise ce paramètre. Car l'ensemble du jeu n'est pas sans rappeler un exercice de style littéraire qu'est la nouvelle. Une histoire courte mais intense, à l'intrigue limitée et pourtant envoûtante. On ne s'ennuie vraiment pas dans ce voyage dans le noir.
M'en voici donc arriver à la conclusion de cet article. Dark Brain me semble donc une réussite en de nombreux points, même si certaines ombres demeurent. Loin d'empêcher le bon déroulement du jeu, elle gênent tout de même le joueur, et pourraient en rebuter certains. Cependant, il s’agit surtout d’aspects techniques. Le fond est vraiment maîtrisé en général, que ce soit au niveau du scénario, de la mise en scène ou des recherches conceptuelles. Et c'est là d'ailleurs le grand vent frais qui vient rafraîchir un making transpirant. Rockmik n'a pas hésité à sacrifier une partie de son public, afin d'affirmer ses choix, et d'accéder ainsi à une oeuvre réfléchie, qui tient la route. Si Dark Brain ne marquera pas autant que la Soul, il ne s'empêchera sans doute pas d'être applaudis par un auditoire lassé des rpg traditionnels et enfantins. Et d'être blâmé par les fan de ces mêmes jeux.
Dark Brain devrais sortir demain, samedi 30 juin, et participer aux concours des Alex d'Or. il sera disponible dans la foulée sur Oniro.
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lycaon -
posté le 25/05/2008 à 16:17:30 (9 messages postés)
| | super jeu franchement vivement sa sortie
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